Maryam Touzani et Lubna Azabal s’attendaient à tout sauf à ce que le film « Le bleu du caftan » soit applaudi pendant un quart d’heure suite à sa projection au festival de Cannes. La réalisatrice et tous les acteurs étaient émus par l’accueil réservé à ce long métrage dans lequel, la Belge incarne Mina, une femme de caractère mariée à Halim, avec qui elle tient un magasin traditionnel de caftans dans la médina de Salé, au Maroc, rapporte La Dernière Heure.
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Le couple vit depuis toujours avec le secret d’Halim, son homosexualité qu’il a appris à faire taire. La maladie de Mina et l’arrivée d’un jeune apprenti vont bouleverser cet équilibre. Unis dans leur amour, chacun va aider l’autre à affronter ses peurs. « J’avais besoin de parler de la communauté homosexuelle. J’avais parlé à Maryam de cela après ce qui s’est passé en 2019 à Cannes. J’avais embrassé sur la bouche Niserine Erradi, qui est comme ma petite sœur, et cela avait fait un pataquès terrible au Maroc », explique Lubna Azabal, interviewée par l’agence Belga.
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« J’ai trouvé que je n’avais pas assez défendu mes idées. J’avais eu plutôt tendance à m’excuser d’avoir offensé le peuple marocain plutôt qu’à m’exprimer et c’est vrai que je ne l’ai vraiment pas digéré. Je voulais donc un droit de réponse et dire ce que je pensais du traitement de la communauté LGTB en général et m’excuser auprès d’elle », poursuit l’actrice.
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« Maryam m’a alors dit qu’elle aimerait me faire lire un scénario grâce auquel je pourrais peut-être faire des excuses artistiquement. J’ai lu le scénario et je suis tombée amoureuse du personnage de Mina mais aussi de l’histoire dans sa globalité ».
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L’histoire de son personnage l’a émue pour des raisons personnelles. « Je venais de perdre mon meilleur ami d’un cancer des poumons. J’avais vu son évolution, la maladie. Il y avait quelque chose qui me bouleversait chez Mina. Et puis j’ai connu aussi dans ma vie ce qu’est d’aimer d’un amour inconditionnel jusqu’à se faire mal », raconte la Belge d’origine marocaine, qui a découvert la version finale du film jeudi, en même temps que le public.
L’actrice a dû faire certains sacrifices afin de jouer son rôle à la perfection, comme suivre un régime hypocalorique avec une diététicienne. « Je n’avais pas envie de jouer la maladie. Je voulais que mon corps l’incarne, par mon visage, ma fatigue. J’ai perdu huit kilos. […] Je voulais arriver à cet état de moineau. C’est ce que j’ai vu chez mon ami que j’ai perdu récemment ».
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Après sa collaboration avec Maryam Touzani, Lubna Azabal annonce le tournage, en août prochain, d’un long métrage belge et travaille également en parallèle sur un projet avec Nicolas Besos et sur un autre avec Karim Leklou et Laurent Lafitte.