Dans un podcast, l’universitaire et activiste amazigh Ahmed Assid s’est prononcé sur plusieurs sujets dont la répression des voix contestataires au Maroc, la liberté d’expression ou encore la laïcité.
Le blog est une contraction anglaise de web & log, ce qui signifie journal du web. Il est un espace sur Internet où l’on partage un journal personnel, social, communautaire, … « il s’agit d’un site personnel du genre e-"journal intime". C’est bien ça, à la différence que ce n’est plus intime car tout le monde peut le lire »
Le développement de ce canal de communication sur Internet est venu répondre à la soif des individus à communiquer et à partager leurs expériences, soucis et coup de gueule/cœur. Au Maroc, comme ailleurs, le phénomène prend de plus en plus de l’ampleur.
Le bloguing (acte de bloguer ou publier son blog) a commencé au Maroc et ailleurs en 2004. 20.000, c’est la dernière estimation du nombre de blogs marocains. Maktooblog (plate-forme égyptienne en arabe) revendique à elle seule 1540 blogs marocains »
Il faut signaler ici l’absence d’une étude scientifique académique retraçant les caractéristiques du phénomène du blog au Maroc, et force est de constater qu’il est difficile de réaliser une telle étude sur le sujet (problèmes techniques liés à internet, impossibilité de recensement,…). On estime globalement le nombre de blogs mis en ligne par la communauté marocaine du web à quelque 25.000 blogs. Cette communauté a même un nom qui figure désormais dans le langage des blogueurs et surtout sur des encyclopédies en ligne : la Blogoma. Elle est la contraction de blogosphère marocaine. Le terme a été avancé pour la première fois en 2004, pour faire allusion à la naissante communauté de bloggeurs au Maroc .
Parmi les pionniers de la blogoma, on peut trouver de tous les horizons :
Rachid Jankari : Ce pionnier est mordu par les nouvelles technologies. Il a entre-autres été rédacteur en chef du portail Menara. Il est administrateur d’une des mailings liste les plus performants du Maroc (MarocIT sur yahoo ).
Farah Kinani : Journaliste marocaine depuis quelques années aux USA, elle commente en anglais l’actualité du Maroc.
Taher Alami : « Monmaroc est un peu plus qu’un blog... ».
Hmida : Ce mordu du commentaire de l’actualité ne ménage aucun effort pour pousser des coups de gueule et aussi des coups de cœur. Il est très actif dans les commentaires des autres blogueurs.
Larbi : Cet ingénieur installé en Europe depuis peu, est l’un des premiers blogueurs marocains. C’est à lui qu’on doit l’annuaire des blogs marocains.
Maryam : Blogueuse depuis 2006, son blog a été sélectionné parmi les finalistes des « Bloggies 2007 Annual Weblog Awards » dans la catégorie « Best African or Middle Eastern Weblog ».
Typologie et activités de la Blogoma
Les blogeurs marocains sont de tranches d’âge et de catégories socioprofessionnelles très diverses. Comme annoté précédemment, en l’absence d’une étude scientifique sur le sujet, le constat est que le blogueur marocain est en général un citoyen âgé entre 25 et 35, de niveau d’instruction supérieur.
Les sujets traités dans la blogosphère marocaine sont représentatifs des soucis des citoyens marocains. Mais d’une manière générale, les sujets politiques sont prépondérants. Ajoutez à cela le foot, la cuisine, la poésie, internet, NTIC …. Le sens d’appartenance au sein de la communauté marocaine de bloggeurs est très aigu. Se plaçant entre le monologue et le dialogue, le weblog dégage des commentaires. Un simple suivi des commentaires émis sur les blogs marocains prouve que le "blog-comment" a aidé à l’émergence d’une communauté très soudée : la Blogoma. Loin d’être un réseau professionnel ou une communauté axé sur un loisir ou une cause, la blogoma est, avant tout, un réseau relationnel de très haute qualité formé par des individus qui se lisent fréquemment. Les bloggeurs marocains se connaissent très bien entre eux.
Tout d’abord, à travers leurs écrits. Les quelques rencontres qui se sont produites entre bloggeurs marocains témoignent de cela. Pour un certain nombre d’entre eux, visiter les blogs des autres est devenu une habitude, un acte de "blogétiquette". Des liens très forts se sont tissés entre eux, ils s’invitent dans pas mal d’occasions, s’inquiètent de l’absence de l’un d’entre eux. La blogoma démontre, ainsi, que blogger est un excellent acte de "social networking" ».
Les médias ont commenté sobrement la blogoma. Ainsi, France Inter a consacré une émission au blogotour organisé au Maroc. La station radio marocaine Aswat consacre désormais une émission hebdomadaire animée par une journaliste-blogueuse, Sanaa Guessouss. L’Economiste a, quant à lui, consacré un article du 15/11/2006 aux entreprises des blogs et sur comment faire du business avec son blog. Aujourd’hui, le Maroc a consacré plusieurs articles sur le sujet. Commentant les événements de la blogoma, nous lisons : "Un mouvement de fond s’opère ces dernières années dans le domaine des NTIC et le paysage médiatique mondial. Il s’agit de l’évolution en puissance du concept du blog ou weblog (journal sur Internet). Pour ne pas être les laissés-pour-compte de cette nouvelle dynamique, les Marocains se mobilisent. L’organisation de la première édition du « Blog Day Maroc » traduit leur intérêt croissant à ce nouveau moyen interactif de diffusion d’informations".
Militantisme numérique
La communauté des blogueurs marocains a su réagir si rapidement et si fermement sur les grandes questions du moment. De la formation du gouvernement au processus électoral, de la censure de Youtube et Google earth à la liberté de presse dans les affaires de journalistes (Al Watan, Nichane, …), de la condamnation de la visite de Juan Carlos aux présides occupés aux commentaires sur la loi de Finances, la blogoma touche à tout.
Certains tentent même de contenir cette communauté dans des associations para-politiques. En effet, islamistes et gauchistes essaient de rallier les blogueurs, mais sans succès, respectivement, à une « union » et à un « regroupement » des blogueurs du Maroc. Le film du « sniper de Targuiste » a été sans conteste un des sujets les plus commentés. La solidarité et la défense de liberté dépassent même les frontières. Des blogueurs commentent aussi la situation en birmanie, réclament la liberté d’expression dans des espaces publics (blogs et autres) dans des pays voisins.
Bref, l’expérience de la blogoma est tellement riche, féconde et dense pour être contenue en un seul article. En attendant que nos universitaires s’intéressent au sujet, nous nous contenterons d’observer ce phénomène extraordinaire en pleine expansion.
Libération - Mounir Bensalah
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