Les armes chimiques comme le phosgène, la chloropicrine ou le redoutable gaz moutarde, ont été utilisées pour la première fois par les Allemands à Ypres en Belgique lors de la Première Guerre mondiale. Le traité de Versailles de 1919 puis le protocole de Genève de 1925 ont interdit la fabrication et l’utilisation de ces armes chimiques. Mais cela n’a pas empêché l’Espagne, État partie à ces accords, de recourir à l’usage de ces armes au Maroc pendant l’entre-deux-guerres, comme l’a fait le Royaume-Uni au Moyen-Orient ou l’Italie en Libye, fait savoir La Vanguardia.
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Le cas de l’Espagne est resté inconnu jusqu’au début du XXIᵉ siècle. Dans les années 90, des auteurs comme Rosa María de Madariaga et Sebastian Balfour ont écrit sur le sujet à partir de sources inédites. L’utilisation des armes chimiques par l’Espagne fait suite à la bataille d’Anoual, survenue fin juillet 1921 où l’armée espagnole subit une grave défaite militaire contre l’armée berbère rifaine, une défaite qui a attisé la haine et le désir de vengeance des autorités de la péninsule.
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« J’ai toujours été opposé à l’utilisation des gaz asphyxiants contre ces Indiens, mais après ce qu’ils ont fait, je dois les utiliser avec un réel plaisir », avait indiqué Dámaso Berenguer, haut-commissaire au Maroc, dans un télégramme au ministre de la Guerre en date du 12 août 1921. Selon certaines sources, l’Espagne s’est procurée davantage à partir de 1921 auprès de la France et de l’Allemagne. Le général Burguete, successeur de Berenguer au poste de haut-commissaire, a autorisé leur utilisation en septembre 1922 et Luis Silvela, sons successeur, a fait une demande irréaliste de 50 000 bombes au gaz moutarde.
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De son côté, le chef rifain Abd-el-Krim a tenté d’obtenir ce type d’armes pour riposter aux attaques des Espagnols, mais en vain. Par ailleurs, le responsable a dénoncé auprès de la Société des Nations unies l’utilisation délibérée d’armes chimiques contre la population civile ces substances chimiques ayant également contaminé le sol et les réservoirs d’eau. À ce jour, l’Espagne n’a officiellement pas reconnu sa responsabilité dans l’utilisation des armes chimiques.