Nezha Chekrouni : “Je serai de la partie en 2007”

24 avril 2007 - 00h34 - Maroc - Ecrit par : L.A

A mi-chemin du programme de consultations destinées aux MRE, sous la houlette d’un Comité d’expert du CCDH, Nezha Chekrouni, Ministre chargée des Marocains résidents à l’étranger, s’exprime sur les travaux initiés jusqu’à présent, sur la création du Conseil Supérieur, sur le vote en 2007 de cette communauté,…

Quel est le bilan d’étape que vous dressez à mi-parcours des travaux conduits par les experts du CCDH ?

Je ne me hasarderai pas à faire un quelconque bilan ! Le principe, qui repose sur le dialogue et l’échange, est positif, ainsi que la capacité de chacun à prendre plaisir à se retrouver afin de produire des recommandations liées à l’intérêt commun. De plus, je ne peux que me féliciter que le terme de citoyenneté soit devenu une réalité pour tous. J’ai toujours défendu que l’exercice de la citoyenneté était une priorité pour nos compatriotes.

Quant au travail réalisé par le CCDH, et il n’est pas encore achevé, il permet d’apporter un regard nouveau et frais. Il ne faut pas oublier que dans le cadre des recommandations de l’IER figurait le gel des amicales basées dans les pays d’accueils. C’est donc une page qui se tourne et une autre qui s’ouvre à nous.

Dans son discours du 5 novembre 2006, le Chef de l’Etat a annoncé la création d’un Conseil Supérieur des Marocains sans frontières. Quel sera sa composition, ses missions,…

Les consultations que mène le CCDH permettront de dégager un éventail de positions et un catalogue de propositions, et ce n’est qu’à partir de là, que les missions et les objectifs seront définis. Pour l’heure, personne ne peut prétendre connaître le futur visage de cette plateforme.

Cependant, il faut retenir que pour la première fois dans l’histoire du Maroc, les MRE auront une institution qui leur assurera une représentation et leur permettra de participer à la gestion publique en étant une force de propositions. Ils auront la possibilité d’exprimer pleinement leurs expériences et expertises au service de leur pays d’origine, en relation avec les pays de résidence.

Comment intervenir, impacter, sur la gouvernance publique lorsque l’on réside à l’étranger la plupart de son temps ? Cela paraît difficile, non ?

Un des avantages majeurs que constituera ce Conseil, c’est sa souplesse dans son fonctionnement. Il ne s’agit pas de « débaucher » les MRE de leurs pays de résidence, mais de les engager dans un rôle d’acteurs à distance. De facto, il n’y a pas de contraintes comme l’obligation d’une présence physique permanente au Maroc. La philosophie de la structure institutionnelle sera la rencontre, l’échange, le transfert, le partage,…pas la gestion de dossiers. Les Marocains de l’étranger sont des acteurs de modernisation, riches d’une double culture, et c’est là-dessus que nous devons capitaliser.

Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur l’avenir de votre ministère, sur celui des fondations,…avec la création du Conseil. Pas vous ?

Le rôle premier d’un ministère, c’est l’élaboration d’une vision stratégique en adéquation avec la politique gouvernementale. Si un changement doit s’opérer, il s’effectuera au niveau organisationnel. Le Département MRE devrait se repositionner et assurer plus un rôle de coordinateur et de régulateur. Dans tous les cas de figures, toutes les initiatives doivent obéir à la vision globale et au projet de société du Maroc.

Après moults rebondissements et tergiversations, le droit de vote des MRE est effectif. Néanmoins, ils sont nombreux à dénoncer l’obligation de voter au Maroc, et non de pouvoir s’exprimer dans des bureaux de vote installés dans les consulats. Qu’en pensez-vous ?

Le processus de construction politique d’un Etat de droit ne peut se faire sans la participation de l’ensemble des citoyens. De fait, notre souci était de trouver la formule la plus efficiente afin de favoriser la participation massive des Marocains de l’étranger. Espérons que la mobilisation sera au rendez-vous car elle conditionnera, influera sur les choix politiques futurs.

Revenons aux élections législatives 2007. On entend ici et là que l’enjeu majeur est la mobilisation. Partagez-vous cet avis ?

La dynamique enclenchée depuis 1998 commence à s’ancrer, à savoir l’édification d’un Etat démocratique et moderne. Ce processus est en cours de finalisation. Faut-il rappeler le travail de fond engagé par les différents gouvernements depuis 1998 à ce jour ? La visibilité, la notion d’objectif, de travail, d’engagement,…sont au goût du jour grâce à l’investissement des responsables politiques. L’heure a sonné pour que chaque Marocain se réapproprie son pays et joue un rôle dans l’espace collectif. Le Challenge de 2007, c’est que ce processus devienne irréversible.

Casablanca vient de vivre des scènes de violence horrible et sanglante. Selon vous, ces actes peuvent-ils menacer le processus d’ouverture du pays ?

Tout à fait. C’est pour cette raison que tous les citoyens doivent soutenir, défendre, le projet de société initié, tracé, par le Chef de l’Etat, ainsi que de soutenir le gouvernement qui a la charge, la responsabilité, de le concrétiser. Nul n’a le droit de se cantonner dans un rôle de spectateur. Nous devons, chacun à notre niveau, être vigilant car le processus engagé peut à tout moment être menacé, perturbé.

Plus on se rapproche de l’échéance législative, plus certains membres du gouvernement Jettou se montrent distants du bilan de la législature. Où vous situez-vous ?

J’assume et je soutiens l’action menée par la coalition gouvernementale. La croissance est au rendez-vous, de nombreux chantiers sont en cours et les perspectives sont encourageantes. Cependant, l’action politique n’est pas un long fleuve tranquille. Nous devons maintenir nos efforts afin de doter le pays d’infrastructures nécessaires à son développement, agir sur le gap entre le milieu urbain et le monde rural, poursuivre le combat pour plus d’égalité entre les hommes et les femmes,…Pour atteindre ces objectifs, il est primordial de mettre en place les mécanismes qui permettront une redistribution des richesses et de remettre la valeur du travail au cœur de toutes politiques publiques.

Faut-il lire une candidature de Nezha Chekrouni en septembre prochain ?

La décision appartient au parti. Si l’USFP me sollicite, je serai de la partie.

Qu’est-ce qui ne permet pas aux MRE de voter de l’étranger ?

Ce n’est pas un problème de volonté ! La problématique dominante résulte dans la logistique à déployer pour mettre en place des bureaux de vote dans chaque consulat à travers le monde. Compte tenu du mode de scrutin, de nombre de circonscriptions, de bulletins de vote, de l’origine géographique des votants,…il est rapidement apparu que ce projet devenait irréaliste. Ceci étant, cet état de fait renforce le rôle prochain du Conseil Supérieur.

La Nouvelle Tribune - Rachid Hallaouy

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Vote MRE - Nouzha Chekrouni - MRE

Ces articles devraient vous intéresser :

La force économique des MRE se reflète à la Bourse de Casablanca

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) et les investisseurs étrangers détiennent à, eux seuls, plus du quart de la capitalisation boursière de la Bourse des valeurs de Casablanca (BVC).

Échange de données fiscales sur les MRE : le projet de loi reporté

Le gouvernement d’Akhannouch est appelé à revoir deux projets de loi sur l’échange de renseignements fiscaux et de données des Marocains résidant à l’étranger (MRE) qui ont fait l’objet d’une polémique. L’année 2025 est la date du délai de leur...

MRE : Peut-on importer une voiture de location au Maroc ? 

La douane marocaine vient de publier une nouvelle version de son guide dédié aux Marocains résidant à l’étranger. Une section dédiée à l’importation par les MRE des voitures de location. Qu’en est-il ?

Retour définitif des MRE au Maroc : ce que dit la douane

Selon les dernières régulations édictées par la douane marocaine, les Marocains résidant à l’étranger qui prévoient de rentrer définitivement au Maroc doivent se conformer à certaines règles concernant l’importation de biens.

Opération « Marhaba 2023 » : 538 traversées maritimes hebdomadaires prévues

Le Maroc se prépare déjà pour l’opération « Marhaba 2023 » qui vise à accueillir les membres de la communauté marocaine vivant à l’étranger. Mohamed Abdeljalil, ministre du Transport et de la logistique, a annoncé cette nouvelle devant la Commission...

L’économie marocaine dopée par les MRE

Le dernier rapport de la Banque mondiale sur les migrations et le développement indique que 20 % des transferts d’argent de la région MENA proviennent des Marocains résidant à l’étranger (MRE).

Un milliardaire marocain a de grandes ambitions en Afrique

Le milliardaire américain d’origine marocaine Marc Lasry, président directeur général d’Avenue Capital Group, investit depuis une dizaine d’années dans le domaine du sport. Après avoir été copropriétaire de l’équipe de basketball des Milwaukee Bucks de...

Maroc : un afflux de touristes et de MRE sans précédent

Quelque 1,3 million de touristes ont visité le Maroc en avril 2024, ce qui représente une hausse record de 17 % par rapport à la même période de 2023.

Retraités MRE : les conditions d’octroi de l’abattement de 90% (douane)

Depuis plusieurs années maintenant, la douane marocaine a mis en place un abattement de 90 % pour les MRE retraités souhaitant dédouaner leur véhicule au Maroc. Pour ce faire, plusieurs conditions sont requises comme expliqué dans le dernier guide...

Eurovision : triomphe de Loreen, doigt d’honneur pour la Zarra (photo)

La Suédoise Loreen a triomphé au Concours de l’Eurovision de la Chanson avec sa mélodie intitulée “Tattoo”, inscrivant ainsi une nouvelle page dans les annales du concours. La chanteuse d’origine marocaine a remporté la compétition pour la deuxième...