Klaus K., professeur d’allemand à l’IEP de Grenoble depuis 25 ans et Vincent T., maître de conférences en sciences politiques sont tous deux visés par le collage des affiches et accusés d’islamophobie. Le parquet de Grenoble a ouvert une enquête « pour injure publique envers un particulier par parole, écrit, image ou moyen de communication au public par voie électronique […], et dégradation ou détérioration légère de bien destiné à l’utilité ou la décoration publique par inscription, signe ou dessin ». La procédure fait suite « au signalement de la direction » de l’IEP, vendredi, au lendemain du collage de ces affiches à l’entrée de l’établissement, précise un communiqué du procureur de la République de Grenoble, Éric Vaillant.
Sur BFMTV, Klaus K. a dénoncé une campagne menée par des « étudiants extrémistes ». Selon lui, tout est parti de la mise en place d’un groupe de travail informel pour préparer la semaine « de l’Égalité et contre les discriminations », fin novembre 2020. « Je m’étais inscrit pour préparer une journée thématique au titre : racisme, islamophobie, antisémitisme, raconte-t-il. Je contestais dans la discussion avec mes étudiants cet alignement de ces trois termes dans une seule thématique. » Par la suite, sa collègue, membre du laboratoire de recherche en sciences sociales PACTE l’a « exclu du groupe de travail, car les étudiants se disaient blessés » par ses paroles, a-t-il ajouté. Depuis, il est en « congé maladie » et a engagé un avocat pour décider de la suite judiciaire à donner.
Vincent T., maître de conférences en sciences politiques, est le deuxième professeur visé par le collage. Son cours non obligatoire intitulé : « Islam et musulmans dans la France contemporaine » est critiqué. L’Union syndicale Sciences Po Grenoble « souhaite retirer » cet enseignement « des maquettes pédagogiques pour l’année prochaine si lors de ce cours des propos islamophobes y étaient dispensés comme scientifiques ». Agacé, il a, dans un e-mail à ses étudiants, demandé à ceux d’entre eux qui sont membres du syndicat « de quitter immédiatement [ses] cours et de ne jamais y remettre les pieds ». « Je ne nie pas que mon cours comporte une approche critique de l’islamisme. […] Mais le problème n’est pas dans les problèmes de définition : il est dans l’usage des étiquettes qui, aujourd’hui, on le sait, peuvent tuer », a-t-il expliqué à Marianne.