Le rappeur Médine est invité aux universités d’été d’Europe Écologie les Verts (EELV) et de la France insoumise (LFI) prévues respectivement le 24 août et le 26 août. Il sera aussi en septembre à la Fête de l’Humanité, le festival organisé par le journal proche du Parti communiste. Ces invitations ont rapidement suscité de vives réactions de la part du Rassemblement national (RN), mais aussi des « macronistes ». Vendredi, Clément Beaune, a appelé la France insoumise et EELV à désinviter Médine de leurs événements estivaux. Mais ces partis de gauche ne sont pas près de faire la volonté du ministre des Transports. « Puisqu’on était dans sa ville (Havre), ça nous semblait normal de le convier. Il a tout de suite répondu favorablement et de façon très sympa », a expliqué à Libération Marine Tondelier, la secrétaire nationale du parti EELV.
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Médine est accusé d’antisémitisme après son jeu de mots sur X (Twitter) jeudi à l’adresse de l’essayiste franco-gambienne Rachel Khan, juive et petite-fille de déporté. Il l’a qualifiée de « resKHANpée », comprendre : une « personne ayant été jetée par la place Hip-Hop, dérivant chez les social traîtres et bouffant au sens propre à la table de l’extrême droite ». Celle-ci l’avait comparé à un « déchet. » « Tout est dit… », a réagi Rachel Khan. Une polémique enfle. Le lendemain, le rappeur répond : « Aucune ambiguïté. J’ai attaqué le parcours professionnel de Rachel Khan. La formule pas adaptée, qui a certainement dû heurter des personnes et je m’en excuse, n’était pas dirigée vers sa famille ni vers les victimes du drame de la Shoah. » Des propos qui sont loin de convaincre une quinzaine de députés macronistes qui redemandent à LFI et EELV de renoncer.
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La cheffe d’EELV ne l’entend pas de cette oreille. Marine Tondelier défend le « parcours intéressant du rappeur » qui a ouvert les « yeux sur ses erreurs ». Sur la toile, on le voit dans plusieurs photos, il y a une dizaine d’années, en train de reprendre la « quenelle », geste antisémite popularisé par l’humoriste controversé Dieudonné. Celui-ci a été condamné pour antisémitisme. En 2015, il sort « Don’t Laïk », dans lequel il chante : « Crucifions les laïcards comme à Golgotha ». Critiqué par ses détracteurs, Médine expliquera que cette phrase est une « succession d’absurdités, d’oxymores » et revendiquera par la même occasion le droit de « blasphémer une valeur lorsqu’elle est dévoyée ».
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L’interprète de « Besoin d’évolution » est également accusé d’homophobie. Dans une vidéo exhumée en 2018 (mais non datée), on peut entendre le rappeur utiliser le mot « tarlouze » lors de son concert de Médine au Bataclan. Invraisemblable pour les écolos qui rappellent que le rappeur de 40 ans a toujours défendu les droits LGBT+ dans ses prises de parole publiques. « Aujourd’hui, il dénonce l’extrême droite, l’emprise de l’extrême droite, il a évolué sur la question des personnes LGBT et défendu leurs droits. Je voudrais qu’on discute avec lui pour savoir comment il est passé de Dieudonné à défendre la lutte contre l’extrême droite de manière très virulente », a expliqué début août sur LCI la députée écologiste Sandrine Rousseau.