Créé en octobre 2017, le dispositif vise à permettre à l’inspection régionale de pratiquer les techniques dites du « CV anonyme » et de « l’appel mystère », en vue d’enrichir des dossiers destinés à se retrouver entre les mains de la justice, fait savoir Le Soir. Seulement 3 ans après, les choses n’évoluent pas. Face au Parlement, le ministre de l’Emploi, Bernard Clerfayt (Défi) a fait le point. En 2018, l’inspection n’avait lancé que 4 procédures de testing sur base de 15 dossiers transférés par Unia et le Centre pour l’égalité hommes-femmes, 2 sur base de 19 dossiers en 2019 et enfin 6 dossiers ont traités en 2020 sans qu’aucun test ne soit effectué.
Le bilan est loin d’être satisfaisant. Pas parce que le problème de la discrimination à l’embauche n’existe pas mais parce que peu de dossiers ont été transmis jusqu’ici par Unia et l’Institut pour l’égalité hommes-femmes, explique Gerrit de Craen, directeur de l’inspection régionale de l’emploi. « On a encore eu une réunion avec eux avant la pandémie pour aborder le sujet. Mais pour l’instant, on ne sait pas expliquer pourquoi. Peut-être qu’il y a trop de barrières pour le dépôt de plaintes. » Maarten Huvenne, qui suit le dossier en tant que chef adjoint du service Soutien individuel d’Unia le confirme.
Pour M. Clerfayt, il est normal que tous les dossiers reçus par l’inspection ne donnent pas lieu à des tests. « Pour certains dossiers, des plaignants ne veulent finalement plus qu’on poursuive la procédure. Pour d’autres, on décide de régler un problème par la médiation. Est-ce que, du coup, le mécanisme est inefficace ? Non. Il est certainement efficace par le simple fait qu’il existe et que l’on peut toujours s’en saisir. » Le ministre assure par ailleurs qu’une procédure d’évaluation sera lancée cette année sous l’égide de Nawal Ben Hamou (PS, secrétaire d’État bruxelloise à l’Égalité des chances).
Face à la situation, certains partis veulent faire bouger les lignes. Le PTB a déposé la semaine dernière une proposition d’ordonnance visant à corriger les défauts de jeunesse du dispositif. Plusieurs membres de la majorité bruxelloise appellent, eux, à une réforme rapide. « Nous attendons du ministre qu’il travaille rapidement sur la loi pour la rendre plus efficiente », pointe Fadila Laanan chez les socialistes. « On ouvre des réflexions, comme sur l’éventualité d’envoyer des inspecteurs simuler de vrais entretiens d’embauche plutôt que de se contenter de faux CV », cite la députée Farida Tahar (Ecolo). L’écologiste dresse également la piste du data mining (exploration des données) pour identifier d’éventuelles entreprises à tester.