La France a mal à son Islam

18 septembre 2019 - 11h40 - France - Ecrit par : Bladi.net

Sur plusieurs chantiers sensibles, la France est restée silencieuse. Entre autres, on pourrait citer l’organisation du culte musulman, la prévention de la radicalité religieuse, la diffusion de la connaissance, … Là-dessus, Emmanuel Macron et son Gouvernement n’ont pas bougé le doigt depuis, faute de moyens suffisants et de volonté.

Alors que le mardi 17 septembre, la Fondation pour l’Islam de France a organisé sa première grande conférence sur le dialogue interreligieux à Paris, avec la Ligue islamique mondiale (LIM), l’événement a été critiqué en raison de la proximité de la LIM avec l’État saoudien.

Mais, très vite, Ghaleb Bencheikh, Président de la Fondation, s’en est défendu : "La Fondation combattra le salafisme et toute forme d’islamisme politique. La Ligue islamique mondiale connaît actuellement un moment de rupture, au sens hégélien", confie-t-il au journal L’opinion.

En réalité, le Gouvernement français a remis à plus tard tout chantier lié aux cultes. Pour preuve, Emmanuel Macron et Edouard Philippe, qui ont été invités à cette grande conférence sur le dialogue interreligieux, ont décliné. Selon L’opinion, l’islam est un énième terrain où le volontarisme d’Emmanuel Macron a cédé la place à la prudence puis, petit à petit, à l’abandon.

A son arrivée à l’Elysée, Macron qui s’était pris d’intérêt pour ce vaste chantier, va vite se heurter à des interrogations pas des moindres : comment assurer la formation des imams, interdite par le principe de laïcité, encourager un "islam des Lumières", sans interférer dans les affaires cultuelles, diffuser la connaissance sur la civilisation arabo-musulmane, sans confondre religion et terrorisme ?

Par ailleurs, craignant de rompre avec l’ère Hollande, Macron renvoie purement le Conseil français du Culte musulman (CFCM) à ses échecs, songeant brièvement à un mode napoléonien d’organisation verticale de l’islam.

Un proche du dossier indique que, pour l’Etat laïc, l’organisation et le contrôle du financement du culte musulman reste "un levier de prévention religieuse contre les radicalités et les fractures du corps social". Mieux, selon l’Ifop, 43 % des Français considéraient en 2018 que l’islam ne correspondait pas aux valeurs de la France.

Face à autant de crispations, le Président français a reculé et, avec le temps, a corsé son discours contre l’islamisme. En témoignent ses propos en avril dernier, quand il dénonçait "le communautarisme qui s’est installé dans certains quartiers", exhortant même à être "intraitable" face à "un islam politique qui veut faire sécession avec notre République".

Mieux, le Président français a même plaidé, pour "renforcer les contrôles des financements qui viennent de l’étranger" – Arabie saoudite, Maroc, Algérie et Turquie.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Religion - Islam - Emmanuel Macron

Aller plus loin

« La France déteste profondément l’Islam »

La rencontre entre le président français, Emmanuel Macron, et Asia Bibi, une chrétienne pakistanaise, condamnée puis acquittée pour blasphème à l’encontre de l’islam dans son...

Ces articles devraient vous intéresser :

Aïd al Adha au Maroc : l’appel à l’annulation monte sur les réseaux sociaux

Alors que certains Marocains appellent à l’annulation de la célébration de l’Aïd al-Adha sur les réseaux sociaux, d’autres tiennent au respect de cette tradition religieuse.

La Nuit du destin ou laylat al qadr : la nuit sacrée qui dépasse mille mois

La nuit du destin est citée par le Coran comme étant meilleure que mille mois (83 ans et 4 mois). D’après le prophète Mohammed, cette nuit est l’une des nuits impaires des dix derniers jours du mois de Ramadan, soit celles du 21, 23, 25, 27 ou celle du...

Maroc : les discours radicaux dans les mosquées inquiètent

La députée du parti Fédération de la Gauche démocratique, Fatima Tamni, a interpelé le ministre des Habous et des affaires islamiques, Ahmed Toufiq, au sujet de l’exploitation des tribunes des mosquées pour diffuser des discours radicaux contre les...

Cimetières au Maroc : entre abandon et insécurité

La gestion des cimetières pose problème au Maroc. Selon un rapport du ministère de l’Intérieur, les sites existants sont saturés ou en état de dégradation et les collectivités territoriales peinent à les réhabiliter et à identifier des terrains viables...

France : le port du voile, un frein majeur à l’emploi

Une étude de l’Observatoire national des discriminations et de l’égalité dans le Supérieur (Ondes), parue cette semaine, met en évidence un obstacle majeur à l’emploi en France : le port du voile.

Voici le montant de la Zakat al fitr cette année au Maroc

Le Conseil Supérieur des Oulémas a fixé le montant de la Zakat Al-Fitr pour l’année 1446 de l’Hégire (2025) à 23 dirhams par personne. Ce montant représente une augmentation par rapport aux 20 dirhams des années précédentes.

Maroc : « Marée » de déchets après les iftars sur les plages

Les associations de défense de l’environnement dénoncent le non-respect des règles environnementales par certaines familles qui laissent d’importantes quantités de déchets sur les plages après y avoir rompu le jeûne pendant le mois de Ramadan.

Mariages mixtes : percée inquiétante du chiisme chez des MRE

Un phénomène particulier se manifeste au sein de la communauté marocaine de Belgique : une augmentation des mariages entre des femmes marocaines et des hommes irakiens chiites, célébrés selon le rite de la Fatiha.

Voici la date du début du ramadan en France

Le Conseil Français du culte Musulman (CFCM) a annoncé il y a quelques jours la date du début du mois de ramadan en France, selon des critères adoptés en 2013.

Le Magazine Marianne censuré au Maroc

L’hebdomadaire français Marianne (numéro 1407) a été interdit de distribution au Maroc, en raison d’un dessin caricatural jugé offensant pour le prophète Mohammad.