Piratage de Canal + : un Marocain au coeur d’une enquête en France
Un jeune homme d’une vingtaine d’années, soupçonné d’être impliqué dans un vaste réseau de fraude à l’abonnement aux chaines de télévision cryptées, a été arrêté par les...
Depuis dix ans, TPS était au Maghreb la cible de tous les pirates : résultat, les fausses cartes se retrouvaient en vente libre sur les marchés... Désormais c’est CANALSAT qui va devenir la première cible des fraudeurs. Mais CANALSAT a développé depuis des années une réponse technologique efficace au piratage.
Révolution dans l’espace médiatique du Maghreb : le rachat de TPS par le groupe CANAL+ marque la fin d’une époque pour les équilibristes de la parabole fixée sur "hotbird", la fin d’un eldorado pour les fildeféristes de la carte piratée vendue pour quelques dirhams sur les marchés. Tout d’un coup, la première source de piratage audiovisuel en Afrique du Nord va s’éteindre.
Les gouvernements au secours du piratage ?
L’événement est suffisamment lourd et touche suffisamment de monde pour que les chancelleries elles-mêmes s’en soient émues. L’Ambassadeur du Roi du Maroc Mohammed VI avait lui-même attiré il y a quelques mois l’attention du Ministre français des affaires étrangères, alors Philippe Douste-Blazy, sur les conséquences que pourrait avoir la disparition de la principale source d’images francophones dans le Royaume chérifien.
Philippe Douste-Blazy avait immédiatement rassuré ses interlocuteurs algériens et marocains : non, il n’était pas question de protéger désormais le signal satellitaire de TPS avec les systèmes de cryptage complexes utilisés par CANALSAT... Dont les chaînes ne sont pas reçues aujourd’hui par les fraudeurs... Une offre serait donc toujours accessible au piratage pour la face sud de la Méditerranée.
On pourrait gloser sur le caractère choquant de ces propos, venant d’un responsable politique qui devrait plutôt encourager ses homologues étrangers à mettre en oeuvre des solutions à grande échelle pour juguler un phénomène qui fragilise l’économie de la production et rend encore plus difficile le développement de producteurs et d’une industrie audiovisuelle et cinématographique dans leur propre pays...
Toujours est-il que la réalité du commerce international des images ne permettra pas à CANALSAT de laisser pirater au Maghreb des programmes dont les droits ne seraient pas acquis pour une diffusion en Afrique du Nord. Et quand les intérêts des "majors" d’Hollywood sont en jeu, difficile aux Etats comme aux distributeurs de bouquets satellites de fermer les yeux !
Dès lors, on peut compter sur les techniciens du Groupe CANAL+ pour continuer à verrouiller tous les accès que pourraient entrouvrir les pirates...
La solution TNTSAT ?
C’est alors que se profile une nouvelle piste : la "solution TNTSAT". Les pirates pourraient trouver une brèche en s’attaquant, non au bouquet de chaînes payantes de CANALSAT, dont les accès sont blindés sous un système de protection codé Nagra (MediaHighWays) mais au bouquet des chaînes "en clair" de la TNT, que vient de lancer CANALSAT sur ASTRA... Mais avec une protection Viaccess seulement...
En effet, la protection des chaînes en clair ne passera pas par la même technologie que celle des chaînes payantes, afin justement d’éviter toute contagion d’une possible fraude sur l’un des deux bouquets. Annoncée comme sûre, la solution de cryptage en Viaccess 3.0 (un nouveau standard flambant neuf) pourrait ne résister que quelques mois à une offensive délibérérée des hackeurs marocains ou algériens. La bataille n’a pas encore commencé, mais elle sera terrible.
A la clé, les 18 chaînes hertziennes en clair diffusées sur tout le territoire français, ainsi que France Ô, chaîne consacrée aux territoires français d’Outremer, Antilles, Réunion, Polynésie, Nouvelle-Calédonie, Guyane... Parmi ces chaînes, les historiques, TF1, FRANCE 2, FRANCE 3, FRANCE 5, M6, ARTE, mais aussi les nouvelles venues du numérique : NRJ 12, Direct 8, Gulli, la chaîne pour enfants de Lagardère, ou encore NT1, la chaîne en clair du Groupe Berda, et surtout i>télé, chaîne d’information en continu du Groupe CANAL+, et BFM TV, une autre chaîne d’information en continu...
Mais pourquoi frauder pour recevoir des chaînes gratuites ?
Autant de chaînes gratuites, diffusées par le satellite, mais qui ne pourront être reçues que via un décodeur spécifique (TNTSAT) apte à recevoir ces images spécialement diffusées sur ASTRA avec un cryptage original, différent de tout ce qui existe aujourd’hui sur le marché.
Ainsi, l’accès aux chaînes est gratuit, il ne requiert ni abonnement ni location d’un décodeur... Mais il impose l’achat d’un terminal spécifique TNTSAT, en vente libre dès cet été dans les grands magasins en France, et en France seulement... Afin d’éviter justement que les terminaux ne soient exportés indûment et permettent l’accès à ce service gratuit dans d’autres pays, pour lesquels les diffuseurs français n’auraient pas acheté les droits (souvenons-nous du problème que le piratage au Maghreb a posé lors de la diffusion de la Coupe du Monde de football, en juin 2006, sur TF1 et M6... reçues via TPS !).
Pourtant, grande sera la tentation pour des utillisateurs français, désireux de faire plaisir à leur famille en Algérie ou au Maroc, en leur offrant, une fois pour toute, les mêmes chaînes qu’en France... de prendre sous le bras un terminal TNTSAT tout neuf, au moment de franchir la Méditerranée pour passer leurs vacances à Oran ou à Oujda !
Y aura-t-il fraude ? Certainement, au regard de la territorialité du droit des images. Mais il n’y aura pas piratage, au sens du droit commercial et de la contrefaçon, car le bouquet reçu sera bien le bouquet vendu, lors de l’achat du terminal, et que les frais afférents auront bien été réglés d’emblée -puisqu’il n’y a pas d’abonnement à souscrire ! Dès lors la solution, limite sur le plan légal, sera pérenne en pratique : plus besoin de changer de carte pirate régulièrement, ni de faire réactiver les droits à intervalles réguliers...
Mais... pour vivre heureux vivons cachés...
Le seul risque tangible : une trop grande publicité faite à ce type de pratiques, illicites tout de même... Qui inciterait les détenteurs de droits, notamment les organisateurs de grandes manifestations sportives, à exiger un nouveau cryptage de cette diffusion satellite, pour protéger leurs clients exclusifs éventuels au Maghreb. Et ce serait alors un retour à la case départ...
Bref, les problématiques du piratage vont rester ouvertes en Algérie, au Maroc et en Tunisie... Tant qu’un groupe audiovisuel n’aura pas pris son envol sur tout le Maghreb, en imposant une réelle économie de télévision payante, sécurisée, de qualité, à la fois francophone et arabophone... Avec le soutien des Etats qui empêcheront que cette offre soit piratée. Sous la houlette de Serge Adda, CANAL+HORIZONS s’y était essayée, avant de jeter l’éponge. Le bruit court que MEDIAOVERSEAS y réfléchirait désormais ? Cela ouvrira encore un autre chapitre de cette histoire.
Afrik.com - Che Menara
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