Badr (nom d’emprunt), 30 ans, résidant à Marrakech, a dû payer une quinzaine d’euros à un intermédiaire pour obtenir un visa pour assister au mariage de sa sœur en France l’été dernier. « C’est impossible de trouver un rendez-vous sur TLS Contact (le prestataire de services désigné pour gérer les demandes de visa du Maroc et de 13 autres pays, NDLR) ou alors il faut arrêter de travailler pour rester connecté toute la journée », témoigne cet ingénieur informatique à BFMTV.
L’intermédiaire lui a conseillé d’ajouter quelques justificatifs au dossier, dont une lettre d’invitation de sa sœur, les copies de son passeport, de sa déclaration d’impôts et de ses fiches de paie. Mais tout ça n’aura servi à rien, parce que la France a décidé, depuis septembre 2021, de réduire de moitié le nombre de visas accordés aux ressortissants marocains. La demande de visa de Badr a donc été refusée. Au-delà de cette mesure politique, l’encombrement de la plateforme TLS Contact rend aussi difficile l’obtention d’un rendez-vous pour déposer son dossier.
À lire : Visas : le consulat d’Italie au Maroc en guerre contre les intermédiaires
Cette situation a profité aux intermédiaires qui ont pris d’assaut les rendez-vous disponibles pour les revendre au « marché noir », à plusieurs centaines d’euros, dénonce Youssef El Idrissi El Hassani, le président de l’Association franco-marocaine des droits humains (AFMDH). « Comment se fait-il que des intermédiaires parviennent à décrocher ces rendez-vous et pas les citoyens ? », s’interroge-t-il, alertant le ministère de l’Intérieur français sur cette rupture d’accès aux droits.
De son côté, le ministère de l’Intérieur assure lutter « avec détermination contre le phénomène des captations malveillantes de rendez-vous en ligne ». Pourtant, le phénomène sévit. Les Marocains paient en moyenne 50 à 100 dirhams (5 à 10 euros) voire « jusqu’à 2 500 dirhams (250 euros) pour un rendez-vous » de visa, confie un intermédiaire. Les ressortissants marocains doivent également s’acquitter de frais de service s’élevant à 33,5 euros auprès de l’opérateur TLS, ce qui amène certains à payer deux fois pour le même service.