Un Marocain, de 18 ans, a fait une crise de tétanie pendant l’audience correctionnelle. Il avait été interpellé, vendredi dernier sur l’aire d’autoroute de Vinassan par la douane avec 23 kg de résine de cannabis dans son véhicule.
Depuis son interpellation vendredi soir sur l’aire de l’autoroute de Vinassan, par les douaniers, Driss Maimouni jure de son innocence, y compris à la brigade des recherches de la gendarmerie. "Pourtant les douaniers ont bien trouvé 23 kg de résine de cannabis dans le réservoir de votre Ford Sierra. Vous voulez faire croire que vous rouliez sans vous être aperçu depuis plusieurs semaines que vous deviez faire le plein de carburant plus souvent". Le président Jean-Marie Ferrandez a mis le doigt sur le point qui fait mal. Le prévenu jugé hier matin en comparution immédiate à tout juste 18 ans. Il a acheté sa voiture en Espagne où il vit depuis avril dernier. En août, c’est prouvé, il se rend au Maroc : "J’ai prêté ma voiture à un ami pour un mariage. Il l’a gardée une semaine. Il s’appelle Mustafa Mansour. C’est lui qui a dû mettre la drogue", a justifié le jeune marocain. "Vous alliez à Montpellier quand vous avez été interpellé, vendredi. Est-ce que ce Mustafa connaissait votre destination ? - "Non", a répondu l’interprète pour Driss Maimouni. "C’est une histoire qui n’a aucun sens", s’est exclamé J.-M. Ferrandez. Yolande Renzi, procureur de la République partageait le même avis : "Comment supposer que des commanditaires, car lui n’est qu’un passeur, laissent se promener ainsi 23 kg de cannabis pour 96 000 E sans connaître la destination. Non, il existe un faisceau de présomptions qui me convainc de sa culpabilité." Le représentant des douanes avait demandé la saisie de la Ford, une amende de 96 300 E et une condamnation. Un petit point sur les trafics. Avant de requérir 18 mois à 2 ans de prison ferme contre le prévenu, le procureur a fait un petit point de la situation des trafics, constatant : "Sans doute grâce aux actions contre la drogue, j’ai constaté depuis quelques mois que les quantités saisies avoisinaient toujours les 20 kg. On ne trouve plus des stocks de 200 ou 500 kg. Les contrebandiers sont prudents. D’ailleurs les passeurs sont aussi de plus en plus jeunes". Yolande Renzi a ainsi souligné l’hypothèse selon laquelle les commanditaires tablent sur la naïveté de très jeunes gens pour qu’ils prennent des risques à leur place. Intervention des pompiers. Me Nicolas Sainte-Cluque entamant une difficile plaidoirie a regretté que certains faits n’aient pas pu être vérifiés lors de l’instruction mais son client avait choisi d’être jugé : "Il n’avait rien de plus à dire que son innocence. Il allait bien chez son père. S’il mentait, il aurait dit que Mustafa connaissait sa destination. Parfois la vérité semble incohérente. On n’a pas vérifié s’il pouvait conduire sans s’apercevoir qu’il était obligé de faire le plein plus souvent. C’est un diesel". A ce moment, son client s’est effondré (voir l’encadré ci-contre). Lorsque Driss Maimouni a été en état, l’avocat a repris sa plaidoirie : "On ne peut pas le condamner sur un faisceau d’indices non vérifiés. Son malaise prouve-t-il qu’il est innocent ou qu’il est coupable ? À vous de le décider." Les magistrats avaient forgé leur conviction. Driss Maimouni, 18 ans, a été condamné à 18 mois ferme.
E. Goissaud pour le Midi libre