La violence monte d’un cran durant le Ramadan au Maroc

22 septembre 2008 - 23h06 - Maroc - Ecrit par : L.A

Les Marocains reconnaissent être plus facilement irritables durant le Ramadan. Le manque de nourriture et de sommeil semble être à l’origine d’une augmentation des comportements violents, s’accordent à penser sociologues et services de sécurité.

Abdallah n’aurait jamais pu penser qu’il serait un jour responsable de la mort de son propre frère. Mais le 13 septembre, juste avant l’iftar, une dispute survenue dans leur maison de Casablanca a rapidement pris une tournure incontrôlable. Hicham est mort après qu’Abdallah l’eut frappé avec une barre de fer.

Abdallah est un toxicomane qui s’abstient de toute consommation de drogues pour respecter le mois sacré du Ramadan. Les gens pensent que c’est peut-être la raison pour laquelle il a perdu tout contrôle de lui-même.

Bien qu’extrême, son cas n’est que l’un des nombreux exemples de cette montée générale de la violence pendant le Ramadan, durant lequel les fumeurs s’abstiennent de toute nicotine pendant la plus grande partie de la journée, les toxicomanes ne touchent pas à la drogue, et les gens luttent souvent contre la fatigue qui résulte du manque de sommeil et de la faim.

Le Ramadan appelle à la tolérance, au pardon et à l’endurance de la faim et de la soif, ce que de nombreux Musulmans qui respectent le jeûne parviennent à faire. Mais pour d’autres, les difficultés les rendent plus enclins à transgresser les règles.

De l’avis des observateurs, il est manifeste que certaines personnes sont facilement irritables durant ce mois. Chez les jeunes, les mots de colère et les insultes peuvent parfois dégénérer en violences graves.

"Certains considèrent le jeûne comme une obligation et ont donc recours à des actes d’hostilité pour protester contre cette obligation", explique le sociologue Ali Shabani. Il met toutefois en garde contre le fait d’établir un lien direct entre actes violents et jeûne : "Nous ne devons pas lier de telles pratiques au jeûne, qui reste une affaire de croyance personnelle et de relation spirituelle avec Dieu." "Ce sont les changements dans les habitudes quotidiennes qui entraînent chez certains une rupture vis-à-vis de cet engagement, pas le jeûne", ajoute-t-il.

Les autorités sont conscientes de la situation et agissent pour la contrôler. Chaque jour, à l’approche de l’iftar, les patrouilles de sécurité redoublent d’efforts pour prévenir toute escalade de la violence. Les passants qui flânent dans les rues font l’objet d’une surveillance particulière.

Mohammed S., un policier, a expliqué à Magharebia que son travail se complique pendant le Ramadan du fait du nombre de rapports et de plaintes qui exigent un suivi de la part des autorités.

Un vendeur de fruits et légumes explique que les bagarres entre vendeurs "se terminent souvent au poste de police".

Fatma, qui vend des tartelettes dans la rue, explique à Magharebia qu’elle est souvent très irritable après une journée de jeûne, ce qui la conduit à lancer des insultes à ses pairs sur le marché concernant la place qu’ils occupent chaque jour, ou à propos des clients dont chacun affirme que l’autre les a volés. "Cela est horrible pendant le Ramadan, qui appelle aux bonnes relations et à la solidarité, pas à la bagarre", explique-t-elle.

"Mais pour des gens comme nous, la vie quotidienne oblige à agir d’une manière différente, pour protéger notre revenu. Nous prions pour que Dieu nous pardonne."

Source : Magharebia - Iman Belhaj

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