Les gendarmes de la Brigade de recherches de Bouliac ont démantelé un réseau d’exploitation d’ouvriers agricoles. Six personnes ont été mises en examen jeudi 12 décembre, dont un couple de Marocains placé en détention provisoire.
Hier à Gennevilliers, entre les barres d’immeubles de la cité rouge, tout le monde l’appelait Imane. Aujourd’hui à Mohammedia, petite ville industrielle au nord de Casablanca au Maroc, tout le monde l’appellera Imène.
Une seule lettre change, une lettre pour deux cultures. Imane est une adolescente franco-marocaine. Partie de sa ville natale des Hauts-de-Seine, elle arrive ce matin à Mohammedia. « En arabe, Imène ça veut dire la foi. Mon père a francisé le prénom à ma naissance pour que ça fasse plus original. » A presque 17 ans, Imane la Franco-Marocaine profite de l’été pour rentrer au bled comme des milliers d’autres jeunes d’origine maghrébine. « J’y vais tous les ans depuis toujours. C’est indispensable pour moi. L’ambiance, la vie, rien n’est pareil. Tout le monde se dit bonjour, tout le monde s’entraide. C’est pas comme à Paris. »
« Au collège, on est souvent catalogués Marocains ou Tunisiens. C’est stupide » Pourtant, l’an dernier, après une année scolaire difficile soldée par le redoublement de sa troisième, l’adolescente a traîné les pieds au moment de faire sa valise. « J’aurais préféré aller ailleurs. Mais, au bout de quelques jours, la famille me manquait trop, j’ai décidé de partir quand même. » Accompagnée de sa maman, gardienne d’immeuble à Saint-Ouen, elle rejoint ce matin à Mohammedia ses grands-parents et son arrière-grand-mère, des aïeux pour qui elle cultive un respect presque sacré. « C’est grâce à ma grand-mère que je parle arabe. Elle ne voulait pas entendre de français à la maison. » Une richesse culturelle précieuse que plus d’une de ses copines lui envient aujourd’hui à Gennevilliers, mais qui ne suffira pas à palier les différences. « A Gennevilliers, je suis marocaine, mais, au Maroc, tout le monde me considère comme une Française. » A 4 000 kilomètres de sa banlieue et du lycée Galilée où elle entre en septembre, Imane a emmené un peu de France dans sa valise. « Du shampooing parce qu’il est plus cher là-bas, deux livres pour préparer la rentrée, toutes mes robes, des pantalons courts et de la musique tendance, du genre R’&’B. » La musique marocaine, elle en écoutera aussi, mais sur place, histoire, même au Maroc, de rester « tendance ». « Au collège, on est souvent catalogué Marocain ou Tunisien. C’est stupide. Moi, je suis d’origine marocaine. Pour l’instant, j’ai les deux nationalités. Mais, dans un an, je devrai choisir... » Elle hésite... « Je pense que ça sera la France. C’est beaucoup plus simple. » D’ailleurs la jeune fille insiste sur les mots : « Je "pars" pour le Maroc, alors que maman "rentre" au pays. » Ce matin, un des premiers réflexes d’Imane sera de faire le tour de la maison construite par ses grands-parents il y a presque quarante ans. « J’irai voir également si le petit café en bas de la rue n’a pas bougé. » Puis il y aura la plage de Bouzneza et les vagues de l’océan Atlantique. Sa seule grosse déception, ne pas être partie plus tôt. « On a raté le mariage du roi qui a eu lieu vendredi. Je suis trop dégoûtée. »
Source : Le Parisien
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