L’Imam de Bordeaux s’en est prix violemment au comportement de certains musulmans. "Le musulman ne doit pas s’exposer", pense Tareq Oubrou qui appelle les musulmans à modifier leurs pratiques religieuses, y compris l’organisation de la prière, afin de mieux s’intégrer.
Quid des "5 piliers" de l’Islam ? Rappelant, tour à tour, l’attestation de foi, la prière, l’aumône, le jeûne et le grand pèlerinage à La Mecque, qui, d’après lui, sont effectivement des rites fondamentaux, Tareq Oubrou fait observer que "celui qui fait ses cinq prières et mange du porc, mais ne nuit pas à autrui est plus proche de Dieu, canoniquement, que celui qui ne mange pas de porc, mais ne prie pas comme le veut le Coran". Autrement dit, c’est peine perdue pour les musulmans que de "s’attacher mordicus au halal sans se soucier d’enseigner à leurs enfants la bonne pratique des prières qui procurent une transformation spirituelle et éthique".
Par ailleurs, l’Imam de Bordeaux affirme que le musulman n’est pas obligé d’abandonner son poste de travail pour aller prier. "On peut, par exemple, regrouper les temps de l’oraison et prier plus longtemps chez soi si sa fonction l’exige", indique-t-il. En clair, pour Tareq Oubrou, le musulman doit plutôt se préoccuper de sa "foi en Dieu" et en sa "grande miséricorde", plutôt que de "ses oeuvres" qui seules, insiste-t-il, "ne lui ouvrent pas les portes du paradis".
Au regard de la vulnérabilité de l’Islam aujourd’hui, Tareq Oubrou se surprend de ceux qui ne permettent pas le doute. Le problème, affirme-t-il, "c’est qu’après avoir été grand, l’Islam, comme civilisation, est entré en déclin. Il est aujourd’hui vulnérable et crispé. Pour se rassurer, on préfère ne pas douter. Mais, cela n’a rien à voir avec les textes et la religion elle-même". Et, d’ajouter que le doute est inhérent à notre religion et était alors catalyseur du savoir".
N’en déplaise que l’Imam de Bordeaux insiste sur la nécessité d’une "visibilité discrète" de l’Islam. "Toute religion qui se respecte a besoin de calme et de sérénité pour lui permettre de s’accomplir dans la spiritualité", pense-t-il. En effet, sur la question du voile, par exemple, il invite les musulmans de France à s’adapter à la loi pour mieux s’intégrer. "Pour moi, la discrétion est aujourd’hui la seule solution pour préserver la démocratie", préconise-t-il. Et, de préciser qu’il s’agit d’être visible dans la modestie. "Je veux que les musulmans soient dignes, mais pas fiers, une fierté d’orgueil. Dieu est caché, les anges sont cachés, l’essentiel est dans le "noumène", le signe discret, pas dans le phénomène. L’Islam est devenu une religion d’étalage, mais c’est une déformation", se désole l’Imam de Bordeaux.