Grippe saisonnière : le ministère de la Santé incapable de gérer la situation ?

2 novembre 2020 - 06h40 - Maroc - Ecrit par : Bladi.net

La difficile gestion de la pandémie du coronavirus ne rend pas la tâche facile au ministère de la Santé qui doit déjà faire face également à la grippe saisonnière. Pour preuve, un bon nombre de Marocains ne pourront avoir accès cette année au VaxiGrip.

Cette année, trois éléments contribueront grandement à limiter l’accès au VaxiGrip pourtant très prisée au Maroc. Il s’agit souligne Hespress, de la quantité très réduite commandée par le ministère de la Santé, la délivrance du vaccin conditionnée par une ordonnance, et le prix même du vaccin.

Pointant du doigt la quantité commandée par le ministère, mais également le fournisseur du vaccin, des voix se lèvent, dont notamment celle de l’Association marocaine des Droits Humains (AMDH). Son président, Aziz Ghali, y voit « une incapacité du ministère à gérer la situation ». Selon lui, « L’année dernière, le ministère avait fourni 600 000 doses, dont 200 000 ont été réservés aux départements gouvernementaux et aux corps habillés, et 400 000 vendues en pharmacie. Cette année, il en a commandé moins. Et après le personnel de la santé, les Ramedistes et autres, il restera une quantité minime qui ne manquera pas de générer une réelle crise », déplore-t-il.

D’après Aziz Ghali, le besoin serait évalué à «  quelque 6 à 7 millions, et nous n’avons même pas la moitié des doses nécessaires ». Face à cette situation, il recommande que les personnes ayant des maladies chroniques soient vaccinées en premier. Revenant sur la cause de cette « pénurie », Aziz Ghali tient pour responsable, le ministère de la Santé. Le département a opté pour le choix d’un seul et unique fournisseur, à savoir le Français Sanofi, qui lui, a priorisé la France et l’Europe. Or face aux longues listes déjà en attente, « Il aurait été plus pertinent et efficace de multiplier les fournisseurs, d’aller chercher le produit là où nous pouvons couvrir la totalité de nos besoins, et avec des prix abordables en plus, d’autant plus qu’il était prévisible qu’il y aurait une ruée », regrette ce pharmacien de formation.

Évoquant le retard de livraison du vaccin, Ghali affirme qu’une course contre la montre est déjà engagée. Car, souligne ce spécialiste en biologie et responsable des recherches au People’s Health Movement (PHM), cette situation réduira à coup sûr l’efficacité du vaccin, qui devient « inutile » si fait au-delà du 15 novembre, car il ne sera actif qu’à partir du 1ᵉʳ décembre. Quant au prix du vaccin, il a connu une augmentation, passant de 72,80 à 123,50 dh, en plus de la consultation médicale (minimum de 150 dh). Au total, le coût sera porté à 290 dirhams, une somme qui n’est pas à la portée de toutes les bourses, insiste-t-il. Et d’ajouter que « Beaucoup de sujets à risque seront dans l’incapacité d’accéder au vaccin, car trop cher ou tout simplement introuvable, et c’est le ministère qui sera responsable de toute complication ou détérioration de leur état de santé ».

Par ailleurs, Aziz Ghali a indiqué que l’AMDH « tient le ministère pour responsable de tout ce qui découlera de cette mauvaise manière d’appréhender une situation déjà critique ».

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Santé - Association Marocaine des Droits Humains (AMDH)

Aller plus loin

Le vaccin contre la grippe assure-t-il une protection contre le Covid-19 ?

Les études sur le Covid-19 se multiplient dans le monde. Une récente étude néerlandaise sur le serveur MedRxiv démontre que le vaccin contre la grippe pourrait prévenir...

Le Maroc parmi les pays les moins préparés pour affronter une épidémie

À l’instar de nombreux pays du monde, le Maroc éprouve des difficultés pour anticiper sur la prise en charge des patients lors des épidémies et pandémies. Cette année, le...

Maroc : vaccin de la grippe gratuit pour les plus pauvres

Le Maroc lance à la fin du mois d’octobre la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière, dans un contexte marqué par la pandémie du Covid-19. Le ministère de la Santé...

Covid-19 et grippe saisonnière : les médecins appellent à la vigilance

Au regard de la recrudescence du coronavirus dans le Royaume, les médecins exhortent à la vigilance pour ne pas confondre la grippe saisonnière et le Covid-19. Ils...

Ces articles devraient vous intéresser :

Lissage brésilien : alerte sanitaire en France, le Maroc également concerné

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a récemment émis une alerte concernant l’utilisation de produits de « lissage brésilien » contenant de l’acide glyoxylique, un ingrédient cosmétique...

Une nouvelle attaque de sanglier mortelle au Maroc

Une jeune femme a été tuée par un sanglier la semaine dernière dans la province d’Al Haouz. Elle a succombé à ses blessures malgré sa prise en charge dans une clinique.

Une maladie menace les enfants marocains

La propagation de la maladie de leishmaniose dans plusieurs provinces marocaines préoccupe le Parlement. Une députée a interpellé le ministre de la Santé et de la Protection sociale Khalid Ait Taleb sur ce sujet.

Malade, Aïcha Mahmah expulsée par une clinique

Grâce à l’intervention du ministère de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication, l’actrice marocaine Aïcha Mahmah a été admise à l’hôpital mardi pour recevoir un traitement et subir une opération.

L’anarchie des salons de beauté au Maroc dénoncée

La docteure Hanan Atrakin, spécialiste en chirurgie esthétique et députée du Parti Authenticité et Modernité (PAM), a exprimé ses inquiétudes face à la prolifération au Maroc des salons de beauté offrant des services esthétiques médicaux, évoquant une...

Pénurie de médecins au Maroc : Le système de santé à bout de souffle

La pénurie de médecins persiste au Maroc. Par ailleurs, la réduction de la durée de formation en médecine suscite actuellement une vive protestation de la part des étudiants.

Achraf Hakimi a consulté un psychologue

Le latéral droit marocain du Paris Saint-Germain, Achraf Hakimi, a confié avoir bénéficié d’une assistance psychologique il y a trois ans parce qu’il passait par des moments difficiles sur le plan personnel.

"L’boufa", la nouvelle menace pour la société marocaine

Le Maroc pourrait faire face à une grave crise sanitaire et à une augmentation des incidents de violence et de criminalité, en raison de la propagation rapide de la drogue «  l’boufa  » qui détruit les jeunes marocains en silence.

Royal Air Maroc : Un bébé sauvé en plein ciel

Un bébé de 18 mois a été sauvé d’un arrêt cardiaque grâce à l’intervention rapide de deux membres de l’équipage de la Royal Air Maroc.

Ces plantes qui empoisonnent les Marocains

L’intoxication par les plantes et les produits de pharmacopée traditionnelle prend des proportions alarmantes au Maroc. Le Centre antipoison du Maroc (CAPM) alerte sur ce problème de santé publique méconnu du grand public.