Les musulmans ressentent « chagrin et honte » quand ils enterrent leurs morts dans des cimetières catholiques

3 novembre 2022 - 14h20 - Espagne - Ecrit par : P. A

Les Marocains résidant en Catalogne, notamment dans la région de Catalogne, se plaignent de l’absence de carrés musulmans pour enterrer dignement leurs morts.

Amina (nom d’emprunt) se rend presque tous les vendredis au cimetière d’El Masnou en Catalogne où elle réside depuis 2005. Là repose son frère Mohamed (nom d’emprunt) qui est décédé en 2020, en pleine crise sanitaire où les frontières étaient fermées, ce qui rendait impossible le rapatriement de son corps au Maroc. Mohamed n’a donc pas été enterré suivant les rites musulmans, encore moins dans un cimetière musulman dont ne dispose pas la ville, confie Amina « avec chagrin et honte » à Mundo Islam.

Après l’allègement des mesures sanitaires, la famille de Mohamed a envisagé d’exhumer le corps, une pratique interdite par la religion, et de l’emmener à Barcelone pour l’enterrer dans un cimetière musulman. « Mais ça coûte beaucoup d’argent », avoue Amina qui ne peut pas solliciter le concours des autres membres de la famille au Maroc parce qu’elle leur a caché les conditions dans lesquelles son frère a été enterré.

À lire : Espagne : les régions appelées à augmenter le nombre de carrés musulmans dans leurs cimetières

Comme Amina, de nombreux musulmans vivent la même situation en Espagne. Selon les données de l’Union des communautés islamiques d’Espagne (UCIDE), seulement 35 des plus de 8 000 municipalités espagnoles disposaient de cimetières musulmans en 2020. Les communautés musulmanes n’ont cessé de réclamer des cimetières pour enterrer dignement leurs morts comme les catholiques. Même si « traditionnellement, il y a toujours eu une tendance à rapatrier les défunts dans le pays d’origine, il n’y a jamais eu de problème d’espace », explique Mohamed Halhoul, porte-parole du Conseil islamique de Catalogne (CIC).

Tout a changé pendant la crise sanitaire. Le CIC a dû gérer des centaines de cas de familles qui ne savaient pas quoi faire ni où enterrer leurs proches, déclare-t-il, précisant que 5 des 16 cimetières musulmans que compte la Catalogne ont été inaugurés après 2020. Pour le commissaire de la mairie de Barcelone, Khalid Ghali, la religion musulmane impose que le corps soit enterré dans l’endroit le plus proche du lieu du décès. Donc, « si le corps d’un musulman doit être rapatrié, il n’est plus enterré selon ses croyances », précise-t-il. Le déplacement d’un corps dans une ville disposant de carrés musulmans a un coût élevé que les familles ne peuvent pas payer, nuance Halhoul.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Espagne - Religion - Islam

Aller plus loin

Maroc : cimetières pleins, familles en détresse

Les cimetières de Fès, comme dans de nombreuses villes au Maroc, manquent de plus en plus de places. Fort de ce constat, le parlementaire istiqlalien Allal Amraoui a interpellé...

Les Marocains d’Espagne réclament des carrés musulmans

La communauté musulmane de Fuerteventura demande des carrés musulmans dans les cimetières pour enterrer ses morts. Actuellement, aucun des cimetières sur l’île ne dispose...

Maroc : Un cimetière « intelligent » fait polémique

Le premier cimetière intelligent et sécurisé pourrait bientôt voir le jour dans la région de Casablanca. Mais son coût suspect et exorbitant fait polémique.

Cimetières pleins à Tanger : les habitants lancent un appel aux autorités

Les habitants de Tanger sont confrontés à un manque criant d’espaces dans les cimetières musulmans de la ville. Ils invitent les autorités locales à trouver en urgence une...

Ces articles devraient vous intéresser :

Nora Fatehi convertie au Christianisme ?

L’artiste marocaine Nora Fatehi a déclenché une vague de réactions sur Instagram après avoir publié un extrait vidéo la montrant portant un collier avec une croix.

Une campagne pousse les jeunes Marocains à prier

De jeunes Marocains ont lancé une campagne numérique pour inciter leur génération à cultiver une vie de prière, soulignant l’importance de celle-ci dans la pratique de leur foi musulmane.

L’Aïd al-Adha annulé au Maroc : réponse ferme d’un érudit marocain

Face aux critiques des observateurs extérieurs opposés à l’annulation l’Aïd al-Adha au Maroc, Cheikh Mustapha Benhamza, membre du Conseil supérieur des oulémas du royaume, apporte des éclaircissements.

Maroc : la mode du mariage virtuel

Le mariage en ligne ou « mariage virtuel » est devenu une pratique en vogue au Maroc. Le phénomène suscite l’inquiétude des spécialistes en psychologie sociale qui s’interrogent sur la nature de ces relations humaines sans communication directe, et...

Maroc : le ramadan 2025, dans un mois

Le premier jour du mois de Chaâbane de l’année 1446 de l’Hégire correspond au vendredi 31 janvier 2025, a annoncé jeudi le ministère des Habous et des Affaires islamiques dans un communiqué.

Fin de la collecte d’argent dans les mosquées marocaines

Au Maroc, le conseil du gouvernement a récemment approuvé un projet de décret relatif à l’organisation des opérations de collecte de dons auprès du public et à la distribution d’aides à des fins caritatives. Il ne sera plus possible de collecter des...

Ramadan et sport : oui, mais sous conditions

Le sport et le jeûne du Ramadan ne sont pas incompatibles. Bien au contraire, une activité physique modérée durant cette période peut s’avérer bénéfique pour la santé. Mais pour profiter pleinement de ses bienfaits et éviter les risques, il est...

Ramadan et menstrues : le tabou du jeûne brisé

Chaque Ramadan, la question du jeûne pendant les menstrues revient hanter les femmes musulmanes. La réponse n’est jamais claire, noyée dans un tabou tenace.

Aïd Al-Adha au Maroc : alerte sur les viandes vertes

Redoutant le verdissement des viandes à cause des fortes températures au Maroc et les maladies qui pourraient en découler, des experts appellent les consommateurs à la vigilance lors de la célébration de l’Aïd al-Adha.

Hajj : une clause "anti-protestation" fait polémique au Maroc

L’introduction par le ministère des Habous et des Affaires islamiques dirigé par Ahmed Taoufiq d’une clause qui oblige le pèlerin marocain pour le hajj 2024, un des cinq piliers de l’islam, « à ne pas protester même en cas de retard de l’avion », fait...