La frontière entre l’Algérie et le Maroc a été exceptionnellement ouverte cette semaine pour permettre de rapatrier le corps d’un jeune migrant marocain de 28 ans, décédé par noyade en Algérie.
Du jamais vue. A en croire les responsables de l’immigration au Québec, le « rêve canadien » prend des dimensions phénoménales au Maroc. On parle même « d’une explosion » des demandes d’émigration. A tel point qu’on s’attend à ce que le Maroc soit en tête de liste des pays fournisseurs d’émigrés.
Au Maghreb, Marocains et Algériens forment le plus gros contingent de candidats. Les Tunisiens arrivent loin derrière en troisième place.
En trois ans, les demandes en provenance du Maghreb ont augmenté de 320% ! Elles sont passées de 5.000 à 16.000. Cette progression fulgurante a pris de court les services québécois qui n’ont pas pu réallouer les ressources à temps. Ce qui a abouti à un embouteillage « terrible » dans le traitement des dossiers. Un arriéré de 19.000 dossiers s’est accumulé pour la région du Maghreb. Avec les moyens actuels du gouvernement du Québec, il faut compter entre 5 et 7 ans pour voir aboutir un dossier d’émigration.
Ce qui est énorme. Même si les responsables affirment que ce délai n’est jamais réalisé, il n’en demeure pas moins que les délais se sont prolongés.
La seule solution est d’accélérer les procédures. « Nous avons entrepris une opération de rattrapage administratif depuis le début de l’été avec l’objectif de traiter les 19.000 dossiers dans un délai de 24 mois », affirme Maryse Alcindo, sous-ministre chargé de l’Immigration.
L’engouement des Maghrébins pour le Québec a atteint des dimensions « incroyables ». A eux seuls, ils pourraient absorber toute la capacité d’accueil du Québec. « La Belle Province » accueille entre 25 et 30.000 travailleurs qualifiés par an. Le Maghreb fournit, à lui seull,19.000 dossiers. Si en moyenne, il faut compter deux personnes par dossier, cela aboutirait à 38.000 candidats. Un nombre qui dépasse largement la capacité d’accueil du Québec.
Il existe quelque 70.000 Marocains au Canada. L’émigration marocaine a commencé dans les années 60. A caractère économique, elle fut, au début, urbaine, scolarisée et principalement composée d’immigrants juifs sépharades.
Selon le ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration du Québec, l’émigration des Marocains a connu une forte augmentation entre 1987 et 1991. Les deux tiers des personnes admises font partie de la catégorie de l’immigration économique, l’autre tiers de la catégorie regroupement familial.
Le mouvement connaîtra une ascension encore plus importante entre 1991 et 1996, avec une prépondérance de la catégorie des migrants économiques.
L’émigré marocain est généralement de sexe masculin, ayant un niveau scolaire postsecondaire et fait partie de la catégorie des travailleurs qualifiés.
2002 sera une année charnière, vu le nombre des demandes déposées. Partir au Canada séduit de plus en plus. Mais le rêve du paradis québécois tourne parfois au cauchemar.
Nadia LAMLILI - L’économiste
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