En France, les musulmans sont de plus en plus isolés et stigmatisés. Les violences islamophobes se multiplient, au point de devenir banales. Les discriminations s’observent au quotidien et touchent même les écoles. Récemment, le lycée privé Al-Kindi s’est vu retirer les subventions de l’État. « On est en train de nous exclure de la société, de faire de nous des parias », fustige Kamel Kabtane qui s’inquiète de l’avenir des musulmans de France.
« Aujourd’hui, on est surveillés comme le lait sur le feu. Je n’ai jamais connu une France aussi divisée, avec un aussi grand mal-être », se désole-t-il, déplorant que dans la France d’aujourd’hui, « les musulmans sont vus comme des terroristes, des salafistes, des islamistes… Je ne sais pas quels mots on peut encore inventer ». « Je suis dégoûté. Je me demande : qu’est-ce que je peux faire de plus ? », a-t-il déclaré dans un entretien accordé à Mediapart, publié dimanche.
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Le recteur de la Grande mosquée de Lyon et président du Conseil des mosquées du Rhône dit regretter que sa voix ne porte plus, reconnaissant que « les choses ont changé » avec les attentats de Charlie Hebdo et les assassinats perpétrés par Mohammed Merah. Mais ces actes ne justifient pas cette tendance à « mettre la communauté musulmane, dans sa globalité, au ban de la société », dénonce Kamel Kabtane qui fustige une stigmatisation générale des musulmans de France.
Le recteur de la Grande mosquée de Lyon condamne également les discours haineux de la part des autorités françaises au plus haut niveau, citant à titre d’exemple le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui a récemment affirmé que le foulard serait « l’étendard de l’islamisme », et traité les musulmans de « Français de papiers ». Aussi, la montée en puissance du Rassemblement national (RN) contribue-t-elle à rendre plus délétère la situation des musulmans en France, indique-t-il, invitant les autorités françaises à « faire confiance » aux musulmans.