
Le Maroc ne sait que faire de ses ressortissants en Syrie et en Irak
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À l’approche du procès des attentats à Bruxelles, la Belgo-marocaine Aicha Bacha, docteure en sciences politiques et sociales à l’Université libre de Belgique (ULB), livre les résultats d’une enquête qu’elle a réalisée sur l’univers familial des terroristes et djihadistes belges, d’origine marocaine pour la plupart, partis en Syrie.
Comment et dans quel milieu familial ces terroristes belges d’origine marocaine partis en Syrie ont été élevés, ont vécu et ont grandi ? C’est à cette question que répond Aicha Bacha dans son livre titré « Le Djihad en héritage sur le territoire belge », qui paraît aux éditions L’Harmattan. Une enquête au cœur de 32 familles où elle a rencontré et échangé avec les mères des djihadistes partis en Syrie qui décrivent des enfants « comme les autres », des « petits anges », écrit le journal La Dernière heure.
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Sur les 32 familles étudiées, au moins 7 avaient une situation « plutôt bonne », ce qui a poussé la chercheuse à axer ses recherches sur la cellule familiale. Les 32 mères décrivent des « naufrages familiaux », des familles éclatées par des divorces (huit cas) et des pères absents qui se sont « complètement désintéressés de l’éducation de leurs enfants ». « Quand les maris quittaient les mères, ils ne prenaient même pas la peine de demander des nouvelles des enfants. Et lorsqu’ils apprenaient la radicalisation de ceux-ci, ils rejetaient la faute sur les mères, pointaient l’éducation “imparfaite” qu’elles leur avaient donnée, et les laissaient assumer seules le fait d’avoir échoué dans leur rôle (de mère) », écrit Aicha Bacha.
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Sur la base des récits de 28 mères, la chercheuse a établi que les djihadistes partis en Syrie ont été témoins dans leur enfance des violences conjugales exercées par leur père sur leur mère. « Nous constatons que ceux-ci ont reproduit ce qu’ils avaient vu étant enfant, à la maison, à l’école, dans la rue, en Syrie », explique-t-elle, notant aussi « 8 cas de violence paternelle envers des enfants devenus terroristes ». Pour Aicha Bacha, ceci explique en partie la radicalisation violente de ces jeunes. « Quand les enfants sont témoins ou victimes, ils apprennent à normaliser le recours à la violence qui devient pour eux une manière admissible de gérer les conflits. C’est l’apprentissage social de la violence. Les enfants qui ont subi la violence reproduisent la violence », précise-t-elle.
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La plupart de ces familles sont originaires du nord du Maroc, une région où le taux moyen de criminalité est relativement élevé, analyse en outre l’universitaire, précisant qu’environ 75 % des 422 djihadistes partis en Syrie avaient des problèmes avec la justice avant leur départ. 142 y seraient morts, environ 150 se trouveraient toujours au Moyen-Orient et au moins 130 seraient rentrés dont une dizaine est morte dans les attentats de Paris et de Bruxelles. Aicha Bacha fait remarquer que les enfants de la même famille, exposés aux mêmes scènes de violence, ne sont pas tous partis en Syrie, ni ne sont devenus des djihadistes et des terroristes.
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