Le Conseil National de la Presse (CNP) a fermement condamné ce qu’il qualifie d’« acte criminel odieux » du journal français Charlie Hebdo, l’accusant de s’attaquer directement au Roi Mohammed VI.
Ali Lemrabet, directeur de publication des hebdomadaires Demain magazine et Douman, et correspondant de Reporters sans frontières (RSF) au Maroc, a décidé d’observer, hier, une grève illimitée de la faim pour protester contre les atteintes à la liberté d’expression dont il se dit victime de la part des autorités marocaines.
M. Lemrabet doit comparaître aujourd’hui devant le tribunal de Rabat pour, notamment, « outrage à la personne du roi ». Le 2 mai, son imprimeur l’a informé qu’il ne mettra plus sous presse ses journaux. Mercredi dernier, M. Lemrabet a été convoqué par le tribunal de première instance de Rabat pour répondre aux accusations d’« outrage à la personne du roi », et d’atteinte « au régime monarchique » et à « l’intégralité territoriale » du royaume. Il a déjà été condamné en première instance en novembre 2001 par le même tribunal à quatre mois de prison ferme et 30 000 DH d’amende pour « diffusion de fausses informations portant atteinte à l’ordre public ou de nature à y porter préjudice ». M. Lemrabet avait publié à l’époque une information selon laquelle le palais royal de Skhirat, près de Rabat, serait en vente pour être transformé en établissement touristique. Son procès a été reporté à plusieurs reprises et doit reprendre au mois d’octobre prochain. Selon RSF, Ali Lemrabet est l’objet d’un véritable harcèlement judiciaire suite à la publication de plusieurs articles ou dessins.
« Ces dernières semaines ont été marquées par un durcissement vis-à-vis de la presse indépendante. Menaces, intimidations, convocations, poursuites judiciaires : le Pouvoir a profité de la focalisation de la communauté internationale sur la guerre en Irak pour revenir à de vieux réflexes sécuritaires. Plusieurs journalistes en ont fait les frais. L’exemple d’Ali Lemrabet est, à ce titre, très significatif de cette situation », soutient l’organisation. Le directeur de Demain magazine et Douman a été convoqué, le 1er avril dernier, par la brigade judiciaire de Rabat pour répondre au sujet d’une série d’articles parus au cours de ces derniers mois. Ali Lemrabet est aussi sous le coup de quarante plaintes déposées par des journalistes du quotidien El Ahdath el maghribia, pour un dessin paru dans Demain magazine.
Le Matin, Algérie
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