Les opérateurs économiques qui continuaient à prélever les frais de service à leurs clients lors des règlements des factures par voie électronique, ont mis fin à cette pratique, a annoncé mardi le Conseil de la concurrence.
Si l’on ne compte plus le nombre de sites de commerce en ligne qui font dorénavant partie du paysage économique marocain, on ne peut que s’étonner de se voir conseiller à chaque requête de « passer au magasin » pour acheter le produit désiré. Selon les experts, les « pure players », ceux qui appliquent à la lettre le concept de vente en ligne, c’est-à-dire qui permettent effectivement l’achat du produit, son règlement et sa livraison sans se déplacer restent encore rares.
Nombre de nouveaux arrivants sur le marché du e-commerce profitent des effets d’annonce avant de délaisser leur plateforme commerciale et de la limiter à une simple vitrine virtuelle. « Les entreprises qui ont les moyens de communiquer ne le font pas », explique un responsable d’une régie publicitaire. Déçus par le mirage de fortunes vite faites, à l’image d’Amazon.com, nombreux sont ceux qui ont abandonné leur activité, comme Hypertech. « On peut dire qu’il n’y a presque plus de plateforme de e-commerce selon l’orthodoxie des internautes », explique Adel Mokhtari, DG de Fusion Ingeneering. Une orthodoxie qui veut que le vendeur ne dispose pas de magasin commerciale, au sens propre du terme.
Pourtant, les opérateurs ne sont guère pessimistes. « Nous arrivons à vivre de notre activité », explique Ahmed Naçri, DG de Webstore. De manière globale, les revendeurs de matériel informatique réalisent, par Internet, un chiffre d’affaires variant entre 4 et 5 MDH par an. En outre, depuis le début de la vague de lancement de sites de e-commerce, les revendeurs ont doublé leur chiffre d’affaires d’année en année. Et cela, à quelques rares exceptions près, sans proposer la carte de crédit comme mode de paiement.
Ainsi, en 2008, le chiffre d’affaires du e-commerce se montait, selon Maroc télécommerce, gestionnaire de la plateforme de paiement en ligne, à quelque 35 MDH. Ce chiffre concerne essentiellement le « B2C » et se définit à travers les opérations de paiement par carte de crédit en ligne. En l’absence d’association, il est impossible d’évaluer le chiffre d’affaires du secteur, mais les experts s’accordent à dire qu’en incluant les paiements par chèque effectués à la suite d’une commande, par le biais d’Internet, il dépasse largement le milliard de dirhams.
Du coup, « on peut dire que le commerce en ligne est en train de décoller », assure Samira Gourroum de Maroc télécommerce. Mais elle corrobore les dires des experts en expliquant qu’il faut savoir comment aller vers la vente en ligne et respecter la méthodologie. « Il leur faut communiquer, être présents sur la sphère Internet et être patients », précise-t-elle. Démarche que confirme Adel Mokhtari pour qui il faut « avoir la foi ». D’ailleurs, beaucoup savent qu’il leur faut, même en proposant un produit attractif, survivre encore trois ans pour arriver à vivre confortablement de son activité. Signe que le potentiel est encore largement sous exploité, une entreprise de stature internationale comme Royal Air Maroc ne réalise que 10% de son chiffre d’affaires par le commerce en ligne.
Les Marocains restent méfiants à l’égard du paiement par carte bancaire
L’une des causes est que « les consommateurs marocains sont méfiants. Ils redoutent les arnaques et rechignent à communiquer des informations personnelles », renchérit un expert. Il y a aussi le fait que le niveau des commissions « pousse certains sites de commerce en ligne à opter pour le paiement à la livraison », poursuit Mme Gourroum. Par exemple, des sites marchands tels qu’épicerie.ma ou lescourses.ma, en raison de marges très faibles, ne proposeront jamais le paiement en ligne. C’est pourquoi le Centre monétique interbancaire (CMI) est en train de négocier une baisse des commissions avec les sociétés de cartes de crédit Visa et Mastercard.
Les annonceurs démarchent les sites les plus visités pour leurs insertions publicitaires
Sur un autre plan, les opérateurs sont parfois prudents parce que les clients n’honorent pas toujours leurs commandes. Comme un produit personnalisé a de faibles chances de trouver preneur en cas de défection, les risques de perte de chiffre d’affaires ne sont pas négligeables.
Cela étant, le e-commerce est un recours obligé pour certaines activités. Il en va ainsi pour le tourisme dans son ensemble. Que ce soit les agences de voyages ou encore les hôtels, la réflexion pour se doter d’un site web marchand est en cours. Il existe déjà une offre à travers divers portails, mais les opérateurs se rendent bien compte que leur offre ne sera que plus alléchante s’ils traitent directement avec le client final. « Dans la conjoncture actuelle, il faut baisser les charges. Certains le font en licenciant, d’autres en se lançant dans le e-commerce », explique la responsable de Maroc télécommerce.
Pour contourner les difficultés actuelles, certains sites recherchent d’autres sources de revenus. La solution la plus évidente est de louer de l’espace publicitaire sur son site. Il n’est pas rare pour un entrepreneur de se voir approcher par des multinationales pour vendre de l’espace. D’ailleurs, un site de vente en ligne permet d’atteindre très précisément sa cible pour peu qu’elle dispose d’un compte comprenant des données personnelles. Cependant, cette méthode peut s’avérer risquée en matière de crédibilité du site, expliquent certains professionnels. Malgré tout, le commerce en ligne continue d’évoluer, les Marocains profitant de retours d’expérience à l’international.
Source : La vie éco - Noredine El Abbassi
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