L’Exécutif des musulmans de Belgique (EMB), l’organe officiel de gestion du culte islamique, a émis une série d’instructions et de recommandations pour aider les fidèles à vivre un mois de Ramadan sous le signe "de la sagesse, de la patience et de la solidarité". Comme les mosquées resteront fermées au public, l’EMB précise que "la prière de Tarawih ne peut être accomplie qu’à la maison uniquement, avec des membres de la famille vivant sous le même toit".
Il est aussi demandé aux musulmans de Belgique de prendre leur repas de rupture du jeûne à la maison avec seulement les membres de la famille. L’invitation des proches, des amis et des voisins, est proscrite tout comme les rassemblements après l’Iftar. Jamal Habbachich est l’imam d’une mosquée à Bruxelles. Selon lui, les musulmans de Belgique ont dépassé la déception et la frustration pour voir en cette période difficile "une occasion unique de prendre du recul, de se recentrer sur leurs priorités et de se rapprocher de Dieu".
Même s’ils sont contraints de changer bon nombre de leurs habitudes et de leurs rituels à cause des mesures telles que la distanciation sociale, l’interdiction des rassemblements et la fermeture des mosquées, "rien ne les empêche de se ressourcer spirituellement, d’accomplir leurs prières et leurs rituels religieux, relève Jamal Habbachich dans une déclaration à la MAP.
Les musulmans de Belgique comptent mettre cette période de confinement à profit pour "se focaliser davantage sur l’essence même de ce mois de recueillement, d’adoration et de piété, afin de resserrer davantage les liens familiaux". La mosquée qu’il dirige accompagne comme elle peut les fidèles, par la publication quotidienne sur sa page Facebook, des capsules vidéos pour prodiguer aux fidèles des conseils théologiques et leur apporter un soutien à même de leur "permettre de vivre pleinement leur spiritualité".
L’imam a salué "l’élan de solidarité extraordinaire des membres de la communauté marocaine et l’esprit de compassion dont ils font preuve dans ce contexte particulier". Grâce à elle, des repas et des colis alimentaires sont distribués chaque jour aux plus démunis et aux sans-abri. Selon Jamal Habbachich, cette crise sanitaire n’a pas eu que des conséquences négatives. Elle a également permis de "renforcer davantage les valeurs de solidarité et d’entraide et de raffermir les attaches des Marocains de Belgique avec les membres de leurs communautés".
Comme leurs coreligionnaires, les membres de la communauté marocaine essaient donc de s’accommoder à cette nouvelle réalité et de changer leurs habitudes. Mais il n’est pas question pour eux de se passer des traditions culinaires et des mets qui font la spécificité de ce mois sacré. "Ils trouvent leur bonheur dans les nombreux commerces détenus par des Marocains comme eux".
Afin d’éviter tout risque sanitaire en cette période particulière, des entreprises spécialisées dans les solutions mobiles de "Click & Collect" ont ainsi lancé des sites de commandes en ligne et de retraits sans contact physique, dédiés au mois du Ramadan. À travers "une recherche par ville, ils peuvent retrouver facilement tous les supermarchés, les boucheries, les boulangeries et pâtisseries, ainsi que les commerces se trouvant à proximité de leurs domiciles".
Même si la crise du coronavirus est venue chambouler le quotidien des musulmans de Belgique pendant le Ramadan, elle aura certainement eu le mérite de leur "permettre de cerner le sens profond du jeûne et la véritable finalité de ce mois béni, loin des excès contraires aux valeurs authentique de l’Islam".