Une djihadiste marocaine « repentie » devant les assises de Paris
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Abdelhakim Sefrioui, militant propalestinien, est considéré comme le principal accusé du meurtre de Samuel Paty, professeur du collège du Bois-d’Aulne, tué en octobre 2020. Comme ses sept coaccusés, il comparait ce lundi devant la cour d’assises de Paris.
Le prédicateur franco-marocain rejette les accusations portées contre lui. « Jamais, je n’ai été condamné pour violence ou pour appel à la haine », affirme-t-il, niant être une figure clé de l’islam radical en France, comme l’insinuent les « notes blanches du préfet Laurent Nuñez », et dénonçant les « ragots » de l’imam Hassen Chalghoumi, tête de file de l’islam modéré en France. Placé en détention le 16 octobre 2020, quelques jours après l’assassinat du professeur Samuel Paty, Abdelhakim Sefrioui avait été initialement mis en examen pour « complicité d’assassinat terroriste », puis pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle », rapporte Le Nouvel Observateur.
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Deux semaines avant le meurtre, le militant avait qualifié Samuel Paty de « voyou » dans le collège du Bois-d’Aulne où ce dernier exerce, estimant que le professeur a fait preuve d’islamophobie en montrant des caricatures de « Charlie hebdo » lors d’un cours. Il était accompagné de Brahim Chnina, le père de l’élève qui avait dénoncé Samuel Paty, devenu son coaccusé. Dans une vidéo enregistrée devant l’établissement et largement relayée sur les réseaux sociaux, il a appelé à l’exclusion du professeur. « Une campagne de haine orchestrée », dénonce le parquet national antiterroriste.
Le maintien en détention d’Abdelhakim Sefrioui est « un scandale d’État », s’était emporté son premier avocat, Ouadie Elhamamouchi, dénonçant « un dossier politique ». Le militant est connu de la police et de la justice françaises. Né à Fès au Maroc, le prédicateur est arrivé en France en 1982 pour poursuivre ses études à l’université du Mans. En 1985, il épouse Nelly, une Française convertie à l’islam. Le couple a eu trois enfants. Cette même année, il participe, en tant que défenseur des droits du peuple palestinien, à une manifestation contre l’ambassadeur d’Israël en visite sur son campus.
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Rapidement, le Franco-marocain se révèle comme un prédicateur engagé. Il dirige une salle de prière aux Ulis dans l’Essonne et devient membre fondateur du Conseil des imams de France qui promeut une idéologie proche des Frères musulmans. Après son divorce en 2000, le militant islamiste se consacre à sa librairie religieuse, située non loin de la mosquée Omar à Paris (11ᵉ). Puis, il crée en 2004 le collectif Cheikh Yassine, du nom du chef du Hamas tué par l’armée israélienne la même année. Sous cette bannière, il participe à de nombreuses manifestations où des drapeaux israéliens sont brûlés.
« On reproche à cet homme de 65 ans qui a consacré sa vie à enseigner et à mener un combat politique de ne pas avoir anticipé l’inimaginable », s’étonnent les avocats de Sefrioui, Vincent Brengarth et Colomba Grossi. Et son premier avocat, Ouadie Elhamaouchi, de marteler : « Abdelhakim Sefrioui n’est ni salafiste ni un djihadiste. Il est militant propalestinien. Dire autre chose, c’est jouer avec l’ambiance et l’atmosphère que l’on veut donner à ce dossier parce qu’il est vide. »
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