Tradition fortement ancrée chez les membres de la communauté, composée principalement de Turcs et de Marocains, l’Aid Al Kébir n’est pas seulement le jour du sacrifice du mouton, mais aussi l’occasion de retrouvailles familialeset communautaires. Pour cette grande fête, les familles se réunissent même si l’abattage ne se fait pas à la maison et les chefs de ménages se chargent du rituel qui se déroule généralement dans des endroits déterminés par les autorités locales. Rien qu’à Bruxelles, pas moins de 2.000 ovins seront sacrifiés cette année. Les autorités locales y ont installé quatre sites d’abattage d’une capacité de 600 moutons. Ce dispositif est mis en place pour dissuader la population d’abattre clandestinement les bêtes dans les appartements.
Cependant, cette pratique, quoique sanctionnée par une forte amende, reste de mise chez certaines familles qui ne sont pas prêtes à abandonner l’ambiance de la fête à domicile pour faire plaisir aux autorités, qui, de surcroît lancent depuis quelques années une fatwa selon laquelle les dons aux nécessiteux ou aux ONG caritatives constituent une alternative, valable et appropriée en milieu urbain, à l’abattage d’une bête. Cette recommandation, qui a été soigneusement glissée dans des dépliants distribués par l’agence Bruxelles-propreté sur ordre, dit-on, du gouvernement régional de la ville de Bruxelles, n’est pas restée sans échos auprès de la communauté musulmane qui a dénoncé une volonté délibérée de vouloir dévier la communauté de ses traditions et partant s’immiscer dans ses affaires religieuses.
Au-delà de cette polémique, ajoutée à celle suscitée par les difficultés que connaît l’Exécutif des Musulmans de Belgique à renouveler ses instances dirigeantes et à asseoir sa crédibilité, la communauté musulmane reste fortement attachée au sacrifice en dépit des restrictions qui s’ajoutent parfois à celles qu’éprouvent de nombreux fidèles à se libérer de leur travail le jour de l’Aïd.
MAP