Dans leur rapport sur les « enjeux de défense en Méditerranée », les députés Philippe Michel-Kleisbauer (Modem) et Jean-Jacques Ferrara (Les Républicains) ont mis en avant les évolutions capacitaires des forces algériennes. « L’évolution projetée du tonnage de leur composante navale est de +120 % entre 2008 et 2030 », notent-ils. Il est attendu une hausse de +3,5 % pour la marine algérienne durant la même période. Selon ces élus français, la modernisation des capacités militaires algériennes se poursuit.
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Ils évoquent la constitution de « capacités offensives hauturières », concentrées en particulier à Mers el-Kébir, de « capacités de frappes dans la profondeur, y compris en Europe, avec six sous-marins Kilo dotés de missiles SS-N-30 Kalibr [dont la portée est limitée par rapport à celle des engins en service au sein de la marine russe, NDLR] et ses avions de chasse Su-30 MKA et Mig-25 PDA », de « capacités de tirs quasi-balistiques, avec le [missile] SS26 Iskander », et de « capacités de déni d’accès et d’interdiction de zone en Méditerranée occidentale, à travers un dispositif de défense anti-aérienne composé de S-300 et prochainement S-400 et des systèmes perfectionnés de radars [notamment de type Rezonans], de brouillage et de guerre électronique ».
Avec ces capacités, l’Algérie pourrait « constituer une véritable bulle de déni d’accès dans le détroit de Gibraltar et jusqu’au sud de l’Espagne, dans une logique de sanctuarisation de la Méditerranée occidentale », estime le général Philippe Moralès, le commandant de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA). En d’autres termes, si le voisin de l’Est réussit cette percée militaire, il pourrait bloquer la marine marocaine en cas de conflit.
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Les auteurs du rapport précisent par ailleurs que « l’Algérie n’a pas à ce stade de volonté de projection de puissance » et que son « réarmement massif obéirait par conséquent à des finalités principalement dissuasives : signal stratégique à l’égard du rival marocain, protection du territoire, dans un contexte de forte préoccupation sécuritaire à ses frontières [Mali et Libye], préservation du prestige de l’armée et illustration de l’influence de cette dernière sur le pouvoir politique ».