Constitution : les dessous d’une réforme

"Le projet de Constitution présenté au Roi Mohammed VI, n’est pas le même que celui qui a été soumis au vote par référendum, et la Constitution pour laquelle ont voté les Marocains n’est pas la même que celle publiée dans le bulletin officiel. "Ces propos sont ceux de Mohamed Tozy, membre de la Commission chargée de la révision de la constitution marocaine.

"La version arabe de la Constitution diffère aussi de la version française de cette loi, principalement en ce qui concerne le lexique utilisé. Mais la référence en la matière reste bien entendu la version arabe de la Constitution", a indiqué le politologue lors d’un atelier organisé par Transparency Maroc à Rabat.

Même la méthodologie de travail pour l’élaboration de la nouvelle Constitution, a fait l’objet de multiples tractations entre les membres de la commission, en raison de leurs convictions idéologiques divergentes, au point que certains membres de cette commission n’osaient même pas prononcer le mot "Roi" sans qu’il ne soit précédé de "Sa Majesté".

Mohamed Tozy paraissait également insatisfait par la mise en œuvre de la Constitution, principalement par le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, qui n’exploite pas selon lui, les larges prérogatives dont il jouit en vertu de ce texte.

Le politologue en a profité pour rappeler un virulent éditorial de l’actuel ministre de la Communication Mustapha El Khalfi, dans lequel ce dernier avait vivement critiqué les membres de la Commission présidée par Abdeltif Menouni.

Les multiples revendications de constitutionnalisation reflètent en fait le sous-développement de la société marocaine, dont la culture est non-démocratique, estime Mohamed Tozy, ajoutant que la nouvelle Constitution a été imposée par le contexte du printemps arabe.