La Direction générale de la météorologie (DGM) s’explique sur un phénomène naturel rarissime qui touche les régions désertiques et sahariennes du Maroc.
Les services des Eaux et Forêts ont recensé près de 80 incendies qui s’étaient déclenchés dans diverses régions du Maroc depuis le début de l’année en cours.
C’est ce qu’on apprend auprès des services concernés par la conservation du domaine forestier. Ces incendies ont ravagé, au total, 350 hectares de forêts et l’un des derniers aura été celui de Nador (3 à 4 hectares partis en fumée) dont les dégâts ont été maîtrisés grâce à une rapide mobilisation de moyens humains et techniques par une multitude d’intervenants dans ce genre de sinistres.
Ces chiffres, à en croire une source proche de ce dossier, n’ont rien à voir avec de graves dégâts enregistrés durant les dernières années et notamment le triste incendie qui était venu à bout, en 2000, de 1.500 hectares de la forêt Aoua et qui avait été derrière la mise en place d’un Comité national permanent de prévention et de lutte contre les incendies, réunissant plusieurs services et départements ministériels. Ce dernier comité, nous indique-t-on, se réunit toujours et de manière régulière toutes les deux semaines pour faire le bilan de ses actions et arrêter celles à entreprendre.
Les 350 hectares de forêts ayant fait les frais d’incendies (80 à peu près) n’ont rien, non plus, à voir avec une moyenne nationale de 220 incendies par an qui viennent à bout d’un total de 2850 hectares de forêts. C’est cette dernière moyenne qui a toujours été enregistrée durant les 40 dernières années avec, parfois, des "pics" (dus notamment à une excessive sécheresse) de 7.000 à 8.000 hectares avalés par les flammes.
Cependant, nous indique une source bien au fait de cet autre fléau national, ces chiffres ne doivent pas occulter une réalité plus alarmante. Cela s’explique d’abord par le fait que sur le total d’incendies généralement recensés au Maroc, 80% se déclarent souvent dès le mois de juin. Autrement dit, les services concernés ne sont pas sortis de l’auberge et la canicule est là pour ne rien arranger même si, affirme-t-on, la situation au Maroc n’a rien à voir avec celle d’un pays comme la France où sont recensés 30 départs de feu chaque jour.
La situation, sur le plan national, est plus critique dans les régions du Nord que dans le reste du pays. Dans ce sens, il est significatif de rappeler que 50% des forêts à haut risque sont localisées au Nord et s’étendent jusqu’au niveau de la ville de Kénitra. Jusque-là, la région de Chaouen constitue l’une des principales sources d’inquiétude vu que cette région a toujours été une sorte de point noir aussi bien en ce qui concerne le nombre des départs de feu que les superficies ravagées.
La responsabilité dans cet autre drame ? Nos interlocuteurs pointent du doigt l’élément humain, affirmant que 99% des incendies sont d’origine criminelle. Ils sont soit le fait de pyromanes qui se plaisent à ce jeu macabre (l’exemple d’un père de famille de 23 ans pris en flagrant délit mercredi dernier à Tahla dans la région de Taza), mais aussi de gens qui désirent s’accaparer le domaine forestier pour les besoins de leurs cultures.
Que faire pour limiter les dégâts ? D’abord, un travail de mobilisation dont la tâche est confiée aux walis et gouverneurs qui se chargent régulièrement de réunir, chacun à son niveau, tous les concernés sur un plan préfectoral ou provincial. Il est aussi question, dans ce genre de réunions régulières, de voir les moyens humains et techniques à mettre en œuvre pour parer à toute éventualité.
Plus concrètement, nous indique-t-on aux services concernés, chaque forêt bénéficie d’une surveillance étroite de la part de à 4 personnes embarquées à bord de véhicules équipés pour une intervention rapide et déterminante. Ces personnes sont munies d’un réseau de télécommunication privé qui rend plus efficaces la mobilisation, la localisation des incendies et l’intervention. Ces efforts sont appuyés par les services de la Gendarmerie Royale dotés de 10 avions d’une capacité de 1.500 litres. Ces avions sont stationnés de manière permanente et prêts à intervenir depuis les aéroports de 4 villes du Royaume.
Tout cela s’est accompagné lors des dernières années d’efforts de formation soutenus. Depuis 2002, le Maroc dispose d’une promotion de 25 sapeurs-forestiers qui ont reçu, grâce à une collaboration avec l’Espagne, une formation de pointe dans le domaine de lutte contre les incendies. Cet effectif spécialisé s’est renforcé avec l’arrivée, en 2003, d’une nouvelle promotion de techniciens au nombre de 25 également et qui sont habilités (et équipés) à intervenir partout au Royaume.
Cependant, beaucoup reste à faire. Et la lutte contre le feu ne saura être remportée sans la mobilisation (et la vigilance) de tous les citoyens, chacun à son niveau, pour sauvegarder un patrimoine au prix inestimable.
Libération.ma
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