
Après avoir changé sa position sur la question du Sahara, la France a adopté la carte complète du Maroc et de ses provinces du Sud. C’est du moins ce que semble montrer la télévision française.
C’est à un véritable tournant inespéré, presque un miracle, que le registre de la coopération bilatérale s’en soit toujours sorti indemne, en dépit des épreuves de force et des tensions conflictuelles qui ont souvent parsemé l’itinéraire croisé des deux pays voisins aux destinées régionales communes, partageant un bon morceau de patrimoine historique et civilisationnel propre aux deux peuples.
Il faut dire, qu’au moins à deux reprises, le pire a été évité par la sagesse des deux Monarchies, tempérant les « bruits de bottes » de gouvernements prompts à aller en guerre. Ce fût le cas avec la Marche Verte pacifique alors que le monde entier s’attendait au pire entre les deux armées. Et, plus récemment, l’affaire de l’îlot Leïla aurait vite dégénéré, ne fut-ce la célérité américaine à désamorcer un climat parvenu au summum de son acuité.
Bien sûr, il y eût ensuite l’épisode controversé des attentats de Madrid du 11 mars 2004, lorsque les gouvernants du parti populaire, avant leur débâcle électorale, accusaient notre pays d’être « exportateur de terroristes ».
Une rupture radicale avec tous ces atermoiements de la droite conservatrice a été initiée par les socialistes vainqueurs de Zapatero inaugurant, dans le même temps, une nouvelle ère dans les liens bilatéraux fort prometteurs. « Nous vivons un moment privilégié dans les relations entre le Maroc et l’Espagne », a tenu à souligner l’ambassadeur d’Espagne au Maroc au double constat de « rapports de confiance » depuis l’avènement du PSOE au pouvoir d’une part, et de « l‘agenda bilatéral positif » sur lequel planchent les deux partenaires, d’autre part.
En effet, Luis Planas Puchades, s’applique à montrer les récentes évolutions entre nos deux pays : « les deux pays ont pu surmonter les différences d’un passé très proche. Un malentendu dû à l’ignorance, aux préjugés lourds à surpasser et à un déficit de communication ». Les parties s’investissent, institutionnels des deux rives avec des échanges de missions ministérielles et de hauts responsables des deux pays, délégations d’hommes d’affaires et opérateurs économiques dans le cadre du partenariat entre les confédérations patronales des deux bords, échanges éducatifs et culturels…
Tous les feux sont au vert pour booster l’aide publique au développement qui a carrément quadruplé, en comparaison avec les moyennes annuelles dans la période 2000-2006 pour atteindre 3 milliards de DH au terme de cette année 2007. Au total, 5 milliards de DH ont été débloqués ce dernier lustre, visant le financement des projets liés à la lutte contre la pauvreté, l’appui à la promotion des droits de l’Homme et de l’approche genre, amélioration de l’environnement tout en respectant les spécificités culturelles du pays.
L’Espagne a été aussi le premier pays étranger à réagir favorablement à l’INDH en se portant partenaire pour un premier don de 7,5 millions de DH à nombre de projets socioéconomiques de proximité. Le chapitre de la coopération contre l’émigration clandestine n’est pas en reste, tandis que les pouvoirs publics espagnols ont fait l’effort d’insérer dans le marché du travail près de 9000 migrants marocains dont la situation de séjour a été régularisée, et que le nombre de contrats de travail prévus pour cette année s’élève à plus de 11.000. Un premier pas conséquent, en attendant de relever le défi de l’intégration.
Gazette du Maroc - B.M.
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