
Des professeurs de langue arabe et de culture marocaine, officiant à la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger, dénoncent le retard dans le traitement de leurs demandes de « mise en disponibilité administrative ».
Hier à Gennevilliers, entre les barres d’immeubles de la cité rouge, tout le monde l’appelait Imane. Aujourd’hui à Mohammedia, petite ville industrielle au nord de Casablanca au Maroc, tout le monde l’appellera Imène.
Une seule lettre change, une lettre pour deux cultures. Imane est une adolescente franco-marocaine. Partie de sa ville natale des Hauts-de-Seine, elle arrive ce matin à Mohammedia. « En arabe, Imène ça veut dire la foi. Mon père a francisé le prénom à ma naissance pour que ça fasse plus original. » A presque 17 ans, Imane la Franco-Marocaine profite de l’été pour rentrer au bled comme des milliers d’autres jeunes d’origine maghrébine. « J’y vais tous les ans depuis toujours. C’est indispensable pour moi. L’ambiance, la vie, rien n’est pareil. Tout le monde se dit bonjour, tout le monde s’entraide. C’est pas comme à Paris. »
« Au collège, on est souvent catalogués Marocains ou Tunisiens. C’est stupide » Pourtant, l’an dernier, après une année scolaire difficile soldée par le redoublement de sa troisième, l’adolescente a traîné les pieds au moment de faire sa valise. « J’aurais préféré aller ailleurs. Mais, au bout de quelques jours, la famille me manquait trop, j’ai décidé de partir quand même. » Accompagnée de sa maman, gardienne d’immeuble à Saint-Ouen, elle rejoint ce matin à Mohammedia ses grands-parents et son arrière-grand-mère, des aïeux pour qui elle cultive un respect presque sacré. « C’est grâce à ma grand-mère que je parle arabe. Elle ne voulait pas entendre de français à la maison. » Une richesse culturelle précieuse que plus d’une de ses copines lui envient aujourd’hui à Gennevilliers, mais qui ne suffira pas à palier les différences. « A Gennevilliers, je suis marocaine, mais, au Maroc, tout le monde me considère comme une Française. » A 4 000 kilomètres de sa banlieue et du lycée Galilée où elle entre en septembre, Imane a emmené un peu de France dans sa valise. « Du shampooing parce qu’il est plus cher là-bas, deux livres pour préparer la rentrée, toutes mes robes, des pantalons courts et de la musique tendance, du genre R’&’B. » La musique marocaine, elle en écoutera aussi, mais sur place, histoire, même au Maroc, de rester « tendance ». « Au collège, on est souvent catalogué Marocain ou Tunisien. C’est stupide. Moi, je suis d’origine marocaine. Pour l’instant, j’ai les deux nationalités. Mais, dans un an, je devrai choisir... » Elle hésite... « Je pense que ça sera la France. C’est beaucoup plus simple. » D’ailleurs la jeune fille insiste sur les mots : « Je "pars" pour le Maroc, alors que maman "rentre" au pays. » Ce matin, un des premiers réflexes d’Imane sera de faire le tour de la maison construite par ses grands-parents il y a presque quarante ans. « J’irai voir également si le petit café en bas de la rue n’a pas bougé. » Puis il y aura la plage de Bouzneza et les vagues de l’océan Atlantique. Sa seule grosse déception, ne pas être partie plus tôt. « On a raté le mariage du roi qui a eu lieu vendredi. Je suis trop dégoûtée. »
Source : Le Parisien
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