Depuis deux mois, Assia se saigne aux quatre veines pour rapatrier au Maroc la dépouille de sa grand-mère décédée le 10 avril dernier, dans le Borinage, à l’âge de 85 ans. Mission impossible.
La défunte vivait depuis plus de 30 ans en Belgique, dans le Borinage, ainsi que ses deux filles. Ses trois fils, eux, sont restés à Casablanca. "Elle disait toujours : on va tous mourir un jour. Moi je veux être enterrée au pays", se souvient sa petite-fille Assia, âgée de 20 ans. "Afin de concrétiser cette volonté, ça fait plus de trente ans qu’on paie une assurance funérailles exprès pour le rapatriement", raconte-t-elle au journal La Capitale.
Mais l’apparition du covid-19 a tout compliqué. Le Maroc a fermé son espace aérien afin de freiner la propagation du coronavirus. En conséquence, tous les vols ont été annulés. Y compris les vols de rapatriement des dépouilles de centaines de Marocains résidant à l’étranger (MRE).
"Je ne parle pas seulement pour ma grand-mère […] Ces défunts ont formé sur leur lit de mort le souhait d’être enterrés dans leur pays natal. Il faut beaucoup aimer son pays pour y penser lorsque l’âme quitte le corps, n’est-ce pas ?", dit la jeune fille.
Assia dit avoir compris le souci des autorités marocaines de se protéger de l’épidémie à son paroxysme "mais aujourd’hui on ne sait toujours rien et on a peur que la morgue ne puisse plus garder le corps. Tout ce qu’on demande, c’est que le cercueil puisse être rapatrié pour être pris en charge par mes oncles et mes cousins sur place ; on n’ose même plus demander à l’accompagner… "