
Depuis la promulgation de la nouvelle loi « asile et immigration » en France, les expulsions sous OQTF visent désormais plusieurs catégories d’étrangers autrefois protégées par la loi.
Pol Scelout est un ressortissant belge marié à une Marocaine et installé à Casablanca depuis 1998. Ce sont les déboires financiers d’une affaire montée en Belgique qui ont expatrié Pol vers un autre pays : "Je ne peux pas tout vous dire ! mais en Belgique, ma société a fait faillite et cela à cause d’une soumission pour un travail qui m’était logiquement acquis et qui m’est passé sous le nez par malhonnêteté et copinage haut placé...".
Notre homme, il faut bien l’avouer, ne porte plus notre pays dans son coeur. On le comprend un peu car à l’époque, il avait 56 ans : "je me sentais plus proche de la pension que de recommencer dans une nouvelle besogne" . Mais contre mauvaise fortune, bon coeur, Pol a pris son courage à deux mains et a lancé une nouvelle société en se catapultant au Maroc. L’aventure mêlée au courage le fait s’installer dans le quartier Bourgogne à Casa. Cependant, jamais le désespoir ne l’emporte : "Je voulais y arriver par vengeance et pour me prouver que l’injustice que j’avais endurée dans mon pays ne devait pas m’abattre !" . Dans les mots de Pol, on peut encore sentir de la rage mélangée à de l’hostilité. Il ne veut plus remettre les pieds en Belgique : "Quand j’ai quitté la Belgique, c’était dans l’intention de rester au Maroc contrairement à beaucoup d’expatriés. "Il a un fils de 28 ans qui vient le voir régulièrement ainsi que son frère et sa soeur restés dans la région d’origine de Pol : le Namurois.
"En général, beaucoup d’Européens, nous confie Pol, repartent au bout de quelque temps. Dans la plupart des cas, ils se disent que s’ils n’arrivent pas à s’intégrer, ils plieront bagage. Avec cette intention, ils ont un pied au Maroc et l’autre chez eux. Mais de l’avis de tous les Belges que j’ai rencontré, on ne réussit jamais à vivre ainsi au Maroc." Il y a aussi l’autre catégorie d’émigrants européens : les rêveurs. "Moi, je ne me nourrissais d’aucun rêve à réaliser dans un pays comme le Maroc, je devais gagner, je devais m’en sortir" .
Et c’est donc, sans tenir compte des réalités du pays que Pol s’aventure dans sa nouvelle vie :" cela aurait pu être un autre pays ; Ma seule survie intellectuelle était de vivre loin de chez moi, à l’époque" . Mais en creusant un peu, Pol parvient à nous exprimer que c’est grâce à l’accueil d’une famille marocaine connue en Belgique que son intégration rapide a pu se faire. La rencontre avec Rabia qui deviendra sa femme fait partie aussi de sa rage de vivre : "par passion, je suis devenu souple et heureux" . Pol, par amour, s’est converti et se débrouille avec la langue arabe ! Pol a bâti une petite entreprise de location et montage de chapiteau qui emploie près de 15 personnes et qui se ballade à travers le royaume selon les manifestations.
La Dernière Heure
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