À l’aide de drones, la police espagnole a visité cette zone qu’ils appellent “VillaNarco”. Il y a quatre ans, il y avait 19 villas appartenant à des clans de trafiquants de haschisch marocain. Aujourd’hui, il y en a plus de 100, ont confié des sources policières à Caso Aberto, précisant que « toutes les organisations importantes » y ont des résidences. Les rues de la zone sont étroites et poussiéreuses avec un accès direct depuis la plage d’Atunara où le haschich est déchargé. La zone n’est pas connectée au réseau conventionnel d’eau et d’électricité et les villas y ont été construites sans permis de construire.
Les villas de ces narcotrafiquants se distinguent des autres résidences de la zone d’El Zabal par leurs murs très hauts. À l’intérieur de VillaNarco, les téléphones portables cessent de fonctionner à cause des brouilleurs de fréquence installés. Des caméras de sécurité surveillent aussi les entrées et les sorties. La plupart de ces villas sont enregistrées au nom de sans-abris et de mendiants de La Línea contre paiement de plus de mille euros par mois. Dans certaines villas, la police a trouvé de l’argent en espèces caché dans des torchons de cuisine ou dans les placards, au sous-sol, sous un jacuzzi, etc.
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Sur les images prises par les drones, on peut voir à l’intérieur de ces villas de luxe des toboggans, un trampoline, des châteaux gonflables, un énorme éléphant avec de l’eau fraîche qui sort de sa trompe, des voitures de luxe, un terrain en gazon artificiel, etc. « Nous y avons trouvé des vêtements de marque, je me souviens de 50 chaussons pour bébé Hugo Boss, des boîtes entières de Chanel, des étuis pour téléphones portables Louis Vuitton, des pièces en or, une montre Omega à cent mille euros… », se rappelle un agent de la police spécialisée dans la lutte contre le blanchiment d’argent qui a visité ces villas.
« Des tentatives ont été menées pour les poursuivre pour un délit contre l’aménagement du territoire, mais c’est un processus lent et ils auront des peines très légères. Il est très difficile d’ordonner la démolition d’une maison », explique un policier spécialiste du dossier. Par ailleurs, la police tente de les poursuivre pour blanchiment d’argent. « Lorsqu’on arrive à savoir qui se cache derrière une de ces maisons, plusieurs nouvelles sociétés apparaissent comme les nouveaux acquéreurs du terrain et il faut repartir à zéro », déplore pour sa part, Juan Franco, le maire de La Línea.