"Le projet remonte à plusieurs années. [...] On s’est rendu compte que beaucoup de jeunes filles étaient touchées par le phénomène de radicalisation et qu’il y avait un manque d’encadrement de la communauté musulmane en général, et des femmes et des filles en particulier. À l’exception de prédicatrices ’autoproclamées’ qui sillonnaient les mosquées sans aucune reconnaissance officielle", a fait savoir Salah Echallaoui, vice-président de l’Exécutif des Musulmans de Belgique.
À l’en croire, ces femmes joueront "à peu près le même (rôle) qu’un imam", à l’exception de la direction de la prière, relevant des devoirs des hommes dans toute la communauté musulmane. "Ces théologiennes et prédicatrices participeront à la vie religieuse de la communauté ; elles seront dans et autour des mosquées, pourront donner des conférences, participer aux cérémonies religieuses comme les circoncisions, les mariages, être à l’écoute des personnes, résoudre leurs problèmes de couples qui sont en lien avec un aspect religieux et théologique", a expliqué Salah Echallaoui. Il ajoutera que ces théologiennes et prédicatrices ne dépendront pas d’une mosquée en particulier. Elles seront ’itinérantes’, en ce sens qu’elles sillonneront les mosquées dans les trois régions.
Après leur recrutement, elles bénéficieront d’une formation continue, comme les imams. Selon Salah Echallaoui, ce réseau de théologiennes fait partie "du chantier de créer une religiosité bien ancrée et éclairée dans la société, qui n’entre pas en contradiction avec la société moderne."
Le même projet existe au Maroc depuis plus d’une dizaine d’années et est connu sous le vocable les Murchidât. "L’expérience était très intéressante au début pour sa symbolique", affirme Asma Lamrabet, théologienne marocaine. Pour elle, au-delà de la symbolique, les Murchidâts ont un rôle social très important. "Mais pour ce qui est de l’expérience au Maroc, elle s’est un peu essoufflée", se désole-t-elle.