L’immobilier trop cher pour les Marocains ?

24 janvier 2025 - 19h00 - Maroc - Ecrit par : P. A

Le marché immobilier marocain est confronté à de nombreux défis en 2025. Des professionnels soulignent l’urgence d’équilibrer l’offre et la demande et de baisser les prix des logements afin de les rendre accessibles aux ménages à revenu moyen.

Entre l’offre qui se raréfie et la demande en pleine expansion, le marché immobilier marocain a connu une évolution en demi-teinte en 2024. Ce déséquilibre entre l’offre et la demande a entraîné une hausse des prix, rendant difficile l’accès aux logements aux ménages à revenu moyen. Selon les données actualisées de Bank Al-Maghrib (BAM) et de l’Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie (ANCFCC), les transactions sur le résidentiel ont chuté de 17,3 % au premier trimestre de l’année, soit une baisse de 17,5 % pour les appartements, 18 % pour les maisons et 4,2 % pour les villas.

À lire : Immobilier au Maroc : une demande record face à une offre qui s’effondre

« Aujourd’hui, le constat, au demeurant amer, est qu’il y a beaucoup de stocks sur le marché depuis quelques années. Cela prouve que la demande est rare. Cette crise touche presque tous les segments, le neuf comme l’ancien, à l’exception du résidentiel de luxe qui trouve toujours preneur », a déclaré à Challenge, Mohamed Lahlou, président de l’Union régionale des agences immobilières (URAI) Casablanca-Settat. Selon lui, la baisse du pouvoir d’achat des ménages et la hausse du coût du crédit bancaire expliquent cette situation. D’après BAM, le taux moyen appliqué aux crédits immobiliers était de 4,36 % au premier trimestre de 2024. Aussi, les banques ont-elles corsé les conditions d’octroi de crédits immobiliers.

« D’un côté, les taux d’intérêt ont augmenté et les banques ne financent plus les acquisitions immobilières à 100 %, et, de l’autre, la baisse du pouvoir d’achat rend l’épargne presque impossible pour les ménages. Il est difficile de relancer le marché de l’immobilier dans ces conditions », s’alarme Lahlou. Face à cette situation, le gouvernement a lancé en janvier 2024 le programme d’aide au logement qui, selon Lahlou, « représente aujourd’hui une alternative ». Le président de l’URAI invite aussi l’Exécutif à « aussi revoir la fiscalité, notamment la baisse des frais d’enregistrement, faire payer la TPI, recouvrer les terrains non bâtis… »

À lire : Aide au logement au Maroc : un programme plébiscité par les MRE

Pour sortir de cette crise, il faudrait « se concentrer sur le renforcement de la demande en priorité », suggère Zakia Medkor, responsable souscription risques techniques chez Allianz Maroc, appelant entre autres à « redonner confiance aux consommateurs dans la qualité des biens construits, à mettre en place un Code de Construction et à veillant à son application », ainsi qu’à celle de la loi d’obligation d’assurance pour les chantiers de construction et la responsabilité civile décennale. L’expert recommande aussi de faciliter les procédures administratives pour les primo-acquéreurs, et de « subventionner et développer un produit adapté en termes de coût, de besoin et de financement des différentes tranches sociales, notamment la classe moyenne. »

Lahlou a par ailleurs insisté sur l’urgence de la mise en place d’un cadre réglementaire pour l’intermédiation immobilière. « C’est depuis le 14 février 2014 que nous avons proposé le projet de loi, et, depuis 2017, le dossier est au secrétariat du gouvernement », a-t-il rappelé, avant d’ajouter : « Il est urgent d’activer le projet de loi concernant notre profession, car les agents immobiliers seront amenés à accompagner les futurs acquéreurs dans le cadre du nouveau programme d’aide au logement, et on ne peut permettre à n’importe qui d’assurer cette intermédiation. »

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immobilier - Casablanca - Prix - Settat

Aller plus loin

À l’approche du mondial au Maroc, les prix de l’immobilier s’envolent

Les prix des terrains ont considérablement augmenté dans la province de Benslimane ces derniers mois, atteignant jusqu’à 1000 dirhams/m². Plusieurs facteurs justifient cette...

Immobilier au Maroc : Demande locative en forte hausse, l’offre peine à suivre

Au Maroc, le marché immobilier a été marqué par une hausse relative des prix et de la demande entre janvier et juin 2024. L’offre quant à elle, a connu une légère baisse au...

Immobilier au Maroc : une demande record face à une offre qui s’effondre

Le marché immobilier marocain a connu une évolution en demi-teinte en 2024. Alors que la demande a enregistré une forte hausse, l’offre a considérablement chuté, notamment dans...

Marrakech : les prix de l’immobilier s’envolent

À Marrakech, les prix de l’immobilier ont poursuivi leur tendance à la hausse entamée depuis début 2024. Une augmentation due à la hausse du coût de la main-d’œuvre, des prix...

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc impose le paiement électronique pour lutter contre la fraude foncière

À compter du 14 avril 2025, l’Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie (ANCFCC) imposera le paiement électronique pour les frais de conservation immobilière. Objectif, renforcer la transparence dans les...

Maroc : le secteur immobilier marque des points malgré la crise

En 2023, malgré les chocs endogènes, la conjoncture internationale et la stagnation de l’activité, le secteur de l’immobilier au Maroc a montré sa résilience. Et, les perspectives pour l’année prochaine s’annoncent meilleures.

Constructions illégales au Maroc : un guide pour les bonnes pratiques

La ministre de l’Aménagement du territoire, de l’urbanisme, du logement et de la politique de la ville, Fatima Zahra Mansouri, a fait part aux directeurs des agences urbaines des difficultés notées dans la mise en œuvre de la procédure de...

Une classe moyenne marocaine en plein essor, vraiment ?

Au Maroc, les ventes de voitures ont connu une forte augmentation au cours de la dernière décennie, passant de 111 000 unités en 2011 à plus de 161 000 unités en 2023 par an, soit une progression d’environ 45 %. La même tendance est notée en ce qui...

Impôts : le Maroc cible les résidences secondaires

Des dizaines de milliers de propriétaires de résidences secondaires au Maroc ont reçu des notifications fiscales de la Trésorerie générale du Royaume, réclamant le paiement d’arriérés de taxe d’habitation et de taxe de propreté.

Immobilier au Maroc : le fisc marocain en alerte

L’existence de nouvelles pratiques frauduleuses a poussé les services de contrôle de la Direction générale des impôts (DGI) à intensifier leurs inspections fiscales à l’encontre de plusieurs promoteurs immobiliers et entreprises spécialisées dans la...

Immobilier au Maroc : bonne nouvelle pour les nouveaux acquéreurs

Des changements ont été opérés pour impacter positivement le secteur de l’immobilier. Le délai prévu dans l’article 573 relatif à l’introduction d’une action en justice pour défaut de garantie n’est plus limité à 365 jours.

Les MRE dopent le marché immobilier

Malgré l’inflation et les crises successives de ces dernières années, le secteur immobilier marocain s’est redressé en 2024. Ceci, grâce notamment au programme d’aide directe au logement qui a connu un franc succès auprès des Marocains et de la...

Maroc : les MRE dopent le marché immobilier

Le programme d’aide directe au logement connait un gros succès auprès des Marocains résidant à l’étranger (MRE). Quelque 21 % des demandes enregistrées sur la plateforme numérique « Daam Sakane » émanent des MRE qui représentent par ailleurs 23 % des...

Aide au logement : succès auprès des MRE

Le programme d’aide directe au logement « Daam Sakane », lancé le 2 janvier 2024, est un succès, notamment auprès des MRE, assure Mustapha Baitas, porte-parole du gouvernement, lors du point de presse hebdomadaire à l’issue du conseil de gouvernement.