Le ski dans l’Atlas : pas (encore) les Alpes, mais exotisme garanti

28 janvier 2009 - 23h30 - Maroc - Ecrit par : L.A

La neige est un peu lourde et le dénivelé, d’une centaine de mètres, pas de nature à affoler les trompe-la-mort mais qu’importe, l’enthousiasme des centaines de touristes venus skier ou faire de la luge à Mischliffen, dans le Moyen-Atlas, est communicatif.

Nous sommes au début des vacances scolaires, à 20 kilomètres d’Ifrane, petite ville créée sous le Protectorat français en 1929 et audacieusement décrite comme comme le "Megève marocain" par un guide touristique, à 1650 mètres d’altitude.

Ces dernières semaines, la neige est tombée en abondance dans la région et, avec ses chalets aux toits pentus, Ifrane évoque irrésistiblement une station de sports d’hiver alpine.

A Mischliffen, par contre, pas de doute possible : on n’est pas dans les Alpes. La seule piste ouverte aux skieurs plonge au milieu de cèdres magnifiques mais les infrastructures sont minimalistes.

L’immense majorité des gens "montés" à Mischliffen font de la luge. Et des luges, il y en a des centaines, la plupart de fabrication artisanale : deux vieux skis tronqués, une caisse de bois clouée dessus et en avant la musique... Les loueurs, par dizaines, sont disposés sur le parking et hèlent le chaland, proposant luges, skis, bâtons et chaussures. Le matériel est disparate et certains skis portent toujours des autocollants de loueurs savoyards.

Les gens viennent en famille, toutes générations confondues, s’interpellent, crient, rigolent, dans un capharnaüm bon enfant. Une femme voilée surveille ses rejetons, des adolescents aux tenues fluo improvisent une bataille de boules de neige et des gendarmes en uniforme, aux fonctions mal définies, déambulent placidement au milieu de cette foule joyeuse, bruyante et colorée. Sur la route, des cavaliers proposent des ballades dans la neige et se laissent volontiers prendre en photo.

Des deux remonte-pentes, un seul est en service et les tarifs ne sont pas prohibitifs : 4 dirhams (environ 30 centimes d’euro) la remontée. Mais le fonctionnement de l’installation, qui a visiblement connu des jours meilleurs, est pour le moins erratique.

11 heures du matin, l’employé du tire-fesses assure avec aplomb et sans rire qu’il sera mis en marche "à 10 heures précises". A 16 heures, le remonte-pente est arrêté, les loueurs récupèrent leur matériel et les touristes redescendent vers Ifrane, en un long cortège de voitures et de cars sur une route étroite et sinueuse. Seuls restent ceux qui passeront la nuit à l’Aghlias, unique hôtel de la "station", cher et peu confortable.

Mischliffen (ouverte dès 1951) a donc peu de chance d’accueillir des championnats du monde de ski mais le site, un ancien cirque volcanique, est une invitation au ski de fond et à la pratique de la luge.

Le roi Mohammed VI, qui possède un palais à Ifrane, est dit-on un passionné de ski et a beaucoup fait pour la promotion de Mischliffen.

Plus au sud, dans le Haut-Atlas, il est possible de faire du ski de descente dans des conditions plus "classiques".

Oukaïmeden, à environ 75 kilomètres au sud de Marrakech, propose quatre remonte-pentes, deux télésièges et un refuge construit par le Club alpin français (CAF) en 1936.

Dans son dernier numéro, le périodique marocain Le Journal Hebdomadaire note toutefois que l’état des pistes laisse parfois à désirer et qu’"il n’est pas insolite de se retrouver bloqué (...) sur un télésiège (...) à cause d’une coupure de courant".

Source : AFP

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