"Malgré toute son importance, l’annonce du 10 décembre par le Royaume du Maroc de normaliser ses relations avec Israël peut difficilement être considérée comme une surprise. Les contacts entre les deux pays s’étalent sur des décennies, et Rabat et Jérusalem se vantent depuis longtemps d’un partenariat dynamique (quoique informel) construit autour de liens culturels, de liens commerciaux et d’alignement politique. Une affirmation publique de cette réalité existante n’était pas vraiment une question de si, mais de quand", écrit-il.
Même ainsi, le début de contacts officiels entre les deux pays est, indique M. Berman, un développement majeur, et qui renforce ce qui est apparu comme le signal de la réussite de la politique étrangère de l’administration sortante. Il a fait remarquer que la Maison-Blanche a travaillé avec diligence ces quatre dernières années pour faire progresser sa vision d’un Moyen-Orient plus intégré et économiquement prospère. Résultat : depuis cet été, la vague de "normalisation" nourrie par l’administration Trump a donné lieu à pas moins de quatre accords distincts entre Israël et les pays arabes (avec les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Soudan et le Maroc), ainsi qu’à d’autres accords et percées diplomatiques avec la Serbie, le Kosovo et le Bhoutan.
Selon le responsable américain, l’accord Maroc-Israël devrait également être considéré comme une aubaine pour la nouvelle administration Biden, pour au moins deux raisons. La première : il s’agit d’un rappel opportun d’un contexte régional qui a profondément changé au cours de la dernière demi-décennie. "Le Moyen-Orient, historiquement agité, est maintenant plus intégré économiquement et politiquement modéré qu’à tout moment dans la mémoire récente. L’administration Biden héritera de cette tendance bienveillante et, avec la diplomatie appropriée, pourra s’appuyer sur elle pour promouvoir davantage la prospérité et la stabilité régionales dans les années à venir", affirme-t-il.
"Deuxièmement, il positionne l’allié de longue date des États-Unis, le Maroc, pour qu’il assume un rôle plus important dans la sécurité nord-africaine", fait-il observer. Selon M. Berman, le positionnement stratégique du Maroc sur le continent, situé à proximité de points chauds géopolitiques comme le Mali et le Nigeria, fait de lui un candidat naturel pour une telle fonction. Désormais, la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara suivie de la normalisation avec Israël permettra au royaume de jouer un rôle plus significatif dans la sécurité régionale. Il est persuadé que le Maroc dispose de moyens nécessaires pour jouer pleinement ce rôle.