Le ministre de la Jeunesse, de la culture et de la communication, Mohamed Mehdi Bensaid, a assuré vendredi de la forte implication de son département dans le plan de reconstruction des sites historiques touchés par le séisme.
Le code pénal marocain est sévère à l’égard de « quiconque qui emploie des moyens de séduction dans le but d’ébranler la foi d’un musulman ou de le convertir à une autre religion » (NDLR : autre que l’Islam qui est religion d’Etat au Maroc selon la Constitution). Concrètement, la prédication pour la propagation d’autres religions est sanctionnée d’une peine pouvant atteindre jusqu’à trois ans de prison.
Les adeptes d’autres courants religieux, même quand ceux-ci relèvent de l’Islam, peuvent tomber sous le coup de la loi. Pourtant, le code pénal ne précise pas explicitement les restrictions. DANS la pratique, la société marocaine, en majorité malékite, ne tolère pas le chiisme, le bahaïsme... Pourtant, il y a bien des Marocains qui pratiquent les prescriptions religieuses de ces courants. Leur nombre ne pourra pas, voire jamais, être connu avec précision. La peur de la loi et de la société les poussent à la clandestinité religieuse. Que dire alors de ceux parmi les musulmans Marocains qui ont choisi de « renier leur foi » et de se convertir au christianisme ? Autant ces néo-chrétiens sont accueillis à bras ouvert par des évangélistes qui s’activent, en catimini, au Maroc ; autant ils deviennent (quand ils révèlent leur nouvelle croyance) des parias aux yeux de leurs ex-coreligionnaires. Ce dossier met la lumière sur les Marocains qui se convertissent au chiisme ou carrément à d’autres religions. Il sort de l’ombre des ex-musulmans devenus des bahaïstes ou des néo-évangélistes. Il analyse les méthodes des évangélistes venus d’ailleurs...
Les chiites marocains se cachent pour prier
Les chiites ont leurs fidèles au Maroc. Les chiites marocains s’activent, créent des associations, célèbrent l’Achoura, Al Mawlid... Ils pratiquent leurs rites dans une absolue discrétion.
Des chiites, il y en a un bon nombre au Maroc. Certes, ils sont considérés comme des musulmans. Mais, leurs rites et pratiques diffèrent de ceux des sunnites. C’est ce qui les pousse à pratiquer leurs rites loin des regards. Leur souci est d’éviter tout problème. Ils puvent être poursuivis sinon. « Takia » est l’un de leurs principes fondateurs. Il leur impose la discrétion.
Ce principe de la « Takia » signifie la crainte de Dieu, mais aussi des ennemis. Les chiites préfèrent exercer clandestinement leur foi pour échapper aux persécutions. C’est donc une règle de comportement chez les chiites marocains. Il ne s’agit pas, selon eux, de renier l’islam mais bien de cacher aux autres musulmans leurs propres convictions.
Parfois, il arrive que certains parmi eux affichent ouvertement leur appartenance chiite. C’est le cas par exemple de leur leader au Maroc, Driss Hani. Ce dernier a suivi sa formation académique dans de grandes écoles chiites syriennes.
Lors des évènements célébrés, habituellement, par les chiites iraniens, irakiens, syriens... les Marocains chiites ne ratent pas de tels occasion pour effectuer les mêmes célébrations. Ils le font en catimini, dans un cadre strictement réduit.
Ainsi, ils organisent, à l’instar des chiites d’ailleurs, Al Aâzaa Houssaini (obsèques Houssaini), célèbrent à la manière chiite Achoura, Aïd Mawlid...
En plus, en quête de nouvelles recrues, leurs prêcheurs organisent parfois des séances spirituelles pour tenter d’attirer des personnes de confiance.
Le témoignage d’un internaute marocain (chiite.over-blog.com), qui s’est consacré à dévoiler « l’égarement des chiites » en dit long sur les méthodes de recrutement.
« J’ai connu un Imam Marocain Chiite diplômé en science politique, qui m’a donné des cours traitant de l’Islam pendant plusieurs années. Dans son garage transformé en bibliothèque, il égara les gens pour les emmener petit à petit vers la croyance peu connu des chiites. Mais pour cela, il utilisa la Takia. A chaque fois qu’on lui posait une question sur la religion, il mettait du temps avant de répondre en touchant son bouc afin de réfléchir sur la formule de Takia qu’il allait utiliser. Cet Imam ne propageait pas trop son idéologie dans la mosquée, ni dans les cours qu’il donnait les soirs ou pendant les khoutba. Il diffusait méthodiquement sa croyance chez lui, en privé, dans son garage en effectuant des soirées spirituelles et en privilégiant les nouveaux convertis ou tous ceux qui avaient une tendance vers le soufisme », explique ce blogger devenu anti-chiite.
En incluant dans leur credo des séances de Dhikr et de lectures de Coran, les chiites mettent en doute la foi des compagnons du prophète au point de les insulter, directement ou indirectement. Ils mettent en doute la foi de l’épouse du prophète, Aïcha, critiquent Aboubakr Assaddiq, Omar Ibnou Alkhattab et Othman Ibnou Affan... D’où la contradiction avec l’Islam sunnite.
Une organisation chiite marocaine en gestation
Parce que leur nombre augmente, les Marocains convertis au chiisme seraient en train de se préparer pour fonder une « organisation des chiites marocains ». Mais, nombreux sont les observateurs qui s’attaquent au bien-fondé de cette hypothétique organisation. Parmi eux, le chercheur et spécialiste dans le chiisme, Saâd Bouachrine (voir entretien).
Certaines associations sont taxées d’être un cadre d’action pour les chiites, sans plus. C’est le cas de l’association Attawassoul à Al Hoceima, Al Inbiaat à Tanger et Al Ghadir à Meknès (une autre association en France porte le même nom. Celle-ci affiche publiquement ses orientations chiites).
Dans son rapport, publié annuellement sur la liberté de religion, le département d’Etat américain, souligne qu’en 2006 l’association marocaine Al Ghadir a demandé à être régularisée. Le document précise que cette organisation chiite « n’avait toujours pas reçu de réponse à sa demande de statut officiel. » Le rapport note que c’est la première fois au Maroc qu’une association chiite demande à être reconnue officiellement ».
Saàd Bouachrine, chercheur en stratégie : « Les chiites marocains ne présentent pas de danger »
Saàd Bouachrine, chercheur en stratégie, membre du parti Al Badil Al Hadari, est connu par son expérience dans l’analyse des mouvements chiites. Il est également membre fondateur de plusieurs associations, actuellement directeur de la Fédération Nationale des Inventeurs et Innovateurs Marocains. Dans cet entretien, S. Bouachrine fait le point sur le chiisme au Maroc, les voies par lesquelles est parvenue cette « idéologie » au Royaume, ses rites...
Quelle est, en général, la différence entre sunnites et chiites ?
Le phénomène chiite est arrivé au stade connu dans la sociologie par le « fait social ». Les chercheurs qui s’intéressent aux chiites et au chiisme doivent marquer un arrêt sur les spécificités générales de ce phénomène. Pour cela, ils doivent avoir à l’esprit le facteur historique pour traiter la question.
C’est dans ce contexte que je rappelle que, historiquement, le chiisme prône l’école dite de « la quête de la justice ». C’est-à-dire que ses fondements religieux mettent en avant la justice et l’Imamat en tant que fondements immuables. Les chiites croient en la théorie de la désignation divine du califat après le prophète. C’est de là que vient l’importance du concept de la justice qu’ils mettent en avant. Ils estiment que le droit de Ali, le calife légal, selon les chiites, a été altéré.
Les autres fondements de l’unification de Dieu, du prophète, de l’au-delà,... restent des fondements communs entre sunnites et chiites. Les sunnites considèrent l’Imamat comme étant une petite section de la religion et non pas un important fondement. Car ils mettent en avant la Choura (concertation) pour la désignation du calife ou de l’Imam.
Y a-t-il une différence entre le chiisme marocain et le chiisme ailleurs : en Iran, en Irak... ?
On ne peut pas parler d’une forme de chiisme marocain en dehors de l’allégeance spirituelle qu’ont des marocains aux descendants du prophète. Cette allégeance de nature chiite n’a pas la signification d’une véritable appartenance comme cela se passe dans le monde chiite. Car il n’y a pas de « Haouzate » (des sortes d’écoles chiites) au Maroc. Il n’y a pas de Houssainiyate (locaux consacrés à la célébration des « tragédies » des descendants du prophète).
On n’organise pas de cérémonies pour célébrer la naissance ou la décès d’Imams chiites... On ne peut pas donc parler de chiisme marocain parallèlement à un chiisme oriental. Mais il n’en demeure pas moins qu’il y a des cas de quelques convertis pouvant atteindre le degré de l’appartenance doctrinale ou la croyance religieuse chiite.
Par quels canaux est entrée le chiisme au Maroc ?
En analysant les comportements de certains chiites marocains, nous pouvons dire que le chiisme oriental est entré au Maroc par différents canaux. Ainsi, malgré le peu de chiites qu’il y a dans le Royaume, nous pouvons relever, dans la pratique, l’existence de différentes formes de chiisme. Parce qu’il y a des chiites marocains qui le sont dans le sens culturel, d’autres par entière conviction, certains dans le sens politique... Ceci dépend des liens qu’ils tissent avec les chiites d’ailleurs. Par exemple le chiisme dans le sens culturel est exprimé par l’attachement aux revues chiites : « Affaires contemporaines », « Al Kalima », « Al Wai Al Moaâssir » (conscience contemporaine)... Quant au chiisme lié aux « Haouzate », il est le résultat des relations tissées avec les « Haouzate » iraniennes, irakiennes ou syriennes. Le chiisme par attachement politique a, lui, fait son entrée grâce aux chaînes paraboliques chiites comme Al Manar, Al Alam. Il y a également un chiisme ethnique encouragé par les publications des maisons d’éditions spécialisées qui exposent leurs produits chaque deux ans lors du salon du livre qui se tient à Casablanca. Sans parler des nombreux sites chiites sur internet... Comme je l’ai exprimé, nous sommes en face d’un fait social qui mérite d’être analysé.
Peut-on alors parler d’organisations chiites marocaines ?
Je crois qu’il est difficile de parler aujourd’hui au Maroc de mouvement chiites marocains. Comme on ne peut pas, non plus, dire qu’ils ont une vision politique claire. D’abord parce que les chiites marocains n’ont pas développé des systèmes organisationnels bien déterminés. Et aussi du fait qu’ils ne sont pas encore arrivés à avoir une vision politique claire. Ils puisent seulement leurs idées de différentes sources.
Qu’en est-il de l’association Al Ghadir qui est taxée d’être un cadre d’action des chiites marocains ?
L’association Al Ghadir est une association culturelle et non pas un cadre politique, malgré la signification politique que porte son nom. Car son appellation signifie dans la littérature chiite le lieu ou le prophète a nommé, officiellement, Ali comme successeur. Je peux assurer, vu ma connaissance des milieux meknassi où se trouve l’association, que l’initiative de sa création est une action spontanée de la part de certains sympathisants de l’idéologie chiite.
Mais ils l’ont vite quittée en raison des pressions qu’ils ont subies. Ils se sont également rendus compte de la signification du nom Al Ghadir dans le système chiite. Par ailleurs, le parti Annahda Wal Fadila (Renaissance et Vertu) de Mohamed Khalidi, avait été accusé de comprendre parmi ses membres des chiites. Ce parti qui avait été créé sur l’initiative de Mohamed Khalidi et d’autres acteurs islamistes, s’en est défendu.
Et comment expliquez-vous alors l’appartenance de la figure chiite, Driss Hani à ce parti ? N’est-ce pas lui-même qui a annoncé la création du parti Annahda (Renaissance et Vertu) ?
Driss Hani avait rejoint la commission préparatoire du parti Renaissance et Vertu et il ne faisait pas parti du mouvement Annahda Wal Yakada (NDLR : association qui était constituée au sein du mouvement de la Justice et du Développement avant qu’elle ne se transforme en parti politique). En suivant les déclarations de Driss Hani dans la presse, on se rend compte que celui-ci n’a plus de relations avec Renaissance et Vertu. Or, je ne pense pas que ses différends avec Mohamed Khalidi portent sur des questions idéologiques... J’ai pu comprendre que leur différend était relatif à la date de l’annonce de la création du parti. De toute les façons, en dehors de l’Association Al Ghadir et du parti Annahda Wal Yakada. Il n’y a pas d’indices qui poussent à croire qu’il y a un mouvement politique chiite. On ne peut pas donc parler de choses qui n’existent pas.
Vous qui suivez cette question, pouvez-vous citer les différentes connexions qu’il y a entre chiites marocains et organisations chiites orientales ?
Personne ne pourrait répondre à cette question. Parce qu’il faut avoir des cas concrets, des organisations et des mouvements politiques clairs. On ne peut donc parler que d’une forme d’attachement aux bureaux de certains « Marajie » chiites (le pluriel de Marja, aussi appelé Marja Attaqlid, signifiant littéralement « source d’imitation » ou « source de tradition » la seconde plus haute autorité dans le chiisme duodécimain. Il se situe après le prophète et les Imams chiites).
Nous avons relevé, par exemple, le cas de chiites marocains qui ont écrit au bureau de Mohamad Hussein Fadlallah lui demandant une fatwa sur les événements de Casablanca du 16 mai. Comme il y a une affluence des Marocains sur les sites chiites d’où ils écrivent aux « Marajie » demandant des fatwas et des explications sur certains points doctrinaux.
Y a-t-il, par exemple, des Marocains chiites formés en orient, qui rentrent au Maroc pour prêcher le chiisme ?
Si nous parlons de la formation au sein des Haouzate, je ne pense pas que les Marocains optent pour ce genre de formations. Les personnes qui se sont trouvées au sein de ces écoles durant les années 80 et 90 sont restées à l’étranger. L’on s’en rend compte en découvrant les noms de Marocains sur des sites libanais, iraniens,... que ces derniers sont devenus de purs chiites.
En ce qui concerne les Marocains résidant en Europe, nous avons simplement constaté leur sympathie pour les chiites irakiens ou libanais. De retour au Maroc, ils sont étonnés de voir l’esprit critique des Marocains vis-à-vis de tout appel religieux étranger. C’est pour cela que nous pouvons dire que, jusqu’à aujourd’hui, le Maroc est à l’abri de tous les mouvements de prédication qui tentent de s’organiser et de prendre la forme d’un courant politique.
Les chiites ont-ils des rites particuliers ? Fréquentent-ils les mosquées ou exercent-ils leurs rites loin de la société ?
Toutes les formes connues des rites chiites peuvent être pratiquées au Maroc. Mais cela reste très minime en raison de leur éparpillement et parce qu’ils sont peu nombreux.
Et quelles sont les formes de ces rites ?
Les chiites sont connus par leurs implorations. On peut citer l’exemple du rite de la lecture de « douaa Al Komail » (imploration d’Al Komail) la veille de chaque vendredi. Le rite de la célébration des anniversaires de naissance et de décès des Imams chiites... On entend aussi parler du rite des obsèques Hussaini...
En ce qui concerne les pratiques religieuses, il y a une chose qui est très connue chez les chiites, relative à la prière. C’est le fait de joindre les deux prières d’Addohr et d’Al Asr et aussi celles d’Al Maghrib et d’Al Icha. S’il n’y a pas de différence en ce qui concerne le nombre des rakaât (prosternations) chez les sunnites, les chiites font quelques ajouts tels que l’imploration du Konout, la prière d’Achokr (louange à Dieu)...
Selon vous, est-ce que le chiisme est pris en compte dans la réforme du champ religieux entreprise par les responsables marocains ?
La réforme du champ religieux au Maroc à deux objectifs. D’abord veiller à assurer la stabilité religieuse, notamment l’unité du rite. Puis elle veille à assurer la sécurité spirituelle qui, je pense, est liée à la personnalité d’Amir Al Mouminine plus qu’autre chose. C’est pourquoi, je pense que le Maroc ne risque pas d’avoir de divergences idéologiques. Il n’a donc pas besoin de prendre des mesures préventives à ce niveau.
Les bahaïstes sont parmi nous
Peu de Marocains sont au courant de l’existence d’une communauté bahaïste au Maroc. Pourtant, les adeptes de cette religion qui bénéficient de la protection des autorités américaines, via son rapport annuel sur la liberté de culte dans le monde, sont recensés. Il serait plus de 400 pratiquants établis dans les différentes régions du Royaume.
Selon l’édition 2006 du rapport annuel américain sur la liberté de culte, environ 400 bahaïstes font partie des communautés religieuses recensées au Maroc. C’est le 8ème rapport annuel sur la liberté de culte émis par le secrétariat d’Etat américain aux Affaires étrangères qui donne donc cette précision. Le document couvre la période allant de juillet 2005 à juillet 2006. Il précise que ces bahaïstes évitent d’énoncer leurs croyances considérées comme de l’athéisme dans la société musulmane marocaine ou du reniement de la foi.
Autant le code pénal que la tradition islamique nationale appellent à une peine sévère pour réprimer la conversion d’un musulman à une autre religion. Et toute tentative de conversion d’un musulman est illégale.
Ces interdictions n’empêchent pas les bahaïstes à accéder à d’importantes fonctions publiques, précise le même document, dont les rédacteurs indiquent qu’ils n’ont pas été empêchés d’aller à la rencontre de ces personnes et d’autres individus pour effectuer leur enquête de terrain.
La religion bahaï, plus connue sous le nom de bahaïsme, a été fondée en 1863. Son nom provient de son fondateur : Baha Allah. Les adeptes de cette foi, s’organisent autour de plus de 100.000 centres répartis dans le monde entier. Les écrits sont publiés dans plus de 800 langues différentes. Le nombre de ces adeptes, répandus dans 193 pays, est estimé aujourd’hui à près de 7 millions.
La foi Bahaie est résumée par le concept des trois unités : unité de Dieu, unité de la religion, unité de l’humanité. Les écrits Bahaïstes mettent l’accent sur l’égalité essentielle des êtres humains, et sur l’abolition des injustices. L’humanité est vue comme unique, bien que très variée : « la diversité des races et des cultures sont dignes d’appréciation et de tolérance ». Le racisme, le nationalisme, les castes et les classes sociales sont considérées comme « des barrières à l’unité de l’humanité ». Leurs enseignements préconisent « l’unification de l’humanité ».
Les croyances Bahaïstes sont décrites comme des combinaisons des croyances antérieures. Cependant, les adeptes cette religion suivent une tradition distincte, qui dispose de ses propres écritures, enseignements, lois et histoire.
Cette religion a fait parlée d’elle pour la première fois au Maroc en 1962 lors d’un procès où ont été poursuivis 14 bahaïstes. Ils avaient étaient condamnés en appel par la cour pénale de Nador à la peine de mort, peine qui a été cassée par la cour suprême. Depuis, les adeptes bahaïstes marocains agissent en catimini.
Evangélisme au Maroc : Des Marocains christianisés
D’après des chiffres non officielle, il y aurait 40.000 convertis au christianisme au Maroc. D’autres sources contestent ce chiffre. Quoi qu’il en soit, les missionnaires ont leurs adeptes dans le Royaume.
Des députés du parti de l’Istiqlal et du PJD ont interpellé dernièrement le ministre des Habous et des affaires islamiques lors de l’une des séances réservées aux questions orales. Ils se disaient inquiets au vu du nombre croissant de missionnaires étrangers qui sillonnent le Maroc.
"Aucun étranger n’a déclaré à l’Administration marocaine qu’il était venu pratiquer l’évangélisation", a répondu le ministre interpellé.
Les évangélistes savent bien que leurs activités sont strictement interdites sur le sol marocain. Rien qu’en décembre dernier à Agadir, un missionnaire allemand a été emprisonné (voir encadré). C’est cette affaire et la découverte, peu de temps auparavant, d’un réseau évangéliste américain à Marrakech qui ont remis le phénomène de l’évangélisation au devant de la scène.
L’évangélisme n’était pas toléré depuis bien longtemps au Maroc. Déjà en 1916, un certain père Charles de Foucauld qui s’était infiltré au Maroc dans les habits d’un Rabin, a été assassiné par des touaregs. Avant son assassinat, ce missionnaire français parcourait clandestinement le Maroc.
Durant toute la période coloniale, les missionnaires déambulaient discrètement à travers la totalité des villes marocaines et même dans les régions rurales les plus éloignées. Certains condisciples veulent actuellement emboîter le pas à leurs prédécesseurs. Ils prétextent d’ouvrer dans le domaine humanitaire ou de développement pour tenter d’attirer de nouveaux fidèles vers leur religion.
Les évangélistes redoublent d’ingéniosité pour attirer les Marocains. La jeunesse est leur cible privilégiée. Ils transmettent leur credo à travers des livrets bien illustrés, des bandes dessinées relatant la vie du Christ, des bibles traduites dans le langage courant. Dès qu’ils ont l’ascendant sur leur interlocuteur, ils donnent des adresses de “maisonnettes” transformées en églises et indiquent même certaines chapelles secrètes.
Les moins téméraires parmi les missionnaires agissent à distance. Les nouvelles technologies de l’information leur facilitent, de plus en plus, la tâche. Dans ce cadre, des sites Internet comme www.lovemorocco.net ou www.movemegod.com proposent la bible en darija et en tamazight. Des contacts avec des marocains convertis sont même proposés aux internautes intéressés par la découverte de la foi qui, leur promet-on, « sauve l’âme ».
Les nouveaux convertis détaillent à travers le Net, comment ils ont trouvé « leur chemin de Damas ». Ils racontent en darija comment ils ont découvert le christianisme.
« Depuis que j’ai découvert Jésus, j’ai découvert la vie, la paix et ma vie a complètement changé. » « Jésus me guide et m’oriente. » « Jésus s’est sacrifié pour moi et grâce à son sacrifice, j’irai au Paradis. » Clament les jeunes convertis. L’un d’eux révèle comment un ami lui a fait découvrir « la voie de Jésus ». « Depuis, je vis dans le bonheur total grâce à mon seigneur Jésus », conclut-il. A travers le web, les Marocains convertis au Christianisme confirment qu’ils deviennent pour les évangélistes, « les meilleurs messagers du Christ ». Une chapelle est indiqué à Aïn Leuh et un numéro de téléphone est donné pour joindre un marocain converti.
Les chaînes satellitaires chrétiennes diffusées en arabe, emploient des marocains christianisés. Ces chaînes, captées au Maroc, sont dans la lignée de Radio Monté Carlo qui émettait des émissions en darija. Leurs émissions allient évangélisation et fiction. Quoi qu’il en soit, l’effet des efforts fournis pour ramener les Marocains à la foi chrétienne ne sont pas (encore) visibles. Selon un pasteur résidant au Maroc, les marocains évangélisés ne fréquentent pas les églises de peur d’être démasqués. A quelques exceptions près, devait nuancer le pasteur. Chaque dimanche matin, des couples mixte et des Marocains en solo ne se cachent plus en sortant des églises de la capitale.
Ces néo-protestants évangéliques marocains sont, en majorité, convertis au cours de leur séjour en Europe ou aux Etats-Unis. La plupart disent avoir comme référence : le père Jean Mohamed Benabdjlil. Ce marocain promu clergé du Vatican. Il est leur icône vivante. Il s’était converti au christianisme pendant le protectorat et fréquenté plusieurs séminaires avant d’intégrer le lieu saint des Chrétiens. Lui aussi représente une singulière exception.
Société secrète
La question des évangélistes a été évoquée au parlement en 2005. Il s’en est suivi un matraquage médiatique opéré par la presse du PJD et de l’istiqlal. Une enquête officielle a été alors diligentée. Elle a mis à contribution le ministre de l’Intérieur et celui des Affaires islamiques, les services de Renseignements de la DGSN et des éléments de la nouvelle cellule de Cyber police. L’enquête visait à dénicher les réseaux de christianisation et d’identifier ses membres les plus actifs au Maroc.
Selon les résultats de cette enquête, le nombre des évangélistes étrangers ayant eu des activités au Maroc serait de près de 800 missionnaires. Parmi eux, certains se sont activés à Casablanca, précisément au quartier Maârif. Là, ils ont distribué des tracts et des ouvrages sur le christianisme. Imprimés aux Etats-Unis et édités en langue française, ces documents sont destinés aux jeunes. Il y est promis aux jeunes « une vie meilleure » et « un univers parfait ». Les évangélistes sont organisés au sein de “La Société biblique Unie”. Cette organisation a une antenne au quartier Oasis à Casablanca qui est placée sous le contrôle d’un évangéliste américain, J.R. Installé à Casablanca depuis 1992, ce dernier dirige une autre ONG : « Global Education ». Il préside aussi le Conseil de l’Eglise anglicane au Maroc. À Rabat, son compatriote, J.W, officie chaque dimanche à l’église anglicane. Il est au Maroc depuis 1999. Originaire du New Jersey, il dirige une association protestante : RPF International Church.
J.W semble avoir beaucoup de succès auprès de ressortissants venus des pays subsahariens. Ces derniers constituent la majorité des fidèles qui emplissent, chaque dimanche, l’église anglicane de Rabat. Les évangélistes disposent de moyens qui leur permettent de distribuer gratuitement des vivres et des médicaments à des ressortissants subsahariens.
L’église anglicane bâtie sur un terrain d’un alem
L’église anglicane de Rabat a été construite dans les années trente. Le terrain où elle a été construite appartenait à Mohamed Hajoui, éminent alem de la quarawiyine et ministre de l’éducation dans les années trente. La résidence générale avait sommé ce propriétaire à donner une partie de son terrain pour la construction de l’église. En contrepartie, il allait être autorisé à construire une villa. Le alem a accepté le deal. « Dans cette affaire, M. Hajoui a cédé sous la contrainte », révèle l’un de ses anciens élèves à la Quarawiyine.
Modus operandi
Les missionnaires qui veulent rallier les jeunes marocains commence par apprendre le dialecte, l’arabe classique et même les différentes langues amazighes. Ils n’hésitent pas à s’installer dans un quartier populaire, voire à loger chez une famille marocaine en échange d’une somme d’argent mensuelle. Leur but mieux s’intégrer dans la société pour mieux en convaincre.
Certains missionnaires se réfèrent à des éléments tirés de la constitution marocaine pour avancer que les lois marocaines reconnaissent la liberté de culte à tout citoyen marocain. Les juristes les contredisent en affirmant que l’islam est religion d’Etat au Maroc. Ils vont plus loin : « La liberté de culte ne concerne que les citoyens marocains de confession juive ou naissant chrétien. »
Par ailleurs, le délit de prosélytisme est puni par le code pénal marocain. C’est sur la base de ce texte juridique qu’un évangéliste copte égyptien a déjà été jugé à Agadir.
Quand un copte égyptien évangélise à Agadir
Le tribunal de première instance d’Agadir a condamné, le 28 novembre 2006, Sadek Noshi Yassa à six mois de prison ferme et à une amende de 500 DH. Ce touriste copte égyptien portant la nationalité allemande a été sanctionné pour avoir tenté « d’ébranler la foi d’un musulman ». Ce crime est puni par le Code pénal marocain. S.N Yassa, 64 ans, a été interpellé dans l’une des avenues de la ville en train de distribuer à des jeunes des livres de missionnaires chrétiens après avoir réussi à entamer avec eux une discussion à ce sujet. Le mis en cause est un ingénieur retraité qui réside en Allemagne depuis longtemps. Il était venu à Agadir dans le cadre d’un voyage touristique le 24 novembre. Des livres et des CD-ROM incitant les gens à se convertir au christianisme ont été saisis chez lui.
La contre l’évangélisation
Est puni d’un emprisonnement de six mois à trois ans et d’une amende de 100 à 500 dirhams, quiconque emploie des moyens d’attirance dans le but d’ébranler la foi d’un musulman ou de le convertir à une autre religion, soit en exploitant sa faiblesse ou ses besoins, soit en utilisant à ces fins des établissements d’enseignement, de santé, des asiles ou des orphelinats. En cas de condamnation, la fermeture de l’établissement qui a servi à commettre le délit peut être ordonnée, soit définitivement, soit pour une durée qui ne peut excéder trois ans.
Le Reporter - B. Mokhliss & M. El Hamraoui
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