Sahara : affrontement diplomatique aux Nations Unies

23 juillet 2002 - 23h12 - Maroc - Ecrit par :

L’expiration à la fin du mois du mandat de la Mission de l’ONU pour le référendum au Sahara (MINURSO) a relancé aux Nations Unies l’affrontement diplomatique qui oppose depuis 25 ans à propos de cette ancienne possession espagnole le Maroc d’un côté, au Front Polisario soutenu par l’Algérie de l’autre.

L’expiration à la fin du mois du mandat de la Mission de l’ONU pour le référendum au Sahara (MINURSO) a relancé aux Nations Unies l’affrontement diplomatique qui oppose depuis 25 ans à propos de cette ancienne possession espagnole le Maroc d’un côté, au Front Polisario soutenu par l’Algérie de l’autre. Alors que le calme retombe à peine sur la crise entre le Maroc et l’Espagne à propos de l’ilôt Leila/Perejil, le ton a brusquement monté mardi au siège des Nations Unies à New York à la suite de la distribution d’un projet de résolution d’origine américaine favorable aux thèses marocaines. Les divergences de vues entre les membres du Conseil de sécurité rendent cependant peu probable, s’accordaient à dire mardi plusieurs diplomates, qu’une solution puisse être trouvée d’ici le 31 juillet.

Il est plus vraisemblable, selon ces mêmes sources, que, comme lors de la précédente échéance du mandat de la MINURSO le 30 avril, une "résolution technique" le prolongera pour une période plus ou moins longue.

Mise en place en avril 1991, la MINURSO a essentiellement pour mandat de vérifier le cessez-le-feu. Dotée d’un budget légèrement supérieur à 50 millions de dollars, ses effectifs se montaient, au 1er juin 2002, à un total de 540 personnels dont 231 observateurs militaires. Le projet de résolution américain demande au secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, de charger son émissaire spécial pour le Sahara James Baker de préparer une "révision de l’accord-cadre (...) prenant en compte les inquiétudes formulées par les parties concernées".

Cet accord-cadre (une forme d’autonomie) est l’une des 4 solutions proposées par le secrétaire général dans un rapport publié en février pour trouver une solution à la question de l’ancienne colonie espagnole qui empoisonne les relations entre le Maroc et l’Algérie. Les trois autres sont ; un référendum, impraticable dans les faits, un partage du territoire catégoriquement refusé par le Maroc et enfin le démantèlement pur et simple de la MINURSO, que le Conseil refuse.

L’accord-cadre poussé par les Etats-Unis est le seul à avoir la faveur du Maroc. Mohammed Bennouna, l’ambassadeur marocain aux Nations Unies, a ainsi souligné, dans une lettre au Conseil de sécurité qu’il "s’inspire de la nécessité de parvenir à un compromis politique en déléguant de larges compétences à la population concernée dans le respect des prérogatives de la souveraineté du Royaume du Maroc".

Il est revanche "totalement inacceptable" pour l’Algérie. Et l’ambassadeur Abdallâh Baali, souligne, également dans une lettre au Conseil mardi, que le Sahara "n’est pas une province marocaine qui serait entrée en conflit ou en dissidence avec le gouvernement central (...) mais un territoire occupé illégalement". Quant au représentant du Front Polisario, Ahmed Boukhari, il estime, toujours dans une lettre au Conseil, que le projet américain vise simplement "à livrer le peuple et le territoire du Sahara à un pouvoir colonial".

Le projet américain de résolution, selon les pointages des diplomates mardi, est loin de réunir les neuf voix nécessaires à son adoption, même si ses plus chauds partisans sont, au grand chagrin officiel de l’Algérie, trois pays membres permanents du Conseil de sécurité (les Etats-Unis, la Grande Bretagne et la France) et à l’appui du Cameroun et de la Guinée. En revanche, le Front Polisario et l’Algérie comptent sur l’appui des deux autres membres permanents - la Chine et la Russie - ainsi que la Colombie, l’Irlande, le Mexique et la Norvège.

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