Arrivée en France en 2010, Khansaa a suivi des études de pharmacie et est devenue docteur dans sa spécialité. Elle exerce dans une officine du 11ᵉ arrondissement à Paris où elle a été en "première ligne" du Covid-19 pendant le premier confinement. "J’ai été beaucoup sollicitée comme plein d’autres professionnels de santé. Beaucoup de traitements ont été interrompus dans les hôpitaux et les patients sont venus nous voir. Nous n’étions pas forcément préparés à cela. Nous avions évidemment la mission de distribuer et vendre des masques ou des gels, mais nous avions également beaucoup d’autres missions comme assister les femmes battues, écouter la détresse psychologique de certains. Les personnes âgées se sont senties isolées et abandonnées", confie-t-elle à France info.
En février dernier, la jeune femme demande à obtenir la nationalité française. "Je n’ai pas demandé ma naturalisation tout de suite, car je ne me sentais pas prête. Je voulais avoir un dossier béton. (...) Quand je me suis sentie prête, j’ai envoyé ma demande à la préfecture de Paris. Je savais que cela allait être long". Les rendez-vous administratifs s’enchaînent. "En août, j’ai passé un entretien qui s’est très bien passé. La personne a vérifié mes titres de séjour, mes fiches de paie. Elle m’a posé quelques questions sur mes connaissances en français, en histoire. ", explique la pharmacienne marocaine.
Dans la foulée, la chance lui sourit. Elle apprend que Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté rattachée au ministère de l’Intérieur a proposé mi-septembre, que les procédures d’accès à la nationalité française soient accélérées pour toutes les personnes ayant "contribué activement" à la lutte contre le Covid-19. "J’ai effectivement entendu parler de la proposition de la ministre. J’ai donc envoyé l’attestation de mon travail de pharmacienne et j’ai été informée que mon dossier serait examiné prioritairement", raconte Khansaa.
"On m’a indiqué que si ma naturalisation était acceptée, mon nom apparaîtrait au Journal Officiel", poursuit-elle. "Le premier jour de mes vacances, j’étais vraiment fatiguée je me suis dit, tant pis, je ne vais pas mettre le réveil pour regarder le JO, je vais dormir et au pire si je suis française à 7 heures je serai toujours française à 10 heures et là je reste au lit", sourit la jeune femme. "D’un coup, on me réveille et j’entends : il y a ton nom ! Il y a ton nom ! C’était le début des meilleures vacances de ma vie. C’était le plus beau cadeau de Noël que l’on m’ait jamais fait ! Difficile de faire mieux", s’exclame-t-elle.
"Je reste tout autant Marocaine que Française. J’ai une double culture, j’ai grandi au Maroc, mais je suis toujours allée à l’école française à Casablanca. J’ai toujours été éduquée avec la double culture. La France est mon deuxième pays", explique la jeune femme. "J’ai toujours pris pour acquis que j’étais une femme libre, indépendante avec ma liberté de paroles et de penser et cela grâce à la France. Ce n’est pas cela dans tous les pays. (...) C’est à la fois un honneur d’être française et un hommage à la France qui m’a aidé à me construire comme je suis", conclut-elle.