Tanger Med, un port hub pour l’Afrique d’ici 2030
Le Maroc poursuit sa stratégie portuaire à l’horizon 2030 avec Tanger Med comme référence. Le royaume a engagé une politique de développement de ports modernes et compétitifs.
Le port de Tanger-Méditerranée, "Tanger-Med" comme on l’appelle, se situe à 40 kilomètres à l’est de Tanger, sur un lieu d’une beauté exceptionnelle, sur la côte méditerranéenne. Il a longtemps été question de l’installer sur la côte atlantique, au sud de Tanger. La tâche aurait été moins ardue et aurait permis de diviser le coût des travaux (plus de 1 milliard d’euros) par deux. Mais c’était dire adieu aux 100 000 navires qui passent chaque année dans le détroit de Gibraltar, la deuxième "autoroute maritime" du monde.
Le site de Oued R’mel, sur la Méditerranée, a donc été retenu. Pour construire ce qui sera, à terme, l’un des plus grands ports de Méditerranée, sinon d’Afrique, il a fallu raser le flanc de la montagne et gagner sur la mer. Construire 60 kilomètres d’autoroute, élever cinq viaducs, poser 45 kilomètres de voies de chemin de fer, exproprier et indemniser plusieurs milliers d’habitants.
Pour réaliser ce chantier en un temps record - cinq ans -, l’Etat marocain a créé l’Agence spéciale Tanger-Méditerranée (TSMA). C’est à cette structure, chargée de piloter l’ensemble du projet, que s’adressent les investisseurs.
Le premier des trois terminaux de Tanger-Med est opérationnel depuis la mi-juillet. Un, puis deux, puis trois des plus grands porte-conteneurs du monde (300 ou 400 mètres de long, transportant entre 11 000 et 12 000 conteneurs à la fois), venus souvent d’Asie via le canal de Suez, accosteront dans ce port en eau profonde (18 mètres de tirant d’eau). Le danois Maersk, numéro un mondial des porte-conteneurs, a été chargé d’exploiter ce premier terminal.
Créer 150.000 emplois
L’activité principale de Tanger-Med sera le transbordement. Les porte-conteneurs géants pourront débarquer leurs marchandises sans dévier de leur route et repartir aussitôt. A charge, ensuite, à de plus petits navires, les "feeders", de desservir des ports de second ordre.
Œuvre du groupe Bouygues, la digue, longue de 2 kilomètres, est une curiosité. Formée de gigantesques réservoirs circulaires en béton, elle est capable de résister à des vagues de 10 mètres de haut. Chacun de ces réservoirs pèse 37 000 tonnes et est garanti de fabrication pour un siècle !
Tanger-Med risque de saturer à partir de 2015. Aussi, un second port, Tanger-Med II, est-il déjà à l’ordre du jour. Il devrait être opérationnel en 2012.
Mais Tanger-Med, ce n’est pas seulement un port. C’est aussi un complexe de dimension internationale qui va s’adosser, à partir de début 2008, sur trois nouvelles zones franches (logistique, commerciale et industrielle). L’objectif est de créer 150 000 emplois d’ici à 2015 et de faire de la région la base arrière industrielle de l’Europe.
Sitôt débarqués des porte-conteneurs, les produits (textiles, pièces aéronautiques ou automobiles, notamment) seront retravaillés sur place. En subissant des transformations à hauteur de 30 % minimum de leur valeur d’origine, ils prendront le label marocain. Ces marchandises pourront ainsi être expédiées vers l’Europe et les Etats-Unis, sans droits de douane ni quotas, en vertu des accords de libre-échange conclus par Rabat avec Bruxelles et Washington. Une aubaine.
Tanger joue de sa proximité avec L’Europe pour contrer la concurrence asiatique. En moins de 24 heures, une commande peut quitter le nord du Maroc, franchir le détroit de Gibraltar et arriver à Barcelone par camion. Alors que de Shanghaï, il faut 22 jours par bateau...
Le Monde - Florence Beaugé
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