Quelque 431 000 migrants, dont 31 000 Marocains, ont été expulsés du territoire de l’Union européenne (UE) en 2022, selon un récent rapport d’Eurostat intitulé « Migration et asile en Europe 2023 ».
Leur nom fleure si bon la convivialité qu’on pourrait se croire dans un centre de vacances. Mais les « espaces de bienvenue éducative » (EBE) mis en place par la Catalogne pour accueillir les enfants étrangers hors du système scolaire ne sont pas du goût de tous.
La petite ville médiévale de Vic, 40.000 habitants, a été la première municipalité catalane à inaugurer son espace d’accueil, lundi matin, jour de rentrée. La suivra Reus, près de Tarragone, mi-octobre, avec trois EBE. Menée par les socialistes, la Generalitat -l’exécutif catalan- espère que l’exemple fera rapidement école auprès des autres municipalités.
Se familiariser avec la langue et « la réalité culturelle du pays »
Selon ses plans, toute famille étrangère s’adressant à la mairie d’une ville ayant adopté l’initiative pour y scolariser ses enfants sera évaluée par une équipe pédagogique et se verra éventuellement proposer de passer par un EBE.
« La démarche est volontaire », s’empresse-t-on de préciser au département d’éducation de la Generalitat. Si elle accepte, ses enfants pourront y suivre quatre heures d’activités par jour dans des groupes ne dépassant pas la vingtaine pour se familiariser avec la langue et « la réalité culturelle du pays ». Leur « séjour » n’a pas de durée fixe mais il ne devrait toutefois pas s’étendre sur toute une année scolaire. Les enfants arrivés pendant les grandes vacances devraient pouvoir passer par le centre avant la rentrée et donc commencer, si tout se passe bien, en même temps que leurs camarades.
Ancien pays d’émigration, l’Espagne a connu un petit boom démographique depuis 2000 et 10% de ses 45 millions d’habitants sont aujourd’hui nés hors d’Espagne. Certaines écoles publiques dénombrent plus de 80% d’élèves immigrés dans ses rangs. La Catalogne, elle, compte près de 15% de population étrangère sur sept millions d’habitants.
Ségrégation ? La Generalitat dit vouloir mieux intégrer les enfants
Des programmes d’accueil et de soutien pour les élèves étrangers existent déjà dans les écoles espagnoles mais la région a décidé d’aller plus loin en créant des centres hors des établissements scolaires où les familles seront également impliquées à travers dix heures d’entretiens individuels avec l’équipe pédagogique. On leur expliquera notamment comment fonctionne le calendrier scolaire et le système de bourse, explique-t-on au gouvernement régional, où l’on est soucieux de défendre le caractère social d’une mesure férocement critiquée.
L’association SOS Racismo l’a en effet accusé d’être discriminatoire et la branche des enseignants du syndicat UGT accuse la Generalitat, dans une longue déclaration postée sur son site dès juillet, de vouloir ségréguer les enfants immigrés :
Mais la Generalitat n’en démord pas. Ces centres offrent une solution pragmatique pour intégrer les nouveaux arrivants sans perturber leurs camarades. L’année dernière, près de 10 000 élèves sont arrivés en cours d’année en Catalogne. « L’équivalent de 44 nouvelles écoles », insiste un porte-parole du département d’éducation.
Elle a toutefois opéré quelques ajustements notables : lorsque la mesure a d’abord été présentée, il semblait que seuls les enfants ne venant pas de l’Union européenne devraient passer par les EBE. Aujourd’hui, on se fait fort d’expliquer qu’un passage par le centre sera proposé à tous ceux qui pourraient en avoir besoin.
Source : Rue89 - Elodie Cuzin
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