Gérard Araud, retraité, ancien ambassadeur de France à Washington, par ailleurs ancien conseiller extérieur de la société israélienne NSO, le fabricant de Pegasus, a émis des doutes sur le Maroc, un des pays accusés d’avoir ciblé 10 000 numéros de téléphones, notamment le président français Emmanuel Macron, à l’aide du logiciel espion.
« Je trouve curieux de s’en prendre à l’entreprise et non à ses clients, qui auraient, pour certains, dévoyé l’usage des logiciels achetés », a déclaré Gérard Araud dans une interview accordée à Paris Match. « NSO vend à des États ou à des agences gouvernementales, les négociations se déroulent à un niveau étatique. NSO examine scrupuleusement les besoins de ses potentiels clients : ces acheteurs font-ils face à une criminalité endémique ? Doivent-ils lutter contre des mouvements terroristes ? De son côté, le client prend des engagements formels », a-t-il expliqué.
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Celui qui a mis « en place des processus de prise de décision, d’aider à établir des listes de pays selon leur fonctionnement démocratique, leurs positions géostratégiques […] et les conditions qu’il fallait imposer aux acheteurs » précisera que « ce sont les mêmes procédures que pour les ventes d’armes. D’ailleurs, NSO dépend en Israël de la commission sur les ventes d’armes, car le logiciel Pegasus peut être assimilé à une arme. »
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Gérard Araud déclare être « perplexe » quant aux 50 000 numéros de téléphones de la liste de Forbidden Stories qui auraient été ciblés à l’aide du logiciel Pegasus pour le compte d’une dizaine d’États. Quid des accusations d’espionnage contre le Maroc ? « Il faut se méfier des apparences, on plonge ici dans le noir total, tout le monde peut mentir, personne ne pourra jamais débusquer la vérité », a répondu l’ancien conseiller de NSO.