Selon ces données, les MRE injecteraient au moins dix milliards de dirhams dans divers secteurs et pas seulement l’immobilier, qui reste le principal pôle d’attraction. Il n’est pas sûr que tout soit mis en œuvre pour fidéliser cette clientèle car les tracas administratifs, tout comme le déficit d’information, se poursuivent.
Les nouvelles générations s’impliquent beaucoup plus dans l’acte d’entreprendre dans les services, le conseil et l’industrie. Outre la capitalisation sur l’expérience acquise dans le pays d’émigration, ce changement serait dû, selon l’enquête de la Fondation Hassan II, à une évolution du profil de ces populations.
Les jeunes lauréats de grandes écoles ou les ingénieurs formés à l’étranger sont plus enclins à se lancer dans la création d’entreprises plutôt que d’investir dans des activités « rentières ».
La moitié des flux touristiques
La diaspora marocaine est une véritable puissance économique. A l’heure où les performances de l’export sont en berne et face à l’embrasement des cours de pétrole, le Maroc doit l’équilibre de sa balance des opérations courantes à l’envoi des fonds de ses citoyens installés à l’étranger.
L’an dernier, ces transferts étaient évalués à 37 milliards de dirhams. Sans cet appoint, le pouvoir d’achat extérieur du pays serait sérieusement menacé avec dans le sillage de gros dégâts sur le dirham.
Régulièrement, le ministre des Finances se flatte de cette manne qui lui permet au passage de s’autoriser quelque souplesse au niveau budgétaire.
Dans le secteur bancaire, les MRE constituent une cible stratégique de par leur poids dans les ressources du secteur. En valeur, les comptes-chèques détenus par les Marocains résidant à l’étranger représentent 34% des dépôts bancaires à vue, soit 44,6 milliards de dirhams. C’est l’équivalent de 10% du produit intérieur brut du Maroc. On comprend donc la propension des banquiers à se battre pour attirer cette clientèle.
Par ailleurs, l’épargne des émigrés marocains contribue à hauteur de près de 40% (38, 94 exactement) dans le total des dépôts à terme que gère le système bancaire.
Enfin, dans le tourisme, et même s’ils n’empruntent pas les canaux commerciaux classiques (selon l’argument des hôteliers qui minimisent leur impact), les MRE constituent 50% des flux touristiques internationaux vers le Maroc. Qu’ils n’aillent pas tous dans les hôtels classés, c’est une évidence. Mais ils consomment dans les restaurants, achètent des biens dans le commerce, de la viande chez le boucher et font réparer leurs voitures chez le mécanicien... Par ailleurs, les compagnies aériennes, les transporteurs maritimes, les loueurs de voitures, eux, savent que c’est une clientèle stable et solvable.
Abashi SHAMAMBA - L’Economiste