Les ménages marocains surendettés
La dette des ménages a atteint 3,3 milliards de dirhams depuis le début 2018. Et, pour cause ...
Carte de crédit retirée, interdit de découvert et salaire parti entièrement, 30 jours à l’avance, au remboursement de la dette. Solution ? On s’endette pour payer la dette et l’on entre dans un cercle vicieux difficile à casser. Bienvenue au monde infernal du surendettement. S’il n’existe pas encore de statistiques officielles rendues publiques sur la criticité de ce phénomène au Maroc, l’analyse de l’évolution des crédits à la consommation permet néanmoins d’apprécier bien qu’approximativement, l’ampleur du recours au crédit pour équiper sa maison, satisfaire ses coups de cœur ou tout simplement arrondir ses fins de mois.
Selon des chiffres de Bank Al-Maghrib (BAM), le crédit à la consommation connaît la plus forte progression annuelle à fin septembre 2007 avec une croissance de 24,1%. Entre 2006 et 2007, cette augmentation a été encore plus forte avec 41,5%. La comparaison des deux taux permet de noter un certain ralentissement. Cependant, la masse réelle du crédit à la consommation distribué en 2008 dépasse de près de 5 milliards le montant accordé en 2007 (24,4 contre 19,7 milliards de DH).
Sur le total des encours de crédits, celui à la consommation ne représente néanmoins qu’une petite partie : 4,95% à fin septembre. Ce type de crédit vient ainsi en sixième position, quasi-dernier du tableau. Faut-il conclure pour autant que les ménages ne s’endettent pas beaucoup ? Ce serait une conclusion hâtive. Il faut aussi tenir compte de deux autres types de crédit : le microcrédit et le crédit immobilier. Pour le premier, les dernières analyses permettent de déceler une tendance de plus en plus forte à utiliser ce dispositif pour financer ses dépenses de consommation. Un phénomène qui reste néanmoins limité et qui varie selon les villes.
En revanche, le crédit immobilier, lui, est beaucoup plus important. Cette formule a connu une vraie explosion ces dernières années et les chiffres sont là pour le démontrer : +33,2% entre 2006 et 2007 et +23,6% à fin septembre 2008. L’encours des crédits immobiliers a atteint 107,5 milliards de DH en 2007. En 2008, et encore au mois de septembre, ce montant a été déjà dépassé de 26,8 milliards pour atteindre 132,9 milliards de DH. Le crédit immobilier arrive deuxième sur la liste avec une part de 26,95% à fin septembre 2008. La ventilation de ce type de crédit entre particuliers et professionnels permet de s’apercevoir de l’importance de la demande qui lui est adressée de la part des ménages. En fait, sur les 132,9 milliards distribués, près de 73% vont aux particuliers au titre du crédit à l’habitat, soit un total de 96,86 milliards de DH ! Si l’on s’amuse à reconfigurer le tableau des crédits à la lumière de cette ventilation, on trouve que l’ensemble des crédits accordés aux ménages (consommation et habitat confondus) s’élève à 121,26 milliards de DH. Cela place le nouvel ensemble en deuxième position avec une part de 24,59%. Cette analyse pourrait être affinée davantage en prenant en considération les crédits accordés aux sociétés de financement dont les ménages forment une bonne partie de la clientèle.
En souffrance
Les créances en souffrance sont de moins en moins importantes. C’est le signe d’un secteur financier au fonctionnement assaini davantage dans le respect des règles prudentielles. D’un montant total de 35,6 milliards de DH à fin 2006, les créances en souffrance s’élèvent, à fin septembre 2008, à 31,66, soit pratiquement 4 milliards de moins. Sur le total des encours des banques, ces créances ne représentent que 6,4% à fin septembre 2008. Cette part était de près de 11%, deux ans plus tôt.
Source : L’Economiste - Nabil Taoufik
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