Salariés émigrés : Travailler plus pour gagner moins

15 septembre 2008 - 23h53 - Maroc - Ecrit par : L.A

Le dernier rapport de l’OCDE sur les perspectives des migrations internationales, publié mercredi 10 septembre, confirme les doutes. Les Marocains résidant à l’étranger connaissent bien le problème de la discrimination au travail. Les salariés issus de l’émigration sont généralement moins rémunérés que les autochtones et leurs salaires sont « nettement inférieurs à ceux des travailleurs non immigrés », souligne ce rapport.

Aux États-Unis par exemple, les salaires des immigrés sont particulièrement bas par rapport à ceux des autres et l’écart médian peut atteindre 20%. L’écart de salaire entre immigré et non immigré vient s’ajouter, donc, à l’écart de salaires entre les sexes, qui pénalise les femmes en général. « Les bas salaires peuvent engendrer des trappes à chômage-inactivité », met en garde l’OCDE. Un constat qui peut expliquer les faibles taux d’emploi des femmes immigrées.

Le constat des experts va encore plus loin. Les immigrants originaires de pays non membres de l’OCDE sont particulièrement désavantagés par rapport à ceux venant des pays membres de l’Organisation. Les salaires de ces derniers sont au moins égaux à ceux des autochtones. En revanche les immigrés originaires de pays non membres de l’OCDE sont moins bien payés. Et, le niveau d’études n’explique qu’en partie les écarts constatés, insiste le rapport.

Ce rapport tombe à une conjoncture marquée par le ralentissement de la croissance aux États-Unis. Mais son impact reste plus au moins mitigé. L’emploi a progressé de 1,7% dans l’ensemble de la zone OCDE. Dans la plupart des pays membres, la croissance de l’emploi était supérieure à celle de la population active, d’où une baisse considérable des taux de chômage.

En 2006, les personnes nées à l’étranger représentaient une part importante dans la force de travail de ces pays et les immigrants ont gagné plus de places qu’en 2002. L’augmentation est particulièrement remarquable en Espagne (7% de plus), où les immigrés marocains se sont hissés au premier rang, mais également en Irlande, en Italie et en Nouvelle-Zélande. La situation pourrait bien changer avec les programmes de retour lancés par les gouvernements européens.

Le rapport s’étale également sur la répartition sectorielle de l’emploi immigré dans les pays de l’OCDE. Les travailleurs d’origine étrangère sont surreprésentés dans les secteurs de construction, de l’hôtellerie et la restauration, ainsi que dans les secteurs de la santé et des services sociaux. En Espagne, environ 6% des immigrés travaillent dans l’agriculture dont la majorité sont des saisonniers. Les contrats signés avec l’Anapec en sont l’exemple le plus concret. Le rapport indique que le choix de femmes mariées et mères de familles a été une raison de réussite de ce programme. Les autorités espagnoles ont obtenu en 2007 que la plupart des saisonniers (80% au moins) soient des personnes réembauchées, c’est-à-dire ayant déjà travaillé au moins une saison en Espagne, et qui étaient retournées entre temps dans leur pays.

En revanche, les immigrés sont largement sous-représentés dans les professions d’employés, où l’offre du travail permanent est potentiellement plus importante. On retrouve les immigrés dans les travailleurs non qualifiés et dans les usines. L’intégration sur le marché du travail reste le parent pauvre des stratégies établies par les pays membres de l’organisation. La Suisse semble mieux réussir dans le domaine de l’intégration. Le taux d’emploi des immigrés est le plus élevé (72,7%) dans les pays membres de l’OCDE. Certains pays, essentiellement dans le nord de l’Europe, réussissent mieux dans l’intégration des femmes immigrées sur le marché du travail que pour les hommes. C’est le cas de la Finlande, le Danemark, et encore plus pour la Suède et la Norvège. Cependant le Portugal reste le pays qui a enregistré le taux d’emploi des femmes immigrées le plus élevé en 2006.

Le rapport souligne également que les pays non européens de l’OCDE ont généralement de bons résultats en termes d’intégration des immigrés sur le marché du travail. Aux Etats-Unis et en Australie, le taux d’emploi des immigrés est proche ou supérieur à 70% et l’écart avec les autochtones est minime. Dans ces deux pays, les résultats sont supérieurs à ceux enregistrés par le reste des pays de l’Organisation. Le rapport signale aussi que les conditions d’intégration se sont améliorées dans tous les pays de l’Organisation, à l’exception de la France et des Pays-Bas. sur la période la plus récente, entre 2005 et 2006, le Danemark et la Finlande ont enregistré des progrès remarquables en termes d’intégration des immigrés dans le marché du travail (une hausse de 4%).

Migration secondaire vs migration de retour

Les migrations secondaires commencent à gagner du terrain. Ce nouveau phénomène entre en conflit direct avec les migrations de retour. La première consiste à changer le pays d’accueil, tandis que la deuxième consiste à revenir dans le pays d’origine. Ce constat est encore plus vrai pour les pays en voie de développement, notamment les Latinos, les Africains, les Asiatiques, qui préfèrent une deuxième destination à un retour dans le pays d’origine. Pour la Suède, une étude montre que sur la période 1991-2000, 72% des immigrés (âgés de 26 à 64 ans) quittant le pays avaient leur pays de naissance pour destination prévue, soit 28% de migration secondaire. Les Marocains se situent ainsi dans la catégorie qui préfère un deuxième pays d’accueil au retour dans le pays d’origine.

Source : L’Economiste - A. E. Y.

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