Deux milieux de terrain marocains, révélations de la Coupe du monde 2022, sont au cœur d’un mercato agité. Leurs situations au sein de leurs clubs semblent s’être compliquées, laissant planer le doute sur leur avenir.
La rédaction de lavoixdessports.com a élu le défenseur central meilleur joueur du VAFC pour l’année 2007. Débarqué de Grèce en janvier, Abdeslam Ouaddou est, un an plus tard, le guide du VAFC. Capitaine, l’international marocain, qui rejoindra bientôt le Ghana pour jouer la CAN, est l’un des meilleurs défenseurs centraux de L1. Travail, humilité, chaleur, il incarne VA et se nourrit des vibrations de Nungesser. Immersion chez celui qui a tout changé.
Une fin d’après-midi chez les Ouaddou, dans un petit village au sud de Valenciennes. Froid dehors et chaud dedans. Le fiston de cinq ans met en mouvement sa photo accrochée au mur. Le papa sourit. « Sûr que ça me plairait qu’il devienne footballeur. C’est un beau métier… » Surgit la petite soeur, trois ans, un tourbillon qui se jette à son cou pour faire l’avion. « Une fille, c’est pas pareil… », se marre-t-il, sous les yeux de Malika, son épouse, radieuse. La maman attend un troisième heureux événement pour la mi-janvier.
« S’ils sont heureux, je suis heureux… », apprécie le chef de famille. La femme et les enfants d’abord. Ouaddou à VA, c’est donc à cause d’eux. « En Grèce, pour le foot c’était bien, mais la famille était déboussolée. » Après six mois au Pirée, il a arrêté les frais. Et VA fut le plus prompt. « Nancy me voulait mais je n’étais pas la priorité. Antoine (Kombouaré), lui, a été clair. Six mois pour voir. Ça s’est bien passé. J’avais donné ma parole, je suis resté. » Malgré les propositions d’Espagne, d’Allemagne… En janvier 2007, son impact se résume à deux premiers matchs pour deux victoires, dont une mémorable au Parc (1-2), qui coûta sa place à Lacombe.
Jusque-là, VA ne s’était pas encore imposé à l’extérieur… Deux demi-saisons et un statut d’indispensable. Son bilan écrase tout : 27 matchs, 11 victoires, 10 nuls et 6 défaites.
Le secret d’une intégration aussi réussie se devine. Ouaddou a retrouvé dans le Nord ce qu’il aime, « des valeurs (qu’il) partage, des personnes qui parlent vrai ». Né dans le sud du Maroc, près d’Errachidia, il vit en France depuis l’âge de trois ans. Jeunesse à Nancy, avec sa soeur et ses deux frères. « Quand on est arrivés, ma mère “flippait”, il y avait de la neige. » Son père connaissait. Mineur, il avait creusé à Douchy-les-Mines (près de Denain) avant de partir en Lorraine.
Quand « Abdes » dit à ses parents qu’il veut devenir pro, ils ne comprennent pas tout de suite. « Pour eux, le sport c’était un loisir. La réussite, c’était se retrouver derrière un bureau. » Perdu. Le rejeton s’épanouit tellement à Jarville, son premier club, qu’il rejoint le centre de formation de Nancy. Là, le fils se souvient du mot courage. « Je n’étais pas parmi les meilleurs, mais avec le boulot je suis passé devant. » À l’époque, il croise Mody Traoré, futur équipier à VA.
Treize ans après, Ouaddou savoure, serein, et attend la suite. « Je viens d’avoir 29 ans. On dit qu’on est au maximum. Moi, je mesure qu’en un an à VA, j’ai beaucoup appris. Tous mes coachs m’ont apporté. À Fulham, Tigana m’a enseigné la rigueur tactique. Böloni, à Nancy puis à Rennes, m’a donné l’agressivité. Kombouaré, lui, me fait avancer dans la prise de responsabilités. »
« Ici, on sait pour qui on bosse »
Cette saison, le capitaine vit « quelque chose d’exceptionnel ». « Ici on sait pour qui on bosse. Il y a des gens qui font avancer le club. Quand tu viens travailler, tu n’as pas mal à la tête. » L’état d’esprit ? Ouaddou confirme. « Rudy (Mater), José (Saez), Mody (Traoré) et Steve (Savidan) tiennent la flamme. Ils ont tout connu. Ils sont importants, rien ne peut se perdre avec eux. » Pour garder le temple, Ouaddou mise aussi sur le public. « La saison dernière, quand on a enchaîné les 0-0, il n’a jamais lâché. J’espère que Nungesser conservera longtemps cette mentalité, c’est rare, précieux. À Nancy, c’est plus difficile. On vient d’aller faire 0-0 là-bas et le public a sifflé alors qu’ils sont deuxièmes ! » Ça plus ça… Au fond de lui, Ouaddou sent qu’il a posé ses valises. « Nous sommes bien ici. Je ne cours plus. J’ai gagné ma vie, je cherche la stabilité. Il y a un beau projet et mon projet c’est Valenciennes. Ce n’est pas un manque d’ambition. Je serais heureux de jouer dans le nouveau stade, de voir le public y puiser de la joie. On aura fait ça avec une bande de potes. On pourra être fiers. »
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