Ali Baddou "présente bien"

22 octobre 2008 - 10h56 - Culture - Ecrit par : L.A

A 34 ans, cet agrégé de philosophie bien élevé, tient la matinale de France Culture, fait chroniqueur au « Grand Journal » de Canal + et enseigne à Sciences-Po.

Au secours Marcel Proust ! Ali Baddou est un garçon qui ne se déboutonne pas facilement : sortons donc le bon vieux questionnaire, légèrement modifié pour la circonstance.

Votre devise ?

« Je maintiendrai », répond-il sans hésiter. La devise du prince Guillaume Ier d’Orange-Nassau. Maintenir quoi ? « Le rythme, l’envie, l’exigence. » Le jeune homme courtois de 34 ans qui tient la tranche matinale de France Culture depuis deux ans n’est pas là par hasard : son ambition va au-delà du professorat auquel le destinait son agrégation de philo, et son brin de narcissisme (qu’il reconnaît volontiers) lui fait chercher la lumière. A la rubrique métier, il répond pourtant : « Enseignant. » Parce qu’il dispense à Sciences-Po quatre heures de cours hebdomadaires en « philosophie publique », et que France Cul est une grande école de la connaissance, n’est-ce pas ? Son « exigence » lui a fait décliner l’offre de Canal + qui le voulait pour sa propre matinale, avec une rémunération nettement plus élevée que celle du service public (nous ne connaîtrons ni l’une ni l’autre).

Votre plus grande peur ?

« Etre lâche. » Sait-on jamais comment on se comporterait devant des choix douloureux ? Jusqu’à présent, la vie a épargné à Ali Baddou les plus grandes épreuves. Il est né à Paris de parents marocains aisés : lui diplomate, elle dans la banque. De 5 à 9 ans, il réside à Washington DC : « Un âge d’or », se souvient-il. L’essentiel de sa vie, il l’a passé ensuite dans le Ve arrondissement de Paris, entre lycée Henri-IV et Sorbonne. Il habite aujourd’hui près du Panthéon. Mais il n’oublie pas que ses deux grands-pères, nationalistes marocains, se sont rencontrés en prison. Ils y ont passé trois ans, en compagnie de Mehdi Ben Barka. Ali Baddou est le produit indirect de cette cohabitation.

Vos héros ?

« Batman, Spiderman, Superman. » Dans cet ordre.

La faute pour laquelle vous avez le moins d’indulgence ?

« Avoir une attitude méprisante. » On ne sait si Ali Baddou a souvent subi le mépris, mais il lui est arrivé d’être confronté au « racisme ordinaire ». Il y a deux ans à Cannes, un flic refuse d’enregistrer sa plainte pour vol de portefeuille au simple énoncé de son nom. L’affaire finira par s’arranger grâce à une fliquette moins stupide. « Le racisme m’est évidemment insupportable mais, au fond, je m’en défends en me construisant une indifférence. » Jusqu’à l’âge de 22 ans, il ne possède qu’une carte d’identité marocaine. Il demande alors à bénéficier également de la nationalité française. L’administration lui répond en substance : vous êtes né en France, vous êtes donc français. Et au fait, votre service militaire ? Voilà les gendarmes qui débarquent au domicile de l’insoumis, et direction la caserne de la porte des Lilas. Bienvenue en France ! Il ne connaîtra les joies du régiment d’infanterie que durant une semaine, son statut d’étudiant - et sans doute quelques relations - finissant par le sortir de là. Bonne fille, l’armée lui remettra à son départ une enveloppe contenant 57 francs, en liquide.

Qualité préférée chez un homme ?

« L’humour. »

Et chez une femme ?

« L’humour. »

Quel serait pour vous le plus grand accomplissement ?

« Euh… » Ali Baddou part aux toilettes (déjà deux Coca Light pleins de glaçons et il est à peine 11 heures). Il revient : « Je ne sais vraiment pas quoi répondre. » On lui suggère : écrire un roman mémorable ? Roman il y aura, oui, il a déjà noirci 180 pages. Pas de l’autofiction, un vrai récit. Mais ce n’est pas de ce côté-là qu’il verrait le grand accomplissement. En fait, l’idée même de « s’accomplir » lui semble étrange, sinon étrangère.

Votre occupation préférée ?

Il répond « la lecture » parce qu’il faut bien dire quelque chose. Comment aimeriez-vous mourir ? « Sans m’en apercevoir ». Etat d’esprit présent ? « Serein ». A ces trois questions, Mazarine Pingeot avait fait les mêmes réponses dans l’Express en 2005. Si l’on parle ici de la fille de François Mitterrand, c’est parce que, longtemps, Ali Baddou a été connu comme « le fiancé de Mazarine ». Leur relation, nouée à Henri-IV, a duré de 1992 à 1998. L’un et l’autre préfèrent en garder un bon souvenir plutôt que d’en discuter avec les journalistes, au revoir messieurs dames. On a soupçonné Baddou de devoir sa trajectoire à cette proximité mitterrandienne, il a démontré depuis qu’il avait d’autres qualités à faire valoir. Il se reconnaît une sensibilité de gauche mais n’est encarté nulle part. Sa nouvelle relation affective l’entraînerait souvent du côté de Londres.

Vos auteurs favoris ?

« Salinger, Fitzgerald. »

Votre film préféré ?

« La série des Parrain, de Coppola. » Il se dit aussi accro aux séries télé américaines. L’agrégé de philo aime qu’on lui raconte des histoires. Il aime aussi afficher des goûts simples, apparemment. Bon, il concède que Pourquoi êtes-vous pauvres ?, de William T. Vollmann (Actes Sud), est le livre de la rentrée qu’il préfère.

Votre dernier fou rire ?

« Avec un de mes cousins qui travaille chez Lehman Brothers. C’était le jour où la banque a été mise en faillite. »

Que possédez-vous de plus précieux ?

« Mon éducation. » Même s’il ne l’étale pas, sa culture impressionne les gens qui le côtoient. Olivier Duhamel, chroniqueur des matins de France Cul et compagnon de cigarette pendant les breaks (moins d’un paquet quotidien pour le philosophe, deux et demi pour le politologue), admet avoir trouvé le successeur de Nicolas Demorand « un peu léger, superficiel » au début. « J’ai découvert ensuite un type capable d’une profonde réflexion, plus discret que Demorand et moins dans l’impertinence systématique, mais doté d’une culture étonnante. » Les amis d’Ali Baddou louent par ailleurs sa fidélité et sa grande générosité. Nicolas Demorand, qui l’a rencontré via la diaspora marocaine en France et lui a mis le pied à l’étrier de la radio, en parle comme d’un « ami absolu », à la fois « joyeux, drôle, festif ». Qualités qui ne sautent pas aux yeux lors d’une première rencontre. L’animateur des matins de France Inter explique : « La forte médiatisation de sa relation avec Mazarine Pingeot l’a amené à compartimenter vie publique et vie privée de façon très étanche. » Sachez donc qu’Ali Baddou peut aussi être un grand déconneur.

Vos compositeurs préférés ?

« Schubert, mais j’écoute beaucoup Coldplay. » Dernier morceau sur iPod ? Du Led Zeppelin. Et puis aussi Coltrane et l’Orchestre Baobab (le groupe sénégalais).

Que changeriez-vous à votre apparence physique si vous le pouviez ?

« Si je réponds rien, on va dire que je me la pète, s’inquiète le beau gosse de 1,86 mètre. Disons qu’il faudrait peut-être que j’entretienne un peu mes abdos. » Exercice pas inutile lorsqu’on se lève à 4h30 et que l’on court entre radio, télé (il est aussi chroniqueur littéraire dans le Grand Journal de Canal) et Sciences-Po. Coucher avant 23 heures.

Vos qualités ?

Ne sait pas. Défaut : a un vrai problème avec les photographes.

Source : Libération.fr - Edouard Launet

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