Dévalorisés, les infirmiers marocains quittent massivement le Maroc
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Des centaines d’infirmiers et infirmières marocains ont quitté le royaume ces dernières années pour s’installer au Canada où les conditions de travail sont meilleures. Cet exode du personnel de santé marocain affecte autant le Maroc que le Canada, estime Sylvain Brousseau, le président de l’Association des infirmières et infirmiers du Canada.
Le Canada fait face à une « grave pénurie d’infirmières et d’infirmiers » et profite de l’exode des infirmiers marocains dans le pays. Quelque 228 infirmiers marocains sont recrutés chaque année au Québec. Preuve que le besoin est réel. « Les infirmières et infirmiers formés à l’international font partie intégrante du système de santé canadien et représentent environ 9 % des infirmières et infirmiers autorisés au Canada. La plus grande menace qui pèse sur le système de santé du Canada est la crise des ressources humaines dans le secteur de la santé », explique Sylvain Brousseau dans un entretien à Maroc Hebdo.
Le président de l’Association des infirmières et infirmiers marocains précise que cette pénurie de personnel infirmier est « mondiale » et que le Canada ne devait pas « épuiser les ressources infirmières des autres pays dans lesquelles il y a également une pénurie ». « Le Canada doit se concentrer sur l’autosuffisance de ses ressources infirmières. Une attention particulière doit être donnée au code de pratique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour le recrutement international du personnel de la santé. Ce code établit des principes pour le recrutement éthique et pour renforcer les systèmes de santé dans les pays en développement », développe-t-il.
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Selon Brousseau, les infirmiers marocains préfèrent s’installer au Canada à cause d’abord du français, la langue officielle et « la langue première au Québec ainsi que dans plusieurs communautés francophones » du pays, mais aussi et surtout à cause d’un « marché de l’emploi favorable ». Le responsable demande au « gouvernement fédéral, aux provinces et territoires, organismes de réglementation, établissements d’enseignement et de formation et autres partenaires du secteur de la santé de collaborer pour soutenir l’accélération de l’octroi des permis de pratique et de l’employabilité des infirmières et infirmiers formés à l’international ».
Concernant le racisme envers les Marocains, Brousseau souligne que la plupart des infirmiers « ont du mal à poursuivre leur carrière après avoir déménagé au Canada », notamment en raison « des obstacles systémiques et structurels qui peuvent les empêcher d’exercer leur profession à part entière… Nombre d’entre eux satisfont aux exigences au Canada, mais la procédure d’accréditation est longue et coûteuse. Près de la moitié, soit 47 % des immigrants ayant suivi une formation dans le domaine de la santé, y compris les infirmières, sont au chômage ou sous-employés, incapables de travailler dans leur domaine de formation ».
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