
Mohamed El Khalfi, figure emblématique du théâtre et de la télévision marocaine, est décédé samedi à Casablanca, à l’âge de 87 ans. L’acteur et metteur en scène avait quitté l’hôpital la veille après plusieurs semaines d’hospitalisation.
Malgré quelque retard à l’allumage, Beur TV Méditerranée émet depuis le 4 mars par satellite sur la France, l’Europe et le Maghreb. Elle sera prochainement proposée par le bouquet TPS et les câblo-opérateurs Noos et France Télécom Câble.
Son président, Nacer Kettane, a présenté, le 1er avril, à Paris, le projet télévisuel qu’il porte depuis plus de cinq ans. "Le lancement de Beur TV est un événement en soi, car notre chaîne sort des entrailles de la société française", s’est félicité celui qui est également le patron de Beur FM, l’une des radios communautaires maghrébines les plus écoutées de France (530 000 auditeurs).
Notre télévision a une ligne éditoriale unique au monde, a-t-il poursuivi, puisqu’elle va permettre aux enfants de l’immigration d’être un trait d’union entre les deux rives de la Méditerranée".
Selon M. Kettane, la création de cette chaîne, forte de nombreux soutiens incluant la réalisatrice Yamina Benguigui, l’islamologue Gilles Kepel ou encore la secrétaire d’Etat au développement durable, Tokia Saïfi, a pour double objectif d’"arrimer davantage la France au Maghreb" et "de renverser la discrimination qui existe dans les médias en France".
La chaîne, affirme M. Kettane, ancien membre du Haut Conseil à l’intégration, doit "permettre à beaucoup de journalistes d’origine maghrébine d’exercer, eux qui, à compétence égale, n’arrivent pas souvent à travailler en Europe et en France en particulier". Elle tentera de répondre aux attentes des six millions de Maghrébins qui vivent en France en proposant, aussi, une alternative aux 75 millions de téléspectateurs d’Algérie, du Maroc et de Tunisie.
INFORMATIONS ET DÉBATS
Installée dans la banlieue parisienne, à Suresnes (Hauts-de-Seine), Beur TV dispose de studios à Alger. La chaîne dispose d’un budget annuel de 5 millions d’euros pour 25 salariés. Ses programmes s’articulent autour des informations, des débats - pour l’instant très marqués par leur hostilité à la guerre en Irak -, des émissions de variétés, du sport, des documentaires et des émissions religieuses.
Les émissions sont présentées en français, mais certaines sont animées en arabe et en tamazight, la langue berbère. "Pour le moment, on teste un certain nombre d’émissions sur un format court", précise Arlette Casas, la directrice des programmes, qui promet une entière liberté de ton.
Le tour de table de la chaîne - "vierge de tout soutien étatique", arguent ses dirigeants -, n’est pas encore bouclé. Universal Multimedia serait au nombre des actionnaires, selon nos informations, tandis que la Banque populaire et GoFast Azur, un transporteur, auraient déjà donné leur accord. Une "grande chaîne généraliste française" pourrait bientôt les rejoindre.
Beur TV tentera de profiter des quelque 800 annonceurs gérés par la régie publicitaire de la station Beur FM. Une cinquantaine d’entre eux ont choisi de souscrire un "pacte d’annonceurs fondateurs". Conventionnée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, elle a en outre paraphé des partenariats avec TV5, Public Sénat, Canal Corse, ou encore la chaîne algérienne ENTV et l’italienne RAI.
A l’heure où Khalifa TV connaît de sérieux déboires, qui menacent sa pérennité (Le Monde du 2 avril), les dirigeants de Beur TV affichent prudence et volonté d’indépendance éditoriale : "Notre chaîne démarre modestement, mais nous voulons avancer avec méthode et sérieux".
Samy Mouhoubi pour lemonde.fr
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