L’actrice, productrice et danseuse maroco-canadienne, Nora Fatehi figure parmi les grosses pointures du cinéma indien. À combien s’élève la fortune de la plus indienne des Marocaines ?
Avec "Sutra", et ses moines bouddhistes dansant le kung-fu, Sidi Larbi Cherkaoui a enchanté Avignon. L’univers créé par Antony Gormley y est déterminant.
Sidi Larbi Cherkaoui est un jeune homme (32 ans) surdoué et pressé. En quelques années, il est devenu la coqueluche de la danse mondiale. Ces douze derniers mois, il a enchaîné quatre créations : Myth, Apocrifu, Origine et maintenant Sutra. Sans rien perdre de sa vitalité créatrice.
La preuve par le triomphe reçu au festival d’Avignon avec "Sutra" créé peu auparavant à Londres. Avec "Sutra", Larbi parvient encore à se renouveler et à créer un univers original et charmant, un bel objet qui plaira immanquablement à un très large public.
Toujours boulimique de lectures, de multiculturalismes et de spiritualités diverses, Sidi Larbi Cherkaoui, le Belgo-marocain d’Anvers, a choisi ici une troupe de moines danseurs chinois du monastère bouddhiste de Shaolin dans le Henan. Dix-huit moines, crânes rasés, habillés d’une robe bleue. Ils pratiquent les arts martiaux, le kung-fu, comme une école spirituelle. Ils font des sauts, des mouvements vifs et menaçants, comme Bruce Lee, une des idoles de Larbi Cherkaoui quand il était enfant.
Mais s’il en était resté au kung-fu et à l’exotisme des moines, il n’aurait réalisé qu’un ersatz d’Exploration du monde. Plusieurs coups de génie lui ont permis d’éviter ces pièges.
Il y a d’abord la présence capitale d’Antony Gormley, le grand plasticien anglais qui signe la scénographie : dix-huit boîtes en bois, de taille humaine, qui forment comme un grand jeu de lego. On peut les assembler en une montagne, les dresser, les faire tomber les unes sur les autres avec les danseurs dedans. Les moines peuvent les porter, tels des escargots, s’y cacher, en faire des bateaux ou des cercueils. Visuellement, c’est parfait. Et la danse spectaculaire des moines s’adoucit à cet humble effort de porter sa boîte pour devenir une suite d’images magnifiques. De plus, Larbi a choisi un jeune moine de 11 ans, craquant et cabotin, qui danse en solo, perturbe le groupe, jaillit.
Il y a aussi Larbi lui-même, seul danseur "blanc", il fait le contrepoids, l’antithèse. Il est le regard extérieur, le frottement. Quand il danse, enfermé dans sa boîte, ou qu’il dialogue avec le petit moine, il est splendide.
La musique n’est plus du Moyen Âge, comme dans "Foi" (le plus beau spectacle de Larbi Cherkaoui), Myth ou Apocrifu. Il a utilisé cette fois la musique originale - belle, lisse et douce - de Szymon Broska.
Tout est doux et beau dans ce spectacle, trop peut-être, trop irrésistible, trop consensuel, jusqu’à cette idée un peu bateau, du mélange des civilisations et des âges, quand Larbi semble enseigner au moinillon l’organisation du monde à partir d’un jeu de boîtes en miniature reproduisant les grandes boîtes.
Mais ne boudons pas notre plaisir. Un spectacle beau, vif, plein d’images splendides, populaire au sens noble du terme, avec des danseurs impressionnants. Que demander de plus à l’heure où tant de spectacles parlent de la mort. Il sera toujours temps d’y retourner ensuite.
"Sutra", de Sidi Larbi Cherkaoui sera à la Monnaie du 28 au 31 octobre et du 19 au 21 février au Singel à Anvers.
Source : Libre Belgique - Guy Duplat
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