Les initiatives gouvernementales et le retour massif des Marocains résidant à l’étranger (MRE) contribuent à la relance du marché de l’immobilier marocain.
« Quand le bâtiment va, tout va », répète-t-on à l’envi. Cet axiome reflète pourtant une réalité préoccupante. La flambée des prix de l’immobilier lèse particulièrement les citoyens. Seuls les promoteurs semblent s’enrichir d’une façon scandaleuse.
Ainsi, que ce soit à Tanger, Rabat, Marrakech ou Casablanca, la spéculation foncière atteint des proportions inquiétantes. A Casablanca, par exemple, dans certaines zones, le mètre carré frôle allègrement les 16.000 dh, à Tanger, certains appartements sont proposés à plus de 30.000 dh le mètre. Rabat n’est pas en reste dans cette surenchère puisque dans certains quartiers, le mètre carré se négocie jusqu’à 14.000 dh. Marrakech, pour sa part, n’en finit pas de séduire Marocains et Européens. Le résultat était prévisible, le prix des terrains a flambé et celui des appartements a suivi cette courbe ascendante. Un appartement de haut standing peut facilement atteindre les 15.000 dh le mètre carré.
En moins de deux années, le prix de l’immobilier a augmenté, pour certaines villes, de 30 à 50%. Cette tendance haussière n’est pas prête de s’arrêter.
Mais si, pendant des années, Casablanca était considéré comme la ville la plus chère au niveau du foncier, cela n’est plus vrai aujourd’hui. Ainsi, à standing équivalent, Rabat, Marrakech ou Tanger affichent des prix nettement plus élevés.
Les surliquidités des banques, les facilités qu’elles accordent aux promoteurs et aux particuliers, les transferts des MRE contribuent à ce formidable boom de l’immobilier. Il y a aussi la chute des taux d’intérêt et ces campagnes de promotion menées par les banques pour attirer le plus grand nombre de clients. Mais ce qui fausse grandement la donne, c’est le fait que le béton devient la voie idéale pour blanchir l’argent sale. Ce qui explique, en partie, la flambée des prix à Tanger, par exemple. Le secteur, lui-même, génère de l’argent noir, sachant que tous les promoteurs exigent, au moment des transactions, un dessous de table, non déclaré, et partant qui échappe au fisc.
L’accès à la propriété, rêve d’une majorité de Marocains, se trouve confronté à la réalité des prix. Ce renchérissement de l’immobilier ne fait pas, on s’en doute, le bonheur des ménages moyens. En l’absence d’un parc locatif à des prix attrayants, nombreux sont ceux qui n’ont de cesse que de posséder leur propre logement pour faire partie de ceux qui possèdent un bien immobilier. Il faut dre qu’au Maroc cela équivaut à une certaine réussite sociale. Aussi, ces derniers mois, les banques ont ratissé large et proposé des formules de crédits pouvant aller jusqu’à 40 ans ! Mais la spéculation aidant, ou plutôt la pénurie de terrains devenue bien réelle, les prix des terrains se négocient à prix d’or. Ainsi, un terrain destiné à la construction d’un R+5 s’est vendu, dans le quartier Hassan à Rabat à 16.000 dh le mètre carré. On retrouve le même scénario à Marrakech où des terrains sont vendus à plus de 12.000 dh.
Mais si à première vue, le Maroc est devenu un immense chantier où l’on construit à tour de bras, il n’en demeure pas moins que si rien n’est entrepris, l’accès à la propriété, deviendra un luxe. Dans cette donne, seuls les logements sociaux pourront tirer leur épingle du jeu.
Khadija Alaoui - Libération
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